« Le bananier, c’est ma thérapie », s’exclame Shirley Billot, créatrice de Kadalys. La marque de cosmétiques bio a été lancée en 2012 par cette fille de militaire venue du Jura et par une militante associative martiniquaise.
Après un master en business intelligence et un autre en management obtenus en métropole, c’est en Martinique qu’elle décide de faire du jardin antillais « un business éthique, inclusif, écoresponsable et cosmopolite ».
« Très tôt, j’ai été initiée à la pharmacopée traditionnelle par ma mère. Chez nous, le Doliprane, on le cueille dans le jardin ! Les plantes font partie de notre univers. Comment faire autrement avec une biodiversité aussi riche ? », confie l’entrepreneuse.
C’est en s’intéressant plus précisément à la banane qu’elle développe sa collection de produits cosmétiques, pour « prendre soin des peaux avec des bananes moches ».
La banane est un pilier de la vie antillaise : « sa culture a été imposée par ordonnance royale en 1 736 aux détenteurs d’esclaves. Ils devaient planter vingt-cinq bananiers par esclave et ces derniers pouvaient ensuite les cultiver. Symbole de liberté, de générosité, d’abondance, on l’appelle la plante aux mille usages. Dans la culture hindoue, elle incarne la beauté, la féminité… D’ailleurs, kadali (qui a donné Kadalys), ça veut dire bananier en sanskrit ».
Le secteur de la banane est le premier employeur de la région. Pour elle, « investir dans la chimie verte, c’est une façon de valoriser la richesse des îles, le travail des planteurs et participer à l’économie circulaire : nous nous engageons à utiliser les déchets de la filière agroalimentaire de la banane ».
Shirley utilise les bananes dites « célibataires », c’est-à-dire celles qui sont refusées par les supermarchés à cause de leur aspect. Il y en a 40 000 sur les 270 000 tonnes de ce fruit produites pour l’exportation. Elle extrait leurs bioactifs huileux pour créer des produits aux vertus cicatrisantes, anti-âge, tous brevetés et certifiés par le label Cosmébio.
Kadalys est soutenue par la Collectivité territoriale de la Martinique, le Cirad et reconnue par des marques comme L’Oréal. Si le Japon, les États-Unis, ou encore la Chine ont été les premiers à s’intéresser aux produits de Shirley, la France devrait corriger son retard en les proposant prochainement à la vente.
Source : ouest-france.fr