Le marché mondial de l'oignon connaît actuellement une situation difficile sur de nombreux marchés, en grande partie à cause des conditions météorologiques dans les pays producteurs. Aux Pays-Bas, malgré des prix élevés, des inquiétudes subsistent quant à la qualité des oignons de semis néerlandais et aux factures impayées de la saison précédente. L'Allemagne prévoit une récolte d'oignons inférieure à la moyenne, essentiellement en raison du retard des récoltes au début de l'été et de la perspective d'une augmentation des oignons de grands calibres. L'Autriche est confrontée à des niveaux de récolte inférieurs et à des écarts de prix croissants, ce qui rend les marchés d'exportation moins accessibles. L'Italie est touchée par de mauvaises conditions météorologiques, et voit donc sa production chuter de manière significative, mais bénéficie de prix plus élevés. En Espagne, la demande d'oignons dépasse l'offre, en raison de la faiblesse des stocks et des possibilités d'exportation. L'Égypte a imposé une interdiction temporaire sur les exportations d'oignons afin de stabiliser les prix locaux qui montent en flèche, tandis que l'Afrique du Sud fait face à des prix d'oignons fluctuants liés à des problèmes d'offre excédentaire passés. La Chine fait état de prix stables pour les oignons après avoir connu des hausses de la demande, tandis que l'Amérique du Nord entame sa récolte d'oignons d'automne avec de bonnes prévisions en matière de qualité et une demande stable de la part des consommateurs. Face à ces différents scénarios, le marché mondial de l'oignon reste en pleine mutation.
Pays-Bas : prix élevé, mais problèmes de qualité pour les oignons de semis néerlandais
Les rendements des oignons aux Pays-Bas sont très variables. Le prix est élevé, avec la balle à près de 50 cents. Les conditionneurs affirment que les factures de la saison dernière n'ont pas encore été toutes payées, ce qui rend le commerce frileux. En outre, en raison des prix élevés, la concurrence d'autres pays producteurs d'oignons, tels que la Chine, se fait sentir sur les marchés d'Extrême-Orient. Le bon côté des choses est que les coûts du fret maritime vers l'Asie ont fortement baissé. En ce qui concerne les oignons rouges, l'offre est très limitée avec des prix très élevés. Les conditionneurs mettent en garde contre la mauvaise qualité des oignons de semis, mais voient des débouchés pour la deuxième moitié de la saison, lorsque les mauvais oignons seront retirés de la circulation. « Il se pourrait bien qu'après le Nouvel An, les oignons de bonne qualité soient vendus à un prix élevé. Ce scénario me semble très probable à l'heure actuelle, mais je ne peux pas non plus donner de garanties. »
Allemagne : récolte d'oignons inférieure à la moyenne attendue
Les producteurs d'oignons d'Allemagne de l'Est s'attendent à une récolte inférieure à la moyenne cette année. La récolte n'est pas encore terminée, mais les premiers résultats sont déjà visibles, a déclaré un porte-parole du Mitteldeutsche Zwiebelkontor, la plus grande association de producteurs d'Allemagne centrale et orientale. Toutefois, il est encore trop tôt pour dresser un bilan définitif.
En raison des pluies abondantes, la récolte des oignons d'été précoces a commencé tardivement dans les régions de culture de l'ouest, mais les stocks ultérieurs ont été récoltés à temps. Dans l'ensemble, les rendements Bruto seront normaux, mais les négociants s'attendent à une augmentation du nombre d'oignons surdimensionnés de plus de 70 mm. À long terme, la superficie consacrée aux oignons jaunes d'été est en légère augmentation.
Autriche : une récolte plus faible attendue
Même si les précipitations ont interrompu la récolte d'oignons pendant une courte période, il devrait être possible d'achever les opérations de récolte en Autriche au cours des prochains jours. Dans l'ensemble, le résultat devrait être inférieur à celui de l'année dernière. La commercialisation sur le marché intérieur est calme, tandis que les activités d'exportation se poursuivent à petite échelle, car le niveau de prix des marchandises est souvent trop élevé pour les marchés d'exportation. Un écart de prix toujours plus important peut être observé dans les prix à la production. Au début de la semaine, les oignons de taille moyenne nettoyés et triés en caisse ont été payés, en fonction de leur qualité, entre 45 et 50 €/100 kg. Les produits de petite taille et les lots plus petits ne s'approchent pas de ce niveau de prix, tandis que les prix des rares oignons de grand calibre sont nettement plus élevés.
