La Chambre Régionale d'Agriculture Corse et l'Office du Développement Agricole et Rural de Corse (Odarc) dénoncent l'explosion des coûts de fret et s'inquiètent des conséquences économiques pour la filière agricole de l'île. Les deux organismes appellent à ce que le principe de continuité territoriale soit préservé dans la prochaine loi de finances.
Hausse continue des coûts de transport depuis 2022
« Le maintien de ces dispositifs (contrats de Délégation de Service Public) , fondement de la continuité territoriale, est aujourd'hui menacé par une explosion imposée des coûts. C'est l'équilibre même de l'économie agricole corse qui est en jeu », indiquent les deux entités qui relèvent que depuis 2022, les coûts du transport, vers et depuis la Corse connaissent une hausse continue. En cause ? La flambée des prix des carburants et le renforcement des normes environnementales européennes.
En conséquences « le prix du mètre linéaire de fret maritime, aujourd'hui fixé à 40 €, pourrait atteindre 70 € hors DSP ; les surcoûts liés aux quotas carbone s'élèvent déjà à 70 €/tonne, en constante augmentation.
Or « Depuis 2017, les tarifs préférentiels permis par la continuité territoriale ont soutenu la dynamique des productions locales : - +12 % d'exportations de clémentines et de pomelos, - +24 % de vins AOP, +100 % pour les IGP, - +29 % de fromages.
Les exportations d'agrumes pourraient subir une hausse de +40 %
Une dynamique aujourd'hui « gravement menacée » puisque les exportations viticole et d'agrumes subiraient respectivement une hausse de +53 % et +40 %. L'importation des intrants agricoles (engrais, alimentation animale, emballages, bouteilles) deviendrait également plus chère « grevant encore davantage les marges des exploitants ».
« La Corse tomberait dans un modèle de desserte entièrement concurrentiel »
« Si les DSP venaient à disparaître ou à être fortement affaiblies, la Corse tomberait dans un modèle de desserte entièrement concurrentiel, sans garantie de régularité, ni de modération tarifaire. Une telle évolution condamnerait les exploitations agricoles à une perte de compétitivité irrémédiable, à l'échelle nationale comme locale. De plus, le marché local, largement soutenu par la consommation touristique, serait lui aussi fragilisé : un renchérissement des billets dissuaderait une partie des visiteurs et réduirait leur capacité de consommation. »
Face à cette situation la Chambre Régionale d'Agriculture et l'ODARC appellent au maintien du périmètre et l'augmentation de l'enveloppe de continuité territoriale dans la prochaine loi de finances ; à une priorisation claire des aides au transport en faveur des productions agricoles locales mais également à un refus d'aligner les aides au transport des produits importés en concurrence directe avec les productions corses.
Source : odarc.corsica