Pour aider la DGCCRF, l'Association Nationale Pommes Poires (ANPP), avec l'aide du laboratoire Eurofins met en place une expérimentation pour pouvoir détecter les produits francisés.
Elaboration d'une base de données
« L’origine des fruits et légumes est, juste après le prix, le critère d’achat le plus important pour les consommateurs. Demandeurs de produits locaux, ils consentent à payer plus cher pour acheter un produit « Origine France ».
Certes, les services de la DGCCRF sont attentifs et réalisent de nombreux contrôles, mais ces enquêtes sont longues et complexes, et les moyens de ciblage restent limités. Au cours de ces dernières années, plusieurs enquêtes ont abouti, néanmoins les succès sont trop peu nombreux pour parvenir à dissuader les fraudeurs bien organisés qui s’appliquent à construire une fausse traçabilité.
Pour certaines productions, comme celle de la poire Conférence, les producteurs français n’arrivent pas à valoriser le fruit à sa juste valeur. Ils font face à la concurrence déloyale de poires belges ou hollandaises francisées. Ce phénomène s’est largement amplifié depuis l’embargo russe, qui prive le Benelux de son premier marché à l’export. Ce type de francisation implique une entente tripartite, avec au moins une entreprise de chaque côté de la frontière. Ainsi, les francisations demeurent impossibles à prouver, en raison d’une trop rare collaboration des services des fraudes des autres États membres », explique Josselin Saint-Raymond, directeur de l'ANPP
Une expérimentation sur trois ans
Sur une durée de 3 ans et en collaboration avec le laboratoire Eurofins, l'ANPP souhaite développer une base de données pour permettre de caractériser l'origine de production des pommes et poires françaises, via une combinaison entre la résonance magnétique et nucléaire et l'analyse des fruits.
« Nous échantillonnons plusieurs variétés dans tous les terroirs de production français. Et nous testons des fruits présentant d’autres origines européennes pour mesurer notre capacité de discrimination des terroirs de production. Nous ambitionnons ainsi de constituer, au fil des années, une base de données ouverte à tous les opérateurs économiques, de la production à la distribution. Cette liberté d’accès constitue une véritable innovation, qui doit permettre aux acteurs économiques de la filière de lever ou de confirmer un doute sur l’origine d’un lot à l’aide d’une simple analyse d’à peine quelques centaines d’euros. Et cette facilité doit servir d’arme de dissuasion face aux fraudeurs. »
« L’équivalent de la DGCCRF en Autriche a déjà utilisé ces méthodes pour détecter des falsifications d’origine sur des pommes. La DGCCRF française offrira aussi une expertise solide en la matière sur les vins. Nous sommes confiants et nous investissons plus de 150 000 euros à cet effet. »
Source : agriculture-environnement.fr