France : un début de campagne marqué par des prix élevés
Si la campagne 2023 de l'oignon jaune s'annonce meilleure que celle de l'an dernier, qui a été « catastrophique en termes de volumes et de prix, cette saison a connu un démarrage compliqué », selon un opérateur. « La production française connaît cette année de bons rendements. La plupart des calibres sont moyens, avec quelques gros calibres. Mais sur le marché, les prix sont actuellement très élevés. » Les producteurs se réjouissent de la situation, mais la tendance pourrait s'inverser plus tôt que prévu, compte tenu du contexte dans d'autres pays. En effet, certains d'entre eux rencontrent de sérieuses difficultés dans leurs récoltes. C'est le cas de l'Inde, par exemple, où les rendements sont en baisse cette année. Le gouvernement a donc introduit une taxe de 40 % sur tous les produits traversant ses frontières. Les marchés africains et asiatiques, qui s'approvisionnent habituellement en Inde, pourraient alors se tourner vers la France. La situation est similaire en Espagne, où la sécheresse a provoqué un début de saison catastrophique. Les oignons sont très abîmés et destinés en grande partie à l'industrie. La situation est la même aux Pays-Bas, mais cette fois-ci à cause du mauvais temps. Les producteurs ont été contraints de semer plus tard que d'habitude et le froid qui a suivi en mai a provoqué un retard dans la croissance végétative. Compte tenu de la situation, les pays ayant des problèmes de production pourraient se tourner vers la France.
Italie : le mauvais temps entraîne une baisse de la récolte d'oignons allant jusqu'à 50 %
Les estimations concernant la production d'oignons sont en baisse de 50 % pour le jaune et de 40 % pour le blanc et le rouge. Cette estimation provient d'un grand négociant du nord de l'Italie qui importe également de l'étranger. Les conditions météorologiques de 2023 sont la principale cause de cette baisse de production. Parallèlement, les prix sont très élevés, avec une moyenne de 0,95-1,00 €/kg pour les oignons conditionnés à la sortie des usines de transformation.
Heureusement, les larves de taupins sont moins présentes qu'en 2022, si bien que la qualité générale est plus élevée. Le négociant indique que les oignons jaunes sont également plus rares à l'étranger. De plus, les prix augmentent pour les importateurs italiens : par exemple, 1 kg d'oignons jaunes en vrac en provenance d'Autriche coûte 0,70 €, sans compter le transport et la transformation.
Près de 20 millions de ménages italiens achètent au moins une fois par an des oignons frais, toutes variétés confondues. Le segment biologique ne connaît pas un succès particulier ; peut-être que les consommateurs ne perçoivent pas la valeur ajoutée, étant donné que le prix moyen est près de 60 % plus élevé.
Espagne : La demande d'oignons dépasse l'offre depuis juillet
« Les prix sont restés fermes jusqu'à présent, les producteurs étant payés entre 0,40 et 0,50 €/kg pour les oignons en fonction des calibres. Les stocks sont restés bas, surtout depuis le mois d'avril, compte tenu de l'épuisement des stocks en entrepôts frigorifiques et du peu d'oignons plantés dans les zones tempérées comme l'Andalousie. Dès lors, les stocks ont été très réduits et pratiquement tout ce qui a été récolté a été vendu rapidement dans les différentes zones, malgré les prix élevés. En juillet, une petite pause dans cette inertie a coïncidé avec la récolte de l'oignon à grain moyen à Ciudad Real, mais fin juillet, la pénurie d'oignons due à une forte infection par le mildiou a entraîné une rupture de l'offre », explique un opérateur de l'industrie.
« Les prix ont rebondi et depuis, la demande est supérieure à l'offre. Il faut aussi dire qu'en raison du retard de la récolte européenne, beaucoup d'oignons ont été exportés au cours de l'été, par exemple vers le Royaume-Uni », ce qui a également contribué au fait que les stocks ne se sont pas accumulés.
En ce qui concerne le stockage, l'incertitude est assez vive à l'heure actuelle. « On ne sait pas encore comment les dernières pluies de septembre affecteront la qualité et la capacité de stockage. Il faut tenir compte du fait que dans la région de Madrid, au nord de Ciudad Real, à Tolède et, dans une moindre mesure, à Cuenca, les tempêtes ont dévasté une grande partie de la région et que les oignons ne pourront pas être stockés. »
Égypte : Le gouvernement annonce une interdiction de 3 mois sur les exportations d'oignons
Le mercredi 20 septembre, le gouvernement égyptien a annoncé une interdiction de trois mois sur les exportations d'oignons, justifiant cette mesure par la montée en flèche des prix sur le marché local. Selon le média gouvernemental Al Ahram, le prix des oignons a grimpé à 35 EGP le kilogramme sur certains marchés locaux d'Égypte, contre 27 EGP le mois dernier et 12 EGP il y a un an.
Selon un exportateur égyptien, la hausse des prix sur le marché intérieur est due à plusieurs facteurs, notamment la réduction des surfaces cultivées en Égypte cette saison, la pénurie mondiale d'oignons et la dévaluation de la livre égyptienne. L'exportateur précise que « les prix des oignons étaient élevés dès le début de la saison, suite à la réduction des surfaces cultivées en Égypte, puis à l'augmentation de la demande mondiale, le marché de l'oignon étant façonné par la hausse des prix et la baisse de la production dans le monde entier. » Les prix de gros ont commencé à environ 400 USD par tonne au début de la saison, puis ont augmenté jusqu'à environ 600 USD par tonne ce mois-ci.
