L’Agence BIO a publié les chiffres du secteur bio de l’année 2019 en notant l’engouement et le « soutien des consommateurs d’une part, de la mobilisation et de la structuration de tous les acteurs de la filière bio d’autre part ». Estimé à 11,9 milliards d’euros ; il a presque doublé en quatre ans (6,4 milliards d’euros en 2015).
Par ailleurs, les « surfaces bio » sont passées de 1,1 million d’hectares à 2,3 millions avec des investissements représentant « l’équivalent de la surface agricole d’un département français ». L’agence BIO présente ainsi le doublement du chiffre d’affaires avec un doublement des surfaces et des importations qui restent égales à elles-mêmes, autour de 33 %.
Des résultats particulièrement satisfaisants que certains, comme Agriculture et Environnement, souhaitent modérer. Pour eux, l’engouement de l’Agence BIO masquerait les problèmes liés aux volumes produits en France. En effet, aucune donnée n’est rendue publique sur ce point et le chiffre de la part globale de la SAU dédiée au bio (de 8,5 %) n’est pas un indicateur fiable en ce qui concerne la production de biens comestibles. Si on venait à soustraire les surfaces fourragères consacrées à nourrir le bétail (1,1 million d’ha sur 1,7 million), on réaliserait que l’agriculture bio reste un secteur marginal.
Sur les 14 millions d’hectares consacrés à la culture conventionnelle de céréales, de fruits et de légumes, de vigne et de plantes aromatiques, seuls 560 000 ha sont certifiés bio, soit moins de 4 % du total. Par ailleurs, lorsque l’Agence BIO annonce que plus de 25 % des vergers sont cultivés en bio, le chiffre est bien réel mais il faut le relativiser, étant donné que les surfaces en bio concernent des fruits peu consommés comme les noix, les châtaignes et les olives. La part des surfaces bio pour les dix fruits les plus consommés en France représente 9 % de la part du conventionnel.
Le site spécialisé s’interroge aussi sur l’augmentation du chiffre d’affaires du marché du bio. Avec une présence plus grande des intermédiaires, tels que la grande distribution généraliste, sur les 11,9 milliards d’euros, la grande distribution pèse plus de la moitié, soit 6,2 milliards d’euros. Celle-ci ne privilégie pas forcément les origines françaises. S’ensuivent les 3,2 milliards des enseignes spécialisées en bio. Quant à la vente directe, elle peine à augmenter avec 600 millions d’euros. Les 178 euros par jour et par habitant consacrés au bio ne vont donc pas vraiment dans la poche des agriculteurs français.
Enfin, en ce qui concerne les importations, Agriculture et Environnement précise que les produits les plus plébiscités sont souvent importés : en valeur, la France importerait pour 4 milliards d’euros de produits issus de l’agriculture biologique, soit un montant similaire au total des exportations françaises de céréales.
Source : agriculture-environnement.fr