À la fin de l'année dernière, la nouvelle pomme GoodnessMe® a été présentée à Interpoma 2024. La variété, présentée pour la première fois à Bolzano, a suscité un grand intérêt. Wouters Fruit détient la licence européenne exclusive de GoodnessMe, qui selon Kris Wouters détient un grand potentiel. « Il ne s'agit pas d'être la meilleure pomme absolue, car cela est avant tout un question de goût, mais notre objectif est d'offrir une bonne pomme tout au long des saisons. Je suis convaincu que GoodnessMe y parviendra. »
Wouters souligne d'emblée qu'il reste encore beaucoup de choses à explorer. « Notre production ne sera pas encore commerciale la saison prochaine. Nous avons quelques arbres de trois ans et d'autres de deux, mais pas encore assez pour vendre commercialement. Les vergers feront encore l'objet d'essai, par exemple en matière d'éclaircissage et une grande partie de la récolte sera utilisée pour étudier les performances au stockage. Pour l'instant, il est primordial d'apprendre à connaître tous les aspects de la variété. Par exemple, l'arbre est très productif, ce qui est bien, mais peut aussi être un inconvénient, car un éclaircissage insuffisant peut entraîner une année difficile. »
« Pour étudier cette question, nous travaillons dur. Éclaircissage chimique ou manuel ? Quelles sont les conséquences ? Nous avons 300 arbres sur lesquels nous avons compté l'année dernière le nombre de bourgeons sur l'arbre, le nombre de pommes produites et le nombre de pommes restantes après éclaircissage. Nous connaissons donc exactement l'histoire de chaque arbre et nous apprenons comment travailler au mieux pour l'avenir et donc comment guider au mieux les producteurs dans la culture de la GoodnessMe. Une nouvelle variété que nous devons absoluemnt bien maîtriser. »
Les pommes GoodnessMe lors de la présentation à Interpoma 2024
S'assurer d'une gestion de culture optimale
« Nous faisons des essais avec différents porte-greffes, différentes conduites de culture, différents traitements, différents moments de récolte, ou encore différentes modalités de stockage. Nous avons également une parcelle entière gérée de façon bio-régénérative. Cela signifie que nous n'utilisons pas de produits chimiques, mais uniquement des produits bio-régénérateurs. La variété étant doublement résistante à la tavelure et au mildiou, nous n'avons pulvérisé que 5 fois cette année. Le minimum. C'est une parcelle à part, où nous nous permettons de prendre des risques. C'est là que nous voyons jusqu'où nous pouvons aller en matière de bio-régénération. Avec l'intention de se tourner vers l'avenir et de proposer une réponse à cette question : 'Comment pouvons-nous utiliser moins de produits phytosanitaires et jusqu'où pouvons-nous aller ?'. Car nous avons jusqu'ici échoué en tant que filière dans ce domaine, il faut l'admettre. En fait, nous cherchons à mener cette culture de la manière la plus écologique possible, ce qui est passionnant et intensif. Je dois dire que jusqu'à présent, nous avons été très positivement surpris. Je ne dis pas qu'il n'y aura pas d'inconvénients à apparaître dans le futur, mais pour l'instant, nous ne les avons pas encore trouvés ! »
Après son lancement, la variété a suscité beaucoup d'intérêt de la part des producteurs biologiques et conventionnels. « Peut-être même un peu trop », selon Wouters. « En fait, nous voulons commencer par les producteurs belges, mais les demandes pour planter GoodnessMe nous arrivent de toute l'Europe. C'est hyper positif, mais cela implique aussi une grande responsabilité pour nous, qui devons veiller à ce que la culture se déroule de façon optimale. Si nous y arrivons, nous avons un très bel avenir devant nous avec cette variété. Surtout si nous parvenons à intégrer les éléments du Green Deal qui entrent en vigueur, où certains produits phytosanitaires majeurs disparaissent. La culture de nombreuses variétés deviendra alors un véritable défi. Nous le voyons déjà dans le cas de Jonagold, où même au cours d'une année peu pluvieuse, la tavelure se pointe ici et là. Alors, bien sûr, une variété doublement résistante, qui a une belle coloration et reste croquante très longtemps, mais qui ne nécessite que peu d'intrants pour assurer une belle production, est une véritable aubaine pour le secteur. »
Le défi de la productivité
S'agit-il donc d'une culture difficile ? « Pas du tout. La variété est très fertile, d'après les tests de laboratoire. L'un d'entre eux a mesuré la croissance du tube pollinique, c'est-à-dire la vitesse à laquelle le pollen se développe jusqu'à l'ovule dans une fleur, et pour l'instant, on a affaire à une championne en la matière ! Cela signifie que lorsqu'une fleur est pollinisée, elle se transforme très rapidement en fruit. Avec les variétés moins fertiles, cela prend quelques jours, alors qu'avec GoodnessMe, cela se produit parfois en un jour. C'est un bel avantage normalement, mais qui peut aussi avoir un pendant négatif. Ne rien faire et laisser trop de pommes se former, c'est favoriser des calibres plus restreints et moins de boutons floraux l'année suivante. Il est donc important d'éclaircir suffisamment, et à temps, pour conserver des volumes adéquats. C'est actuellement le point le plus difficile à maîtriser. C'est pourquoi nous procédons à des essais d'éclaircissage chimique, mais aussi mécanique, qui consiste à éliminer une partie des fleurs et à réduire le nombre de fruits sur les arbres. Cette méthode est particulièrement adaptée en bio. Nous sommes donc très affairés et espérons être en mesure de donner des conseils pour la culture biologique et conventionnelle le plus tôt possible. »
Actuellement, quatre producteurs belges ont planté cette pomme, mais ils seront beaucoup plus nombreux l'année prochaine, raconte Wouters. « Lors du lancement d'une nouvelle variété, il arrive toujours qu'il n'y ait pas assez de scions disponibles. Chaque année, on en obtient plus, ce qui nous permet de cultiver plus d'arbres. Pour la saison prochaine et l'année suivante, la production est encore limitée, en raison de la disponibilité encore réduite des scions, mais ensuite, il n'y aura plus de limitation. »
Pas forcément la meilleure, mais la plus constante
Les consommateurs n'ont pas encore eu l'occasion de goûter la nouvelle variété, mais apparemment, les panels de dégustation l'adorent. « Ces groupes sont composés de toutes sortes de personnes issues de différents milieux socio-culturels. Ils ont toujours été très élogieux à l'égard du goût. Bien sûr, il est toujours difficile de dire qu'une pomme est la plus délicieuse, car tous les goûts sont dans la nature et tant mieux. Pour nous, le plus important est que la pomme soit toujours bonne. C'est notamment le grand succès de Pink Lady. Selon moi, ce n'est pas la meilleure, mais elle est toujours d'une qualité optimale. C'est aussi notre objectif : une pomme toujours bonne à déguster et belle dans les rayons, pour attirer et faire revenir consommateurs. De sorte qu'ils sachent exactement ce qu'ils achètent lorsqu'ils choisissent GoddnessMe. »
Pour plus d'informations :
Kris Wouters
Wouters Fruit
Tél. : +32 475283696
[email protected]
www.woutersfruit.be