A Auray (Morbihan), les sœurs Julie et Johana Tanguy ont choisi de se spécialiser dans les fraises et les framboises lorsqu’elles ont repris l’entreprise familiale.
Dans les années 1920, l’arrière-grand-mère Philomène Tanguy commence par élever quelques vaches laitières à Saint-Goustan. Après un accident, son mari décide de quitter la Marine pour devenir agriculteur. Le couple se lance dans la culture des légumes sur deux sites du pays d'Auray, à Saint-Goustan et Pluneret (Morbihan). Puis c’est au tour des grands-parents de reprendre le flambeau dans les années 50. Ce n’est que dans les années 80 que l’élevage est abandonné pour se consacrer aux fruits et légumes ainsi qu’aux fleurs coupées.
« À 10 ans, on accompagnait nos parents sur les marchés et à 14 ans, nous étions investies dans l’exploitation », assure Johana. Après des études supérieures en rapport avec le monde de l’agriculture, les deux sœurs décident de reprendre les parts de leur père qui arrive à l’âge de la retraite.
Avec leur oncle, elles choisissent de se spécialiser dans les fraises et les framboises. « L’agriculture est un métier extrêmement prenant, nous avions envie d’une qualité de vie autre que celle de nos parents qui n’ont eu que Noël et le 1er de l’an comme congés durant toute leur vie professionnelle. Mais aussi, nous voulions d’un métier un peu moins physique et travailler des produits que nous aimons ». Cultiver les fruits rouges permet de concentrer le travail entre mars et mi-novembre, avec des semaines plus légères le reste du temps.
Elles produisent sept variétés différentes de fraises, dont la production s’étale du printemps à l’automne, deux de framboises, récoltées de la mi-mai au début novembre, et des tomates cerises, qui commencent à donner en mai. « Nous avions aussi envie de produire des fruits succulents. C’est la raison pour laquelle nous avons baptisé l’entreprise Les Délices de Saint-Goustan ».
L’exploitation n’a pas le label bio mais cela n’empêche pas les deux sœurs de cultiver leurs produits dans le respect de l’environnent. « Même si cette culture est délicate et les fruits très fragiles, nous avons toujours eu à cœur de ne pas utiliser de produits chimiques. Lorsque des insectes menacent les cultures, nous introduisons simplement des ravageurs. Quant à la pollinisation, ce sont les bourdons qui s’en chargent grâce aux ruches qui se trouvent dans la serre ». En investissant 500 000 € en 2016 dans une serre en verre dernière génération et plus durable, les deux maraîchères ont assuré leur avenir et optimisé la production. Cette installation qui permet de cultiver dans des jardinières suspendues et d’économiser de l’eau offre un énorme potentiel. Elle régule la lumière, maintient une température constante de jour comme de nuit où il doit faire beaucoup plus frais pour que les fruits se développent de manière optimum et, grâce à une grande hauteur, permet une circulation d’air indispensable à la culture des fruits rouges. Tous les plants sont renouvelés chaque année pour éviter les maladies et la dégénérescence des fruits.
« Si nous n’avons pas voulu du label bio c’est aussi pour garder un prix accessible à tous quelle que soit la quantité que l’on nous achète », assurent les deux sœurs.
Le chiffre d’affaires est en augmentation et la production a doublé depuis 2012. Elles font jusqu’à seize marchés par semaine de Lorient à Vannes, en passant par Ploërmel, Malestroit, Sarzeau et bien entendu tout le pays d’Auray. Mais surtout, elles ont su fidéliser une clientèle haut de gamme et comptent parmi leurs clients une vingtaine de pâtissiers et autant de restaurateurs qui reconnaissent la qualité de leur production.
Parmi les projets à moyen terme, les Délices de Saint-Goustan souhaiteraient abandonner leurs barquettes en plastique recyclé pour se tourner vers un matériau plus écologique.
Source : letelegramme.fr