Le gouvernement britannique a publié en avril une version provisoire du Target Operating Model (TOM), qui devrait entrer en vigueur le 31 octobre. Il s'agit de la prochaine étape de la transition complète vers le modèle du Brexit. « Toutefois, concrètement, peu de choses changent pour le commerce des fruits et légumes », explique Ward Verberck, superviseur brexit chez VLAM pour les entreprises d'exportation belges.
« En fait, cela remonte à 2021 », poursuit Verberck. « Lorsque le Brexit a commencé, un accord a été conclu entre le Royaume-Uni et l'UE, qui a essentiellement fait du Royaume-Uni un pays tiers pour nous. Il y a un certain nombre d'obligations qui en découlent, dont la plus importante est la multiplication d'opérations administratives supplémentaires, avec notamment des documents douaniers. Et pour un certain nombre de produits, un certificat phytosanitaire additionnel. Par exemple, le secteur de l'horticulture ornementale a été confronté à ces réglementations dès le premier jour, ce qui prend beaucoup de temps et coûte de l'argent. »
Par ailleurs, explique Verberck, l'intention du gouvernement britannique était, en plusieurs étapes, d'introduire ces exigences phytosanitaires dans d'autres secteurs comme les fruits et légumes, mais aussi les produits laitiers et la viande. « Toutefois, personne ne semblait prêt, ce qui a entraîné plusieurs reports. L'avantage pour la plupart des entreprises est qu'elles ont pu continuer à travailler. D'autres obligations ont cependant été introduites, comme l'enregistrement à l'IPAFFS. »
Faible, moyen, élevé
En avril, la version préliminaire du TOM a été publiée et doit entrer en vigueur le 31 octobre. « Elle ne concerne pas seulement le commerce, mais également la migration de la main-d'œuvre, le GDPR, les brevets, etc. Nous nous concentrons évidemment sur les aliments frais et, concrètement, cela signifie qu'ils ont classé les produits en trois catégories de produits à risque : faible, moyen et élevé. Cependant, les fruits et légumes sont classés dans la catégorie basse, ce qui ne nécessite toujours pas de certificat phytosanitaire. »
« Toutefois, à partir du 31 janvier, les marchandises devront passer par un poste de contrôle frontalier (PCF) », explique le spécialiste. « Il faut ensuite penser à Ashford ou Douvres, où il y a la possibilité d'un contrôle physique. Mais là encore, on constate une dichotomie, car d'une part, le Royaume-Uni n'a absolument aucun intérêt à ce qu'il y ait de gros embouteillages et des problèmes dans les rayons, comme l'hiver dernier, mais d'autre part, il veut protéger ses frontières contre les produits dangereux. Au début, ils ont crié haut et fort qu'ils voulaient reprendre le contrôle, mais ils n'étaient pas prêts à le faire à l'époque. Aujourd'hui, ils veulent prouver qu'ils ont le contrôle, ce qui pourrait motiver la mise en place d'un contrôle strict. »
Ainsi, même si, concrètement, peu de choses changent en matière de certificats phytosanitaires dans le commerce des fruits et légumes, les entreprises devront toujours anticiper les changements possibles. « Un autre aspect est la question des coûts. Si les marchandises passent le PCF, il faudra payer des frais, qui viendront s'ajouter aux frais de douane et, pour certains, aux frais phytosanitaires. Cela rendra les échanges commerciaux avec le Royaume-Uni encore plus coûteux et, en particulier pour les produits frais. Ces coûts ne pourront pas être déduits de la marge bénéficiaire et seront probablement répercutés sur le consommateur. Ceux-ci, bien sûr, doivent déjà faire face à l'inflation. Cela pourrait donc avoir un impact sur le commerce entre le Royaume-Uni et les Pays-Bas ou la Belgique. »
La version finale est en route
La période de consultation sur la version provisoire du TOM est aujourd'hui officiellement terminée et la version finale devait être publiée à la fin du mois de juin. « Cependant, il s'avère que les choses peuvent toujours prendre un peu plus de temps avec les anglais. Je crains qu'elle soit publiée pendant la période des vacances. C'est-à-dire la veille ou presque du 31 octobre, c'est pour ça que je voudrais exhorter les entreprises à s'y prendre dès maintenant. »
« J'espère que tout ça sera pris au sérieux, parce que pour de nombreux opérateurs, ça semble une montagne de tracas. Mais le Royaume-Uni est un grand marché, qui en vaut la peine ! Les entreprise devraient à mon sens commencer par se poser des questions telles que : Quel est mon rôle et mon métier aujourd'hui ? Comment est-il structuré ? Quel est l'impact potentiel après le 31 décembre ? Ensuite, il faut s'engager avec les transporteurs, la KCB/FAVV et les clients pour voir quels sont les goulets d'étranglement, sur lesquels il vous faut trouver des solutions avant le 31 octobre, afin de ne pas vous retrouver devant une frontière fermée d'ici là. »
« Il est de notre devoir d'informer les opérateurs à ce sujet. Nous ne pouvons pas toujours apporter des réponses à chaque problème spécifique, car il peut y avoir des éléments propres à chaque entreprise. Cependant, nous pouvons aider les décideurs à trouver les informations nécessaires à la résolution de leurs problèmes et, grâce à notre expérience, nous pouvons peut-être déjà contribuer à résoudre certains problèmes. On n'imagine pas le genre de choses que nous rencontrons tous. »
« C'est également la raison pour laquelle le VLAM, en collaboration avec l'AFSCA, Flanders Investment & Trade (FIT) et Fevia, a organisé un webinaire afin d'alerter les entreprises sur les changements à venir. Nous voulons diffuser l'information le plus rapidement possible et faire savoir aux gens qu'ils peuvent toujours s'adresser à nous pour des questions ou des conseils, mais aussi leur dire clairement : Just ket well prepared ! », conclut Verberck.
Pour plus d'informations :
Ward Verberck
VLAM
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