Astrid Etèvenaux, AOP Asperges de France :

« Toute la filière s’est mobilisée pour rééquilibrer le marché de l’asperge »

Cette année, l’asperge fut encore plus précoce que l’année précédente. Les producteurs dans les Landes ont commencé la récolte début février. C'est au moment où ils arrivèrent à leur pic de production que les premières mesures de confinement furent prises. « La fermeture des restaurants et des collectivités a fortement réduit la demande, » rapporte Astrid Etèvenaux de l’AOP Asperges de France. Dans les supermarchés, il n’y avait quasiment pas de demande pour l’asperge non plus. « Au début du confinement, les Français n’achetaient pas de produits frais tels que l’asperge. Ils étaient plutôt tournés vers des produits de conservation, comme la pomme de terre et la carotte. »

Crise conjoncturelle
L’absence de la demande posa de grandes difficultés pour les producteurs. « Ils ont été contraints de limiter la production au maximum, soit en ne récoltant pas les asperges, soit en les broyant (pour les asperges vertes) ou en les débuttant (pour les asperges blanches) pour attendre la seconde pousse qui arrive 15 jours à 3 semaines après. Toutefois les volumes continuaient de s’accumuler. Après plusieurs jours où les prix au stade expédition ont chuté de 20 à 40 %, le vendredi 20 mars l’asperge a été déclarée en situation de crise conjoncturelle. »

Le rôle des GMS
A cours de la première semaine de confinement, Asperges de France a appelé les GMS à la solidarité. « Suite à cela, quasiment toutes les enseignes ont mis en place des actions pour soutenir la filière dès la semaine suivante. Elles ont promu la consommation d'asperges et ont privilégié le produit national en limitant les importations. Entre-temps, la déclaration en crise conjoncturelle les ont conduites à écouler les volumes et à réduire leurs marges. Suite aux actions des différentes enseignes, la demande a progressé très fortement dès jeudi dernier. La filière asperge fut alors beaucoup sollicitée pour faire rentrer les volumes. Cela crée des défis, étant donné que nous avions justement demandé aux producteurs de limiter leur production au maximum. Après un weekend de ventes très dynamique, les stocks ont été fortement réduits et on peine même aujourd’hui à satisfaire cette nouvelle demande. »

Étant donné que l’objectif fut principalement d'écouler les volumes, les prix étaient très bas, ce qui est normal pour un produit en crise conjoncturelle. « Maintenant que l’offre est en passe de se rééquilibrer par rapport à la demande et avec les températures basses des derniers jours qui ont retardé la pousse, le marché devrait se stabiliser à la veille de Pâques. Sans vouloir aboutir à des extrêmes, nous souhaitons juste que les prix se rééquilibrent. L’asperge est un produit fragile qui est récolté à la main, il faut qu’il soit valorisé. »

Reste à savoir si le consommateur final est prêt à payer un prix plus élevé. « Il est vrai que pendant ce confinement le consommateur fait très attention aux prix. Mais là la situation perdure, et l’alimentation est un des seuls plaisirs dans cette période de confinement. Je pense que les gens ont aussi envie de se faire un peu plaisir, comme on a pu l’observer en Italie. Par ailleurs, le prix de l’asperge n’a jamais été aussi bas que ces derniers jours. Peut-être que cela a aussi fidélisé de nouveaux consommateurs, qui n’ont pas forcément l’habitude d’acheter des asperges parce que c'est un produit habituellement trop onéreux. Cependant le comportement du consommateur est très difficile à prévoir dans cette situation atypique. Il y a plusieurs scénarios. »

Astrid souligne que le moral dans la filière asperge est déjà bien meilleur. « Il y a une semaine, les producteurs s’organisaient pour sacrifier à contre cœur une partie de leur récolte, certains situés dans les bassins plus tardifs, comme le Sud-Est et le Val de Loire, retardaient au maximum la pousse des asperges et malheureusement d’autres avaient même décidé de ne pas faire de saison. Finalement il s’avère que la situation s’est totalement retournée. Nous remercions les GMS, parce que sans elles cela n’aurait pas été possible. C’est beau de voir que toute la filière s’est mobilisée. Il convient toutefois de rester vigilant car nous ne sommes qu’au début de la saison, il reste encore beaucoup à faire et les pertes ne sont malheureusement pas récupérables. »

Main d’œuvre
En ce qui concerne la main-d’œuvre, ce n’est que maintenant que la filière asperge va devoir faire face à quelques soucis. « Au début il y avait presque plus de main-d’œuvre que nécessaire, parce que les producteurs ont beaucoup limité la production. Du coup, certains producteurs dans les Landes ont dû se séparer d’une partie de leur personnel. Aujourd’hui, ils en ont de nouveau besoin. Dans d’autres bassins où les volumes sont encore plus petits, il n’y a pas encore de difficulté spécifique. La difficulté majeure réside dans les stations de conditionnement dont la capacité d’exploitation est réduite de moitié pour certains en raison du respect des gestes barrières. »

Pour plus d’informations :
Astrid Etèvenaux
AOP nationale Asperges de France
astrid.etevenaux@carottes-de-france.fr 
www.asperges-de-france.fr  


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