La production portugaise de pommes pourrait augmenter au détriment de la production de poires Rocha, selon Joao Juma, directeur des exportations pour l'exportateur portugais de pommes United Growers : « La tendance est à la réduction des superficies consacrées aux poires Rocha. Elles sont remplacées par des pommiers, en raison des effets du réchauffement climatique, car les pommiers ont besoin de moins d'heures de froid pendant l'hiver. Nous nous attendons donc à ce que notre superficie de production de pommes augmente régulièrement dans cette optique. Il est toutefois difficile de prévoir ce qui se passera, car nous sommes confrontés à une augmentation des coûts de production, de l'énergie et de la main-d'œuvre, ce qui pourrait dissuader les investissements dans de nouveaux vergers. Il est également important de mentionner l'augmentation des importations de pommes en provenance de pays où les coûts de production sont moins élevés, ce qui exerce une pression sur les prix locaux et peut contribuer à la volonté générale d'accroître ou de réduire la production portugaise de pommes. »
Plusieurs pays européens ont dû faire face à des températures extrêmement élevées cet été et le Portugal n'a pas été épargné. Cependant, cela n'a eu un impact notable que sur certaines variétés de pommes, explique Juma. « Nous avons dû faire face à une vague de chaleur pendant la floraison, mais les arbres ont réagi mieux que prévu dans l'ensemble. Nous pouvons dire qu'en termes de volumes, nous avons augmenté la production de 5 % par rapport à l'année dernière. Cependant, l'année dernière était considérée comme une année de faibles volumes, et cette augmentation est donc encore loin de notre capacité de production, puisque nous sommes actuellement à 70 %. En tant que tel, ce rendement n'est pas considéré comme positif. En ce qui concerne les variétés spécifiques, nous avons enregistré une légère augmentation de la production de Gala, mais une production très convenable de Golden. En ce qui concerne les Fuji et les Granny Smith, le temps chaud a malheureusement eu un impact négatif, car ce sont des variétés plus tardives qui ont été exposées à la canicule et qui ont finalement entraîné des pertes plus importantes. »
Outre la canicule, Juma souligne que les conditions météorologiques générales ont posé d'autres problèmes. Ces défis obligent les producteurs à innover et à améliorer la culture de leurs produits. « Cette année a été atypique en termes de climat, avec un nombre réduit d'heures de froid en hiver, une pénurie d'eau, des vagues de chaleur et des vents violents pendant la floraison et la récolte. Heureusement, nous n'avons pas été frappés par la grêle, qui a été un facteur important au cours des dernières saisons. Les producteurs portugais ont investi dans une meilleure gestion de leurs ressources en eau, dans des techniques d'irrigation et dans des canons à grêle afin de surmonter ces éventuels problèmes météorologiques. »
À ce stade de la saison, le grand gagnant en termes de marchés est l'Amérique latine. Les prix y sont si bons que United Growers s'y intéresse de plus en plus, affirme Juma : « Le Portugal exporte traditionnellement vers d'autres marchés européens, le Royaume-Uni et le Brésil. En ce moment, le Brésil est en pleine effervescence et affiche de bons résultats en termes de prix, compte tenu du rendement inférieur des cultures sud-américaines la saison dernière. Pour United Growers, et conformément à notre objectif de développer de nouveaux marchés et d'ajouter de la valeur à la pomme portugaise, nous sommes confrontés à certains changements. Nos principaux marchés ont été le Moyen-Orient, l'Asie et l'Inde, mais cette année, les prix du marché latino-américain étant supérieurs de plus de 30 % à ceux des marchés susmentionnés, nous avons hésité à exporter des volumes importants. Nous avons approvisionné certains de nos partenaires du Moyen-Orient pour maintenir la marque présente et la stratégie à long terme, mais en termes de recettes, l'Amérique latine a été le principal moteur cette année. Nous développons de nouveaux marchés tels que l'Uruguay, le Costa Rica ou la Colombie et explorons d'autres possibilités dans des marchés plus petits de la région. »
Malgré la baisse de la production de pommes en Pologne, United Growers estime que d'autres pays producteurs de pommes augmentent leur production, explique Juma. « Bien que la Pologne ait connu une baisse de production, nous n'avons pas l'impression que d'autres pays tels que l'Espagne, la France et l'Italie produisent moins. En outre, d'autres acteurs ont commencé à développer leur distribution en Europe, notamment en Moldavie, en Serbie et en Ukraine, ce qui exerce une pression générale sur les prix du marché. Notre stratégie doit se concentrer sur les marchés où notre qualité est reconnue et où nous avons établi des relations au fil des ans afin de maintenir des prix cibles qui soient acceptables pour toutes les parties prenantes. »
« Alors que la concurrence s'intensifie dans la catégorie, nous pensons que les clients recherchent plus que jamais la qualité, la saveur et la coloration. Heureusement, nous avons la chance d'avoir un climat qui permet une bonne coloration, des teneurs en brix élevées et nous avons investi dans des variétés rayées qui sont très demandées. Pour aller de l'avant, il faut éviter la guerre des prix et se concentrer sur la fourniture d'un produit différencié dont la valeur est reconnue », conclut Juma.
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Joao Juma
United Growers
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