Depuis les arrêts de la Cour européenne de justice invalidant les accords agricoles entre l'Union européenne et le Maroc, et imposant l'étiquetage des produits du Sahara marocain comme étant fabriqués au Sahara occidental, les producteurs de la région de Dakhla sont confrontés à l'impératif de diversifier leurs marchés. C'est ce qu'affirme Fouad Zouhair, un producteur membre du groupement d'intérêt économique AJIDA.
A l'instar de plusieurs producteurs opérant à Dakhla, principale zone de production de produits frais dans les régions du sud du Maroc, M. Zouhair exprime son étonnement face aux arrêts de la Cour européenne. Il déclare : "Nous sommes les natifs de la région que l'arrêt de la Cour européenne prétend défendre. Nous sommes également parmi les tout premiers producteurs à nous être lancés dans le secteur de la tomate et du melon, et nous exportons fièrement nos produits sous le label "made in Morocco", et nous continuerons à le faire".
La Cour européenne a fixé un délai de 12 mois à compter du prononcé de son arrêt, en octobre 2024, pour qu'il prenne effet. "En attendant, nous exportons nos produits normalement. Nous faisons confiance à la Comader (organisme marocain représentant les producteurs) pour défendre nos intérêts et faire annuler la décision européenne. Je joins ma voix à celle de mes collègues producteurs pour dire que nous n'accepterons jamais d'étiqueter nos produits autrement que made in Morocco, quitte à quitter le marché européen", ajoute Zouhair.
C'est là que la diversification des marchés devient cruciale et urgente pour les producteurs de la région, où la production de produits frais se développe rapidement. Le producteur explique : "Le Royaume-Uni, qui a quitté l'Union européenne, est déjà notre principal marché. Nous exportons d'importants volumes de tomates et de cantaloup vers la France, qui sont ensuite redistribués dans toute l'Europe. Il existe une réelle opportunité d'augmenter nos volumes d'exportation vers le Royaume-Uni, ainsi que vers d'autres marchés à forte demande, tels que les pays d'Afrique de l'Ouest et l'Amérique du Nord."
La production de produits frais pour l'exportation est nouvelle dans la région de Dakhla et se développe rapidement, aidée par des conditions climatiques optimales et des investissements récents dans l'infrastructure. Zouhair explique que "la région bénéficie de longues heures d'ensoleillement, ce qui induit une bonne photosynthèse et favorise une production précoce, voire une production tout au long de l'année". Les cantaloups et les pastèques de Dakhla sont les premières à arriver sur le marché, dès le mois de mars, ce qui représente une bonne fenêtre commerciale. La saison des tomates est prolongée et couvre toute l'année, de juillet à juin. La qualité des produits est bien établie et a gagné la confiance des clients. Les perspectives sont très prometteuses avec le lancement en 2026 de la station de dessalement d'eau de mer qui desservira entre 5 000 et 6 000 hectares."
"A Ajida, nous sommes un groupe de jeunes producteurs sahraouis opérant depuis 2017 sur une superficie de 100 hectares. Nous cultivons du cantaloup et des tomates cerises pour l'exportation sous contrat, et des pastèques pour le marché local", conclut Zouhair.
Pour plus d'informations :
Fouad Zouhair
AJIDA
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