C'est dans un contexte plutôt favorable que l'abricot entame sa dernière ligne droite en termes de commercialisation, tandis que les pêches et nectarines entrent dans leur dernier tiers de récolte. Une campagne 2024 qui se sera décidément déroulée sous le signe de la précocité.
Abricot : un marché plutôt équilibré sur l'ensemble de la saison
L'offre pour les derniers abricots tendra vraiment à diminuer dans les prochains jours. « Nous sommes aujourd'hui à 85 % de la commercialisation avec 3 000 tonnes en stock, fait relativement exceptionnel quand on pense que l'on atteignait les 10 000 tonnes l'an dernier à la même période », rapporte Raphaël Martinez, directeur de l'AOP Pêches et Abricots de France.
Un marché qui continue d'être dynamique et bien équilibré affichant une diminution globale de 30 à 40 % de son potentiel de récolte, voir 80 % pour certaines variétés comme le Bergeron. « Commercialement parlant, fin juin aura été un peu délicat, mais la situation s'est vite redressée. Aujourd'hui, la consommation reste présente, soutenue par une météo favorable et une meilleure qualité de fruits puisqu'il s'est arrêté de pleuvoir depuis un certain temps. Nous avons une demande régulière, en phase avec les volumes disponibles, ce qui aboutit à un marché équilibré. Quant aux prix, ils sont actuellement satisfaisants, mais ne permettront pas pour les producteurs les plus touchés, de compenser leur perte de rendement ». Une situation qui contraste fortement avec celle de la saison passée, caractérisée par une offre excédentaire et une valorisation trop faible des fruits.
Pêche et nectarine : un marché très compliqué en juillet, qui s'améliore depuis quelques jours
Si le marché aura plutôt été dynamique pour l'abricot, les pêches et nectarines auront souffert d'un surapprovisionnement lié au pic de production de la campagne qui se sera heurté à un manque de consommation. « Après une entrée en saison un peu laborieuse en raison de la présente importante de fruits espagnols, et un second temps particulièrement compliqué lié à l' engorgement du marché, nous entamons le dernier tiers de la récolte avec 30 à 40 % des volumes qu'il reste à commercialiser. Aujourd'hui, on a une conjonction de phénomènes favorables qui sont la météo, l'augmentation de la population à Paris pour les JO, mais aussi sur les territoires de vacances où les Parisiens se sont répartis ainsi qu'une période d'élection - souvent génératrice d'une angoisse défavorable à la consommation - qui est désormais derrière nous. On apprécie l'amélioration de la situation et espérons compenser pour certains producteurs ces trois dernières semaines qui ont été calamiteuses ». Un dernier tiers de commercialisation qui devrait donc « se passer dans bonnes conditions », bien que nous soyons encore à l'aube du mois d'août.
L'intelligence artificielle pour déterminer si cette précocité est conjoncturelle ou structurelle
L'incroyable précocité de la saison interroge. Est-elle due à un enchaînement de phénomènes exceptionnels ou seraient-ce les conséquences durables du changement climatique ? « Il y a quelques années, le marché était actif en septembre. Cette année, nous manquerons de fruits à partir du 15 août. Nous avons eu un automne chaud qui a empêché les arbres d'entrer en dormance, suivi d'un printemps froid et humide qui ne les a pas aidés à passer du stade fleurs au stade fruits. Nous envisageons d'avoir recours à l'Intelligence Artificielle pour déterminer si cette situation est de l'ordre du conjoncturel ou du structurel ».
Grande distribution : une course au prix qui se fait au détriment des fournisseurs
Autre fait marquant pour la saison - en abricots comme en pêches et nectarines – une tension avérée dans les relations avec certaines enseignes liée aux difficultés économiques que la Grande Distribution française rencontre : « La rentabilité de la distribution française s'est nettement affaiblie. Une situation principalement due à la crise économique que nous traversons et à un excès de surface de vente en France dans notre pays. Dans les 10 dernières années, la croissance de plusieurs enseignes a abouti à une concurrence très forte et une perte de rentabilité constatée par beaucoup. La disparition d'enseignes comme Casino ou la reprise d'autres atteste de la nécessité de ces difficultés. Cette situation engendre de la pression sur les fournisseurs, pour regagner des marges. Les arguments qui font mouche auprès des consommateurs aujourd'hui, c'est le prix, bien avant la qualité, les labels, le respect de l'environnement et parfois l'origine. On assiste donc à une véritable course et une communication guidées par l'image prix de l'enseigne. Les difficultés relationnelles que nous avons eues avec certaines enseignes cette saison sont révélatrices de la situation actuelle. Les représentants syndicaux, avec l'appui de la FNSEA, ont réussi, non sans peine, à éviter de descendre le Prix de Vente Consommateur en dessous des 2 euros/kg,. Tant que la Grande distribution ne retrouvera pas de meilleurs résultats et une certaine sérénité, les fournisseurs payeront le prix, surtout quand ils seront dans un contexte d'une offre excédentaire. ».
Pour plus d'informations :
Raphaël Martinez
AOP Pêches et Abricots de France
Tél. : +33 (0)6 09 98 38 09
[email protected]