« Nous serons très vigilants pour la prochaine saison qui commencera dès le mois d’août, tout comme les producteurs », indique Sandrine Gaborieau après la découverte vendredi dernier de pommes polonaises chez un grossiste fournissant cantines scolaires et EHPAD « Une pratique malheureusement répandue qui tue à petit feu la filière arboricole française », indique l’Association Nationale Pommes Poires (ANPP), saluant toutefois la réponse du grossiste « visité » qui a aussitôt passé commande de pommes auprès de producteurs français locaux. L’ANPP appelle tous les grossistes français à faire de même, plus particulièrement pour alimenter les circuits de la restauration hors-domicile, notamment les écoles, les hôpitaux, les EHPAD et la restauration commerciale.
Des pratiques commerciales « d’autant plus révoltantes qu’il reste des pommes françaises disponibles. Dans ce cas précis, nous sommes en pleine zone de production de l’AOP Pommes du Limousin et il reste encore une offre locale ».
C’est la raison pour laquelle la filière pomme demande que l’origine des produits soit mentionnée aussi dans la restauration. « Car elle est obligatoire pour la commercialisation en magasins mais pas en restauration collective », rappelle Sandrine Gaborieau.
Des producteurs de pommes du Limousin en visite chez un grossiste fournissant des cantines scolaires et des EHPAD de Corrèze, ont constaté la présence en grande quantité de pommes polonaises. Des « visites de contrôle » qui se font ponctuellement « dès qu’il y a suspicion ».
« Des distorsions de concurrence intenables »
Depuis plusieurs années la pomme polonaise se retrouve sur le marché français, avec des coûts de main-d’œuvre 3 fois moins chères, « impossible à suivre pour les arboriculteurs français », et des conditions de production plus favorables sur le plan phytosanitaires. « Des distorsions de concurrence flagrantes qui pénalisent et asphyxient la filière française », rappelle l’ANPP qui a plusieurs fois alerté à ce sujet et particulièrement en 2022. « L’année dernière, pendant le SIA, des producteurs ont visité des grossistes rungissois – qui approvisionnent des marchés de plein vent et des restaurateurs – et ont constaté qu’il y avait beaucoup de pommes polonaises ». Une situation qui concerne aussi la GMS, car si les enseignes de distribution françaises ont pour la plupart « tendance à jouer le jeu de l’origine France », certaines pommes polonaises se retrouvent malgré tout en rayon. « Il y a eu beaucoup de cas répertoriés pendant le SIA mais il s’agissait surtout de franchisés sur lesquels les enseignes n’avaient pas forcément la main. Sur cette fin de saison les cas restent rares mais on continue à en trouver », explique Sandrine.
Des pommes polonaises retrouvées hier chez un distributeur francilien (enseigne GMS)
Un souhait de conditions de production comparables et la mention de l’origine
L’ANPP souhaite une réaction forte des pouvoirs publics. « Il ne suffit pas d’affirmer sa « bonne volonté » pour respecter les engagements d’Egalim. Il est désormais urgent d’allier ambitions et moyens en dotant les acheteurs publics des budgets nécessaires pour s’approvisionner en origine France. Quant aux producteurs, ils demandent simplement qu’on les laisse produire dans des conditions comparables à celles de leurs concurrents et que les consommateurs soient informés de l’origine des fruits qu’ils consomment ! »
Pour plus d'informations :
Sandrine Gaborieau
Association Nationale Pommes Poires
www.lapomme.org
www.vergers-ecoresponsables.fr
