Le tant redouté Puceron cendré (Dysaphis plantagine) semble cette année être particulièrement féroce. Les producteurs de pommes et de poires tentent tant bien que mal de parer les attaques, mais l'Association Nationale Pomme Poire (ANPP) annonce déjà des rendements en baisse pour la future campagne.
Pucerons : la pression est à son maximum
« Depuis 15 jours, la pression du puceron cendré en verger est à son maximum. Pourtant, les arboriculteurs ont bien mis en œuvre tous les moyens de lutte à leur disposition. D'abord avec des solutions agréées en agriculture biologique avec des huiles minérales ou des produits de biocontrôle, puis avec des insecticides autorisés en agriculture biologique comme l'huile de Neem », explique l'ANPP. Une pression particulièrement intense cette année du fait des conditions climatiques (manque de froid durant l'hiver avec un temps actuellement chaud et humide) combinées à la diminution des solutions actives. Si pratiquement tous les bassins de production sont concernés c'est principalement le Centre Val de Loire, la Sarthe et le Limousin (Vienne et Haute-Vienne) qui seraient le plus impactés. Les zones d'altitude sont elles aussi touchées, de façon hétérogène.
Des rendements en baisse
Malgré les efforts des producteurs, la pression parasitaire est telle que les solutions de bio contrôle sont insuffisantes. « Les auxiliaires, qui vont maintenant faire leur apparition en verger du fait de conditions météos favorables – coccinelles, syrphes, chrysopes et perce-oreilles – n'auront pas l'appétit suffisant pour stopper l'invasion. Il restera, pour la dernière année, un ou deux passages d'un insecticide de synthèse après la fleur, mais la messe est dite ! ». Pour la récolte 2025, l'ANPP estime donc une baisse de rendement en verger de l'ordre -10 à - 30 % (Les premières prévisions de récolte européenne auront lieu à Prognosfruits du 6 au 8 août prochains à Angers). « Et pour 2026, les arbres, fatigués par cette attaque, porteront moins de fruits », précise l'ANPP.
Les parlementaires attendus en vergers avant le vote de la loi fin mai
Pourquoi la filière pomme s'inquiète ? Car contrairement aux producteurs français, les producteurs européens concurrents disposent eux, « et au moins pour encore 8 saisons, de certains néonicotinoïdes qui permettent justement de lutter contre le puceron cendré, comme l' acétamipride par exemple ». C'est donc pour cette raison que les arboriculteurs ont proposé aux parlementaires de venir constater la situation en verger. « C'est important car fin mai, ils devront se prononcer sur une loi* permettant aux arboriculteurs français de disposer des mêmes solutions que les producteurs européens, pour maintenir la production en France et continuer à faire vivre les territoires ».
* La proposition de loi des sénateurs Laurent Duplomb et Franck Menonville 'visant à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur' doit être examinée fin mai à l'Assemblée Nationale
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