Malgré les voix s’élevant contre le projet de loi pour la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes afin de sauver la culture de la betterave, les députés ont voté en faveur du texte dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 octobre.
C’est avec une grande majorité (313 voix pour, 158 voix contre) que la loi a été adoptée. La réautorisation sera effective « pour la campagne 2021 et le cas échéant les deux campagnes suivantes tout au plus ». Elle se fera par enrobage de semence et non par pulvérisation ; c’est-à-dire que les graines de betteraves destinées aux semis sont enrobées de néonicotinoïdes pour les protéger des attaques. Plusieurs autres pays européens jouissent déjà d’une dérogation similaire « en raison d’un danger qui ne peut être maîtrisé par d’autres moyens raisonnables ».
Les militants du « non » ont fait connaître leur désapprobation, comme la députée LREM de Morlaix (Finistère), Sandrine Le Feur, qui est aussi agricultrice à Pleyber-Christ, en Bretagne. « Chaque année, les agriculteurs subissent des pertes sur le territoire pour diverses raisons. On prend des risques et on sait dans quoi on s’engage. On sait qu’il y a des risques sanitaires et climatiques selon les productions qu’on met en place », a-t-elle déclaré lors de son intervention dans l’hémicycle. « Doit-on réautoriser le chlorprophame sur les pommes de terre ? La myocarde contre le taupin ? Un retour du DTT contre le doryphore ? ». Elle affirme qu’elle aurait préféré « qu’on accompagne la résilience des modèles économiques et écologiques des exploitations » que de réintroduire les néonicotinoïdes.
Ce soir à l'@AssembleeNat nous examinons le PJL en soutien à la filière #Betteraves permettant de réintroduire des #néonicotinoides.
— Sandrine Le Feur (@SandrineLeFeur) October 5, 2020
En tant que députée et agricultrice, je ne voterai pas pour cette dérogation. Voici mon intervention : pic.twitter.com/F2QjdLLJxC
Même son de cloche du côté de Thierry Benoît (UDI et indépendants) : « Faut-il rappeler que les néonicotinoïdes sont 7 000 fois plus toxiques pour les abeilles que le DDT ? Faut-il rappeler les 30 % de mortalité d’abeilles en France chaque année ? Faut-il rappeler que la production française de miel a été divisée par deux en 25 ans ? Faut-il rappeler que 80 % des insectes volants ont diminué en 25 ans ? Faut-il rappeler que 30 % de la population d’oiseaux a baissé en 15 ans ? Il y a là un vrai sujet. »
La discrétion de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique à l’origine de la loi interdisant les néonicotinoïdes en 2016, a aussi été remarquée par les opposants aux néonicotinoïdes.
Source : reporterre.net