L’Union Européenne a choisi de ne pas renouveler l’utilisation du chlorprophame (CIPC) pour le contrôle de la germination des pommes de terre suite aux conclusions du rapport de l’Efsa (agence européenne de sécurité sanitaire). Celle-ci avait affirmé qu’il y avait des risques sanitaires chroniques et aigus pour le consommateur vis-à-vis de cette molécule mais surtout vis-à-vis d’un de ses principaux métabolites de dégradation, la 3-chloroaniline. La décision est parue au Journal Officiel de l'Union européenne le 18 juin 2019 et suivra le calendrier suivant :
- 8 janvier 2020 : Retrait des AMM des spécialités commerciales,
- 8 avril 2020 : Fin du délai de grâce de 3 mois pour la vente et la distribution des produits formulés contenant du CIPC,
- 8 août 2020 : Fin du délai de grâce de 7 mois pour l’utilisation et le stockage des produits
La filière française a tenté de peser sur la décision en publiant un rapport sur l’usage du chlorprophame et en demandant un délai de grâce à l’utilisation, l’idée étant de pouvoir terminer complètement la campagne de stockage/commercialisation 2019/2020. Elle s’est aussi investit dans la fixation d’une limite maximale de résidus temporaire (LMR-t) réaliste une fois que sera devenue effective l’interdiction d’utiliser le CIPC.
Aujourd’hui, il n’y a aucune restriction à l’utilisation du CIPC au cours de la campagne 2019-2020. Par la suite, l’application du CIPC sur les tubercules de pommes de terre, quel que soit le mode d’application, entraînera le dépassement du niveau fixé pour la LMR-t, rendant ainsi impropre à la commercialisation (animale et humaine) toutes les pommes de terre stockées. Plusieurs acheteurs ont déjà annoncé qu’ils renforceraient leurs analyses et leurs plans de surveillance sur cette molécule.
Les infrastructures des bâtiments traités sont plus ou moins polluées avec le CIPC du fait de sa dispersion dans le bâtiment de stockage par la thermonébulisation mais aussi par la poussière chargée avec la molécule. Sans nettoyage, la molécule pourrait s’y maintenir pendant plusieurs années. Arvalis et l’UE travaillent à édicter des règles de nettoyage à l’efficacité avérée et reconnues comme telles par les services officiels en vue de la fixation d’une LMR-t. De manière à être complet, le nettoyage doit être réalisé sur toutes les surfaces présentes dans le bâtiment, y compris couloir technique, batterie froide, plafond, gaines de ventilation. Quatre solutions alternatives sont déjà homologuées en France : l’hydrazide maléique, l’huile de menthe, l’éthylène et le 1,4 diméthylnaphtalène, par ordre chronologique d’homologation.
Des aides à l’adaptation des bâtiments existent dans le cadre des aides FEADER. Le plus souvent, il s’agit d’un appui financier.
Source : terre-net.fr