Depuis 2009, Arvalis, l’institut technique en charge de la recherche sur l’agriculture, travaille à un système céréalier bio autonome en azote sur sa station de Boigneville, dans l’Essonne.
L’institut vient de publier les premiers résultats de l’expérience, avec la luzerne comme moteur de ce système. Le dispositif est en rotation longue avec de nombreuses légumineuses comme sources d’azote du système, associées à des cultures plus rémunératrices, à destination de l’alimentation humaine. Toutes sont cohérentes avec celles pratiquées dans la région Ile-de-France, afin de répondre aux différentes questions concernant la fertilité des sols, la gestion de l’enherbement, la biodiversité, la consommation d’énergie, ou encore la lixiviation des nitrates.
De nombreux indicateurs sont suivis : itinéraires techniques, notations adventices, reliquats azotés, analyses de sol complètes, rendements, qualité des grains, etc. Les variétés de blé sont quant à elles choisies en fonction de leur position dans la rotation. L’objectif est d’obtenir un blé panifiable, le différentiel de prix avec un débouché fourrager étant marqué (entre 70 et 90 €/t sur 10 ans). Les variétés « derrières luzerne » sont des produits alliant productivité/protéines alors que les variétés les plus « éloignées » de la luzerne sont choisies pour leur capacité à faire des protéines. Même sans apport exogène d’azote, ce système a porté la teneur à 10,5 % requis en protéines. Liés à l’azote disponible dans le sol en sortie d’hiver, les rendements de blé tendre ont de forts reliquats, synonymes de bons rendements.
En revanche, certains problèmes de développement de la luzerne sont apparus suite à une carence en soufre. Celle-ci est liée aux retombées atmosphériques en diminution constante (60 kg SO3/ha en 1980, 24 kg/ha en 1990, 3,3 kg/ha émis en 2014). Le problème est traité par des apports annuels systématiques de kiésérite. En effet, si l’autonomie en azote est possible sans aucun apport de fertilisants extérieurs, il n’en est pas de même pour le soufre.
Concernant le potassium, si les teneurs du sol en P et K sont en diminution, alors sa teneur reste satisfaisante. Contrairement au phosphore, qui lui présente dans cette situation des niveaux plus inquiétants. Une étude menée au cours de l’automne 2019 devrait approfondir ses points à l’avenir.
Arvalis montre donc que la gestion des adventices et le binage à faibles écartements donne des résultats positifs.
Source : terre-net.fr