Depuis quelques années, le monde de la mode se met aussi à la production responsable. L’industrie du luxe et les enseignes de prêt-à-porter grand public tentent d’apporter une réponse, notamment en terme d’alternative au cuir animal.
H&M a dévoilé, jeudi 11 avril, ses nouvelles collections dans le cadre de la huitième édition de la Conscious Exclusive, une gamme de vêtements élaborée dans des matières durables. Outre l’usage d’un produit à partir de résidus de jus d’agrumes et des fibres textiles d’orties, le géant suédois a présenté pour la première fois une veste conçue avec du Piñatex, un cuir à base d’ananas.
Robuste, léger, ce fameux tissu, qui se plie sans se déchirer, rencontre un grand succès. Ce substitut de cuir créé à partir de fibres de feuilles d’ananas séduit des marques de tout horizon. Mode, ameublement et maroquinerie, elles étaient plus de 400 en septembre dernier à y avoir succombé, dont Lancel et Hugo Boss.
« C’est un marché en totale explosion. Sachant qu’il y a 13 millions de tonnes de déchets de feuilles dans la production d’ananas chaque année, si l’on valorisait l’ensemble, le Piñatex pourrait remplacer de moitié le marché du cuir mondial », indique Mélanie Broyé-Engelkes, présidente d’Ananas Anam, manufacture qui distribue le Piñatex.
C’est une conceptrice espagnole de produits en cuir qui a créé cette nouvelle tendance : Carmen Hijosa a développé ce textile tropical après avoir travaillé comme consultante aux Philippines. Là-bas, la chercheuse a découvert le barong tagalog, une tenue cérémonielle portée par les locaux et fabriquée à partir du tissu en question. Elle a fondé l’entreprise Ananas Anam en 2011.
Les fibres des feuilles d’ananas sont extraites, puis envoyées dans une usine de textile espagnole où elles subissent des traitements industriels et chimiques similaires à ceux employés dans la préparation du feutre. Elles sont compressées pour donner l’impression d’être tissées. 480 feuilles, soit 16 ananas sont nécessaires pour produire un mètre carré de Piñatex. Il est vendu à 45 euros, soit 20 % moins cher que le cuir, et se décline en quatre teintes: charbon, naturel (crème), brun et or métallisé.
En revanche, le Piñatex n’est pas totalement écologique. En effet, ce textile n’est pas encore biodégradable. De plus, la production d’ananas, qui sont souvent traités avec des pesticides, cause de nombreux dégâts au Costa Rica, par exemple.
Source : huffingtonpost.fr