« Une production en baisse et des surfaces qui plafonnent », l’AOPn Tomates et Concombres de France, dénonce « le manque d’investissement des pouvoirs publics et la multiplication des contraintes réglementaires conduisant chaque année à l’augmentation de la part des tomates d’importation dans la consommation des Français ». Car en 2022 les importations de tomates vers la France s’élevaient à 425 552 T contre 357 118 en 2021, soit une augmentation de 19 %. Sur le marché français, les tomates marocaines (majoritairement des tomates cerises) représentent 63 % des volumes importés.
*source : Douane française
Une production française en baisse et de nombreuses contraintes pour la filière
Selon une note du ministère de l'Agriculture, au 1er septembre, la production nationale de tomates recule de 13 % en 2023, à 457 000 tonnes. Une baisse qui serait liée au recul de la production sous serre sur un an (-13%). La même note constate un plafonnement des rendements par la diversification des surfaces vers des variétés anciennes et des petits fruits, avec des rendements plus faibles. Alors que le taux d’approvisionnement de la France n’est que de 58 % en moyenne entre 2019 et 2021, l’AOPn Tomates et Concombres de France craint que le chiffre empire.
Manque de lumière en début de saison et augmentation des coûts de production, obligeant parfois les producteurs à décaler leurs plantations, en 2023 la filière tomates « a dû faire face à de nombreuses contraintes conjoncturelles compromettant sa productivité ». L’AOPn pointe également du doigt les « multiples pressions réglementaires qui sont le seul fait de mesures non adaptées aux réalités de terrain », faisant référence au volet emballage de la loi AGEC, « avec ses décrets d’application successifs, qui se télescope elle-même avec une réglementation européenne en cours d’élaboration ». Une « instabilité réglementaire qui risque d'engendrer des coûts d'investissements supplémentaires en équipements d'emballages qui auraient largement pu être évités. »
Augmentation des importations marocaines
Cette baisse de production française serait profitable à la filière marocaine selon l’AOPn qui indique que cette dernière enregistre « une nouvelle fois des chiffres records, sur la période 2022/2023. Car sur plus de 700 000 tonnes exportées vers l’Europe, dont 51 % vers la France, les tomates marocaines profitent d’accords commerciaux ultra-favorables et d’absence d’étiquetage clair de leur origine ».
Depuis 2022 les producteurs français alertent sur la situation. A l’appel de Légumes de France, deux opérations « étiquetage » avait été organisées en GMS, la première en septembre 2022 et la seconde début juin 2023. Les producteurs dénonçaient la surabondance de tomates marocaines en rayons, la ressemblance des emballages des deux origines et demandaient aux distributeurs français de valoriser la production tricolore.
Opération étiquetage en septembre 2022
Le Plan Souveraineté « ne tiens pas ses promesses »
Alors que les projets de construction ou de rénovations de serres restent peu nombreux aujourd’hui, le président de l’AOPn Tomates et Concombres, Jean-Pierre La Noë se demande « Où est passé le plan de souveraineté fruits et légumes, qui ne tient clairement pas ses promesses », ajoutant que « les producteurs attendent des signaux forts pour investir ». La filière demande donc aujourd’hui au gouvernement « un véritable plan de développement et d’investissement ainsi que le renforcement de l’accompagnement à la rénovation du parc de serres français », au risque de « voir disparaitre progressivement la filière au profit de l’import ».
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