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Denis Loeillet, responsable de l’Observatoire des marchés au CIRAD

L'avenir de la banane africaine face à la concurrence

D’ici 2020, l’Union européenne (UE) mettra fin à son mécanisme de stabilisation qui permettait de taxer les importations de bananes dites « bananes dollar » provenant de pays tiers non-Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) comme le Costa Rica, l’Equateur et la Colombie. La banane africaine devra ainsi faire face à la concurrence de ces pays.

Denis Loeillet, responsable de l’Observatoire des marchés au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), estime que c’est en misant sur la durabilité grâce à des pratiques agro-écologiques que les producteurs pourront être concurrentiels.

Depuis 2009, le mécanisme de stabilisation mis en place par l’UE, permettait de déclencher des droits de douane supplémentaires sur la banane dollar lorsque les origines dépassaient individuellement un seuil indicatif de volume. Mais le fait est que ce système de surveillance n’a jamais fonctionné : au moment où les niveaux ont été fixés, les seuils étaient déjà surévalués pour l’Equateur, le Costa Rica, la Colombie, etc, tout en laissant la banane dollar se développer de 4 à 5 % par an. Selon Loeillet, il s’agissait d’un geste politique créé pour calmer les producteurs de bananes ACP et pour calmer les acteurs européens lors du passage d’un système de restriction quantitative à une forme de gestion uniquement tarifaire.

Aujourd’hui, les revendications des organisations des producteurs africains se résume essentiellement par la nécessité d’arrêter la baisse progressive des droits de douane à 75 euros la tonne, soit 1,4 euro/carton pour renforcer la compétitivité des zones non-ACP. « Les organisations demandent ensuite un vrai système de suivi du marché au quotidien pour pouvoir prendre des décisions de gestion de marché et non des décisions politiques », explique Denis Loeillet.

L’Appel d’Abidjan fait par les producteurs africains souligne l’importance de l’année 2020 dans la négociation entre l’UE, les pays du Pacte andin et le Marché commun du Sud (Mercosur). « On voit bien qu’il y a un effritement des parts de marché africaines et ACP alors même que la consommation européenne a augmenté de plus de 1,3 million de tonnes en 4 ans », ajoute-t-il. « D’après les données d'Eurostat, les pays ACP ont contribué en 2018, pour moins de 16 % des importations européennes contre 17,2 % en 2009. Sur la même période, la banane dollar a vu ses parts de marché grimper de 69,6 % en 2009 à 75 % en 2018. Donc, le problème de perte de compétitivité et d’offre des pays ACP existe bel et bien, et depuis longtemps ».

Si la production africaine ne peut pas concurrencer les bananes dollar sur le coût de production, Loeillet estime qu’il faut penser à faire une compétitivité hors prix : « on peut utiliser, soit les signes distinctifs comme l’origine, soit s’intéresser à une voie différente qui est celle de s’insérer dans des politiques agro-écologiques qui mènent vers les certifications Fairtrade. Au CIRAD, on pense que l’Afrique est déjà sur le chemin. Il y a déjà des approches qui sont mises en œuvre sur le terrain ». L’utilisation de plantes de couverture pour éviter les herbicides, le traitement juste et à temps au lieu du traitement systématique, l’utilisation de matériel végétal sain sur sol sain, l’utilisation raisonnée des pesticides, pourraient ajouter une plus-value à la banane africaine.

Il faut ensuite valoriser le produit obtenu auprès des distributeurs et des consommateurs européens en travaillant non seulement sur les systèmes ou les signes de qualité ou d’origine et aussi arriver à valoriser le produit auprès des distributeurs qui attachent de l’importance à la banane issue de systèmes de culture respectueux du social et de l’environnement.

Pour Loeillet, une origine africaine serait contre-productive. « Il y a en effet des marchés dans la zone européenne qui ne veulent que de la banane dollar et pas de la banane africaine […] j’opterais plutôt pour une valeur d’usage qui amène de la vraie valeur intrinsèque au produit. »

Joseph Owona Kono, président de l’Association panafricaine de producteurs et d’exportateurs de fruits africains (Afruibana) et Jean-Marie Kakou Gervais, vice-président de l’Association pensent que l’échéance de 2020 est une opportunité pour le développement des expéditions de bananes vers le marché régional et l’Afrique du Nord. « On estime à plusieurs millions de tonnes par exemple, la demande manquante au Nigeria. Quand on sait que la population du Nigeria va atteindre, d’ici les prochaines décennies, 500 millions de personnes, il y a forcément des opportunités ».

Dans les prochains mois, la situation des prix devrait être plutôt favorable, en augmentation par rapport à 2018. Cela est causé par El Niño qui a réduit un peu le potentiel d’exportation de la zone dollar et aussi à une demande très dynamique de la zone asiatique. De plus, la concurrence des autres fruits en Europe est relativement faible. « Il y a beaucoup de problèmes avec les agrumes et pas forcément une grande quantité de pommes sur le marché. Donc cela fait qu’on a une petite amélioration en 2019 », conclut Denis Loeillet.

 


Source : agenceecofin.com

Photo de la première page: © Dreamstime

Date de publication: