Depuis l’instauration des caisses automatiques dans les supermarchés, les innovations se bousculent dans la manière de faire nos courses. Un sondage OpinionWay a montré que 40 % des Français trouvent le temps d'attente en caisse « trop long » dans les supermarchés, et 24 % vont jusqu'à renoncer à acheter pour cette raison. Qu’ils se rassurent avec Amazon, il ne sera bientôt plus nécessaire de passer par la caisse.
Avec l’ouverture d’Amazon Go l’an dernier, le géant du net entend bien révolutionner les courses alimentaires comme il a révolutionné le marché du livre à ses débuts, puis l'ensemble du commerce en ligne comme il l’a fait par la suite. De plus, c’est un nouveau pas pour la société : la création de boutiques physiques, estompant un peu plus la frontière entre cybercommerce et commerce traditionnel.
Du côté de la France, les commerces traditionnels misent sur le smartphygital, un concept permettant d'introduire dans les boutiques nombre d'activités numériques venues du cybercommerce. Carrefour teste auprès de ses employés du siège de Massy (Essonne) sa première supérette automatisée, sans caisses ni caissiers, qui fonctionne grâce à des caméras équipées d'un système de reconnaissance faciale mis au point par le géant chinois Tencent. La société teste aussi à Bruxelles une supérette entièrement automatisée. Seuls des écrans présentant les produits sont accessibles. Les produits sont ensuite préparés automatiquement par un robot.
Le groupe Neovendis souhaite développer son concept Ximiti : un distributeur automatique de grande taille, accessibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, qui propose 800 références. Une borne permet aux clients de passer commande et de régler leurs achats, à moins qu'ils aient fait ces opérations auparavant depuis leur smartphone.
Une étude Jupiner Research publiée l'an passé estimait que le marché des solutions de paiement sans caisse devrait passer de 253 millions de dollars en 2018 à 45 milliards en 2023.
Pour ne plus attendre un colis, plusieurs distributeurs souhaitent développer la livraison par drone ou robot, comme Amazon, Google mais aussi Fedex, Uber ou CNN. En Amérique, une loi doit être passée pour l’autorisation de « vols de routine » à très basse altitude pour que le premier système puisse être mis en pratique.
Pour ce qui est des robots, Amazon a conçu Scout qui est actuellement en test à Seattle sur les trottoirs de la ville. Il va à la vitesse d’un homme se déplaçant à pied, et est capable d’éviter les obstacles.
Le « smart phygital »
La part des ventes du commerce en ligne sur l'ensemble du commerce de détail reste faible (9,7 %) et n'a progressé que de 1 point entre 2017 et 2018 », explique Sébastien Verger, CTO chez Dell Technologies. « Si 33 % des consommateurs français débutent leur recherche sur Internet, ils sont 79 % à finaliser leur acte d'achat en boutique », rajoute une étude d'Ucopia, leader mondial de la gestion d'accès, de la monétisation et du marketing Wi-Fi.
Les beaux jours du magasinage physique ne sont donc pas tout à fait révolus. Le « smart Phygital », phygital étant la contraction de physique, digital et smart pour intelligent, représente l'effacement des frontières entre les canaux d'achats physiques et en ligne. Cette vision se base sur trois axes : la personnalisation, la stratégie omnicanal et l'innovation digitale.
Les clients attendent des services de haute qualité, tels que de meilleures informations sur les produits, aussi utiles que dans les boutiques en ligne, tout comme avoir le wifi gratuit, des systèmes de divertissement et d'information en magasin, des promotions de prix plus fréquentes et l'utilisation de caisses enregistreuses mobiles.
Les alliances entre grande distribution et géants du Web
Depuis peu, les grands noms de la distribution forgent des alliances avec les géants du Web : on notera notamment celles de Monoprix et Amazon, Auchan et Alibaba, ainsi que celle de Carrefour et Google. Pour cette dernière, le partenariat stratégique s'articule autour de trois piliers : le déploiement de l'offre Carrefour sur une nouvelle interface du site de Google Shopping et sur l'Assistant Google en France, la création d'un Lab Carrefour-Google et l'accélération de la digitalisation du groupe Carrefour. « Les utilisateurs français pourront effectuer leurs courses – dont les achats alimentaires – que ce soit via l'enceinte connectée Google Home, ou via l'Assistant Google depuis leur téléphone portable, ou enfin sur le web via la nouvelle interface du site Google Shopping en France, et ainsi se faire livrer à domicile ou récupérer les marchandises en magasin », explique Carrefour.
Pour Monoprix et Amazon, l’accord se résume par la disponibilité de produits de l'enseigne française (Monoprix Gourmet ou Monoprix Bio) sur la plateforme du géant américain. Ils sont proposés aux clients Amazon Prime Now.
Source : ladepeche.fr