L'exportateur ajoute : « Dans l'immédiat, la décision stabilisera les prix des oignons sur le marché intérieur. Cela contribuera à améliorer les prix la saison prochaine, puisque des prix stables impliquent maintenant que la saison prochaine commencera avec des prix compétitifs. En outre, la superficie consacrée aux oignons en Égypte sera plus importante la saison prochaine, compte tenu de la forte demande au niveau mondial et de l'irrégularité qui caractérise de plus en plus la production européenne et mondiale d'oignons. »
Un autre exportateur égyptien spécialisé dans les oignons a déclaré que les oignons verts, dont la saison vient de commencer en Égypte, ne sont pas concernés par l'interdiction d'exporter.
Afrique du Sud : les prix des oignons n'ont jamais été aussi élevés au mois de mai
Les oignons sont actuellement récoltés dans la région de Brits (province du Nord-Ouest) et dans le Limpopo ; le Northern Cape viendra ensuite à partir de la mi-octobre, puis ce sera au tour du Northern Cape. Le Cap-Occidental, la seule région qui exporte, débute généralement en janvier.
Les agriculteurs du Limpopo s'étaient brûlé les doigts l'année dernière avec une offre excédentaire et des prix bas. Ils ont donc planté prudemment cette année... Si seulement ils avaient pu regarder dans une boule de cristal : en mai, les prix étaient les plus élevés jamais atteints, jusqu'à 160 rands (8,5 €) pour un sac de 10 kg.
Les prix des oignons ont rapidement baissé, mais même les prix de juillet et d'août étaient bien supérieurs à ceux de 2022.
« Certains agriculteurs ont déclaré qu'ils n'avaient jamais reçu 90 rands (4,7 €) pour un sac de 10 kg auparavant, si bien que certains ont récolté leurs oignons un peu plus verts, entraînant des complications au niveau de la durée de conservation », explique une source du secteur. Les oignons se sont accumulés sur le marché pendant un certain temps, ce qui a fait baisser les prix.
Le prix au kilogramme est actuellement de 6,88 rands (0,36 €) pour les oignons de 10 kg (9,24 rands/kg pour les oignons en sac de 3 kg), ce qui reste nettement plus élevé que les prix habituels à cette époque de l'année.
Les délestages (coupures d'électricité) affectent les hectares qui peuvent être irrigués et les pompes qui peuvent fonctionner. Les ouvriers agricoles doivent se lever à toute heure de la nuit pour faire fonctionner l'irrigation quand l'électricité est rétablie.
Chine : baisse des prix et stabilisation du marché
Les prix des oignons produits en Chine ont été relativement élevés, les exportations ayant explosé au cours du printemps et du début de l'été de cette année. « Cela dit, depuis la fin de l'été, les prix ont baissé et sont actuellement stables », indique un producteur et exportateur d'oignons de Shandong. « La demande d'oignons chinois s'est effondrée au début de la saison. Dernièrement, j'ai demandé des prix plus bas étant donné que le marché semble s'être stabilisé. Nous avons également entendu dire que les prix des oignons néerlandais avaient baissé. » La qualité des oignons est bonne et toutes les récoltes sont terminées. Les conditions météorologiques n'ont pas eu d'incidence notable sur la récolte. Par contre, la main-d'œuvre est et reste un problème majeur : « Il est difficile de trouver des travailleurs pour les exploitations, et les prix des ouvriers sont très élevés. Cela pourrait affecter l'exportation et la livraison d'oignons en provenance de Chine. Même avec un salaire double, nous avons du mal à trouver des travailleurs agricoles. Cependant, dans l'ensemble, la saison d'été 2023 s'annonce satisfaisante. »
Amérique du Nord : certaines régions enregistrent un démarrage plus tardif de la récolte d'oignons d'automne
L'offre d'oignons de la nouvelle récolte est stable et augmente au fur et à mesure que la récolte d'automne commence. Dans des régions comme le Wisconsin, l'offre est actuellement plus faible que l'année dernière à la même époque à cause d'un manque de précipitations au début de l'été, indique un expéditeur. Cela a eu pour effet de repousser le début de la récolte au milieu du mois, au lieu de la première semaine de septembre, date à laquelle la région entre normalement en production.
Le Wisconsin vient compléter une bonne récolte en provenance de régions telles que le Nord-Ouest, qui affiche également d'excellents rendements et un bon volume dans tous les calibres. « Je pense que la qualité de la récolte nationale sera excellente. Tout s'ajuste mieux que prévu », déclare l'expéditeur.
Quant à la demande, elle reste stable. « Les consommateurs consomment régulièrement des oignons tout au long de l'année », déclare l'expéditeur. Par ailleurs, la demande des clients pour les oignons de culture locale, associée aux fêtes de fin d'année qui approchent, contribuera également à accroître la demande.
Tout cela fait que les prix sont honnêtes, bien qu'ils soient légèrement plus élevés que l'année dernière à la même époque. Ils devraient baisser d'ici un mois environ.
La semaine prochaine : aperçu du marché mondial de la pomme