Plus de 67 000 travailleurs quittent chaque année leur pays pour venir ramasser fraises, concombres, melons ou cerises sur le territoire français. Il y a quelques jours, 170 cas de Covid-19 ont été diagnostiqués chez des ouvriers étrangers dans les bourgades de Maillane et Noves, en Provence.
Parmi les 1 426 testés dans les Bouches-du-Rhône, 114 ouvriers sont contaminés. 39 sur les 756 examinés dans le Vaucluse et 17 sur les 310 contrôlés dans le Gard. Beaucoup ont été embauchés via des agences de travail temporaire espagnoles comme Terra Fecundis. « C'était la panique à bord ! », confie un syndicaliste.
Même si les travailleurs saisonniers étrangers ne sont autorisés que depuis peu en France à cause du confinement, beaucoup sont arrivés durant celui-ci en évitant les contrôles : « C'est un secret de polichinelle, tout le monde sait ici que des saisonniers ont déjoué les contrôles aux frontières passant par des routes moins fréquentées », indique à l'AFP sous couvert d'anonymat une source proche du dossier.
Déjà dans le collimateur de la justice pour des fraudes sociales, les agences de travail temporaire auraient dissuadé leur main-d’œuvre de se faire dépister quand les premiers cas de Covid-19 sont apparus. « Il semble avéré que certains travailleurs (…) ont été cachés et parfois transférés d'exploitation en exploitation, pour brouiller les pistes sur leur date d’arrivée », confie Jean-Yves Constantin, premier vice-président de la Mutualité sociale agricole (MSA), la Sécurité sociale des agriculteurs.
Apparemment, certains travailleurs ont eu peur de ne plus être payés, s'ils étaient dépistés positifs. « Or, ils sont là pour gagner le maximum d'argent, qu'ils envoient en partie à leur famille. Ils ont été victimes de chantage à l’emploi », explique un pompier participant au dépistage.
Afin de limiter la propagation du virus, la préfecture des Bouches-du-Rhône a mis en demeure une société agricole d'effectuer des travaux d'urgence de mise en conformité de locaux où étaient hébergés 80 saisonniers. « Ça a été la panique dans les exploitations, les agriculteurs avaient peur d'être contaminés comme les travailleurs, on ne savait pas quoi faire des malades », confie l'union locale CGT de Châteaurenard, en pointant des conditions d'hébergement souvent mauvaises.
Le préfet et le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) ont tenu à rappeler « fermement la responsabilité des employeurs et des exploitants dans le respect effectif de la mise à l'isolement des personnes » testées positives. De même, ils ont souligné « la nécessité d’assurer à leurs salariés les besoins de première nécessité ».
Source : bfmtv.com