Après un retour à la normale pour les 4 pays producteurs en 2024 (notamment après des campagnes 2023 déficitaires pour l'Italie et la Grèce) cette année 2025 est marqué par un gel significatif en Grèce (et en Turquie) qui a affecté la production. Si l'Italie, la France et l'Espagne n'ont quant à elle pas subi de dommages liés au gel, les mauvaises conditions météo pendant la floraison (précipitations abondantes) et la nouaison auront quelque peu affecté le potentiel normal de production. A noter en revanche les violents épisodes de grêles qui se sont abattus dans plusieurs régions d'Espagne (et notamment en Catalogne, Aragon et Murcia) sont actuellement en cours d'évaluation et n'ont pas pu être pris en compte pour ces prévisions de récolte arrêtées à la mi-mai et devront donc être réactualisées.
Pour le moment les prévisions européennes tablent sur un peu moins de 2,6 millions de tonnes de pêches et de nectarine, soit 6 % en dessous de la récolte 2024 et 7 % au-dessus de la moyenne 2019/2023. La Grèce enregistre une forte baisse et la France et l'Italie prévoient une production inférieure au potentiel optimal mais stable par rapport à 2024.
Le point bassin par bassin :
Hier ont été dévoilées les prévisions de récolte de pêches nectarines en webinaire (medFEL). Animé par Eric Hostalnou, Chambre d'Agriculture des Pyrénées Orientales avec Elisa MACCHI du CSO Ferrara pour l'Italie, Santiago VAZQUEZ de la Fédération des coopératives espagnoles & Manel SIMON de l'AFRUCAT (Catalogne), Georges KANTZIOS de la Coopérative ASEPOP pour la Grèce et Raphaël Martinez de l'AOP pêches et abricots de France
France : des prévisions revues à la baisse à cause des chutes physiologiques
En 2024 les niveaux de volumes pour la production de pêches nectarines se situaient dans le potentiel soit 230 000 T. La première partie de campagne a été difficile comme le rappelle Raphaël Martinez. En cause une précocité exceptionnelle (+40 % de volumes étaient présents sur le marché dès la fin juin comparé à 2023) désorganisant le marché mais également une succession d'évènements : météo défavorable jusqu'à la mi-juillet, dissolution de l'Assemblée Nationale, contexte économique, sans oublier les Jeux Olympiques. En seconde partie de campagne la tendance s'est inversée : l'euphorie liée aux JO a fait repartir la demande à la hausse et devant le manque de produit les prix ont augmenté.
Si aucun accident climatique majeur n'est à déplorer pour cette campagne 2025 les prévisions arrêtées à la mi-mai annonçant une production proche du potentiel normal doivent être corrigées. « Les conditions climatologique pendant la floraison et la nouaison ont été très mauvaises entraînant une chute physiologique des fruits, donc le potentiel théorique des 230 000 T nous ne l'atteindrons certainement pas. Nous serons plutôt 80 voire 90 % du potentiel et donc aux alentours des 200 000 T ».
Cette année la précocité est moindre, les toutes premières pêches nectarines devraient faire leur apparition les premiers jours de juin avec « le Roussillon qui aura ses premiers apports significatifs dans une quinzaine de jours ».
Avec cette légère baisse la tendance sera au calibre supérieur. « Nous serons en tension sur les petits calibres », explique Raphaël Martinez. Mais c'est surtout une campagne qui signe le retour de la barquette plastique (suite à l'annulation de la loi Agec ; les barquettes carton avaient d'ailleurs été une des raisons de la saison difficile de 2024), sur le segment premiers prix et donc « sans doute avec demande importante des foyers les moins aisés ».
En Rhône-Alpes le production serait stable sur un an, en PACA le potentiel de production est là si aucun accident climatique ne survient d'ici la récolte et dans le Languedoc-Roussillon le potentiel de récolte serait normal grâce aux pluies abondantes en fin d'année et au printemps. Même si le niveau des nappes phréatiques profondes reste préoccupant, la situation des eaux de surfaces et des nappes quaternaires peu profondes s'est nettement améliorée.
Grèce : le gel ampute la production de 22 %
En 2024 la Grèce avait signé une belle récolte, avec des niveaux normaux, après plusieurs années de baisse suite aux accidents climatiques. La campagne 2024 avait été marquée par 10 à 15 jours de précocité. Septembre avait essuyé quelques aléas climatiques revoyant à la baisse le total de production.
Cette en revanche « la Grèce a subi une vague de gel importante durant le mois de mars (en pleine floraison) avec des températures descendue jusqu'à -8°C, ainsi qu'une seconde vague de gel début avril (dans des proportions moindres toutefois) », explique Georges Kantzios. Résultat ? La production se voit diminuer de -22 % par rapport à 2024 pour la pêche nectarine (soit 338 000 T en 2025) et de -19 % pour la pavie (soit 270 000 T en 2025). Au global donc la production grecque cette année est à peine au-dessus des 600 000 T.
Et si la précédente campagne avait été synonyme de précocité, cette année a contrario, le mauvais temps de fin avril jusqu'à la semaine dernière occasionnera un retard d'une dizaine de jours.
Italie : une production semblable à 2024
Pour rappel 2024 signait pour la production italienne un retour à la normale (avec 920 000 T soit + 40 % par rapport à 2023 - 870 000 tonnes de pêches et de nectarines et 57 000 tonnes de pêches pavies), particulièrement dans le nord du Pays après une campagne 2023 déficitaire due au gel.
En 2025 la production de pêches, nectarines et pavies devrait donc être similaire à celle de 2024 avec 920 000 T. A noter une légère baisse dans le centre-nord compensée par une reprise des quantités dans les régions du sud. « Malgré des gelées au 20 mars les dégâts ne sont pas significatifs pour pêche nectarine aucun sinistre majeur n'a été signalé à ce jour, avec un bon déroulement de la floraison et de la nouaison », explique Elisa Macchi. Par rapport à la moyenne 2019/2023, la production 2025 de pêches est en recul de 3%, en hausse de 2 % en nectarines et en recul de 22 % pour les pavies. Les délais de récolte à ce jour sont proches de ceux de 2024 dans le sud ou légèrement retardés (dans le nord), variables selon les zones jusqu'à 7 jours. Les premiers fruits sont récoltés dans le sud depuis plus de 2 semaines.
La baisse des surfaces, elle, continue : -3% en moins au niveau national par rapport à 2024 avec une réduction plus marquée sur la partie nord du pays et principalement pour la pêche. tandis que dans le sud, les baisses sont plus faibles et dans certains cas, une reprise des plantations est observée.
Espagne : la grêle des derniers jours rend difficile les estimations
En Espagne, 2024 marquait la fin d'une sècheresse qui durait depuis 2022 notamment dans la vallée de l'Ebre. Sur la campagne 2024, Santiago Vazquez évoque un bilan positif même « si nous n'avons pas atteint les meilleurs chiffres de certaines années précédentes ». Avec un potentiel normal légèrement supérieur à 2023, les premières prévisions en pêches nectarines pour 2025 tablaient sur 1 140 000 tonnes de pêches, pêches plates et nectarines, la production espagnole devrait se situer 5 % en dessous de celle de l'an dernier et de 8 % supérieure à la moyenne 2019/2023. Pour les pêches pavies la baisse par rapport à 2024 est également de 5 % et la production devrait être stable par rapport à la moyenne 2019/2023, avec 300 000 tonnes prévues.
Des prévisions à considérer avec précaution et qui devront être réévaluées dans les prochaines semaines au regard de la grêle qui s'est abattue ces derniers jours dans plusieurs zones du pays. « Les estimations sont difficiles. La floraison s'est déroulée sans accident climatiques majeurs mais il y eu une succession d'orages de grêle depuis la fin du mois de Mars jusqu'à ces jours derniers en Catalogne, en Aragon, en Extremadure et dans la région de Murcia notamment ».
En Catalogne, 40 000 hectares de terres agricoles ont été gravement touchés. Les arbres fruitiers sont la principale culture touchée, avec environ 10 000 hectares endommagés. L'impact a été très hétérogène selon la zone et l'exploitation et aussi selon l'espèce, étant plus important chez l'abricotier (13 %). Dans le cas des nectarines, les pertes ont été estimées à 4 %. (Au moment des prévisions, les dégâts causés par la grêle en Catalogne n'avaient pas été entièrement évalués, les données pourraient donc changer dans la mise à jour de juin).
Plusieurs orages accompagnés de fortes chutes de grêle ont également eu lieu dans la première moitié du mois de mai, touchant particulièrement, à l'est, plusieurs régions de Murcie (Jumilla, Yecla, Mula, etc.) et aussi dans une certaine mesure la Communauté valencienne ; également la province d'Albacete ou l'Aragon et la Catalogne. À Murcie, les chutes de grêle ont causé de graves dégâts qui n'ont pas encore été évalués.