Le 12 juin dernier, l'Agence bio a présenté les chiffres 2024 du marché et de la production bio française.
Jean Verdier, président de l'Agence Bio et Laure Verdeau, directrice de l'Agence Bio
Consommation : après deux années difficiles, 2024 présente des signes encourageants
Les dépenses des ménages en bio sont en croissance de 0,8 % en valeur par rapport à 2023, à 12,2 milliards d'euros1. A cela s'ajoutent 826 millions d'euros de débouchés en restauration hors-domicile et 1,2 milliards d'euros d'export. Sa part dans les achats alimentaires des Français reste stable à 6%, soulignant l'efficacité des mesures de soutien à la demande par la consommation mises en œuvre depuis 2022, et qui portent leurs fruits dans tous les circuits de distribution, à l'exception de la grande distribution. Les légumes bio progressent de 9 %, principalement via les circuits spécialisés et la vente directe. À l'inverse, les produits laitiers et carnés subissent une baisse respective de 5 % pour le lait et 6 % pour la viande bio, en particulier en bœuf et porc. Côté production : le solde de +1 % entre producteurs bio entrants et sortants s'accompagne pourtant d'une baisse des surfaces bio de 56 197 hectares en bio, la part du bio dans la surface agricole nationale demeurant à 10 %.
Les objectifs de développement de l'agriculture biologique sont maintenus :
La Loi d'Orientation Agricole (LOA) de février 2025 fixe un objectif de 21% des surfaces agricoles en bio d'ici 2030 • La Loi Egalim fixe un seuil 20% de bio dans les cantines depuis le 1er janvier 2022.
La diversification des circuits de distribution en bio, clé de voûte de la stabilisation du marché
Le marché de la bio s'établit donc à 12,2 milliards d'euros, toujours déséquilibré entre la consommation à domicile et celle en restaurations : 92% du bio est consommé à la maison, 8% dans les cantines ou les restaurants. Le bio représente 5,6 % des achats alimentaires des Français, un chiffre constant par rapport à l'année précédente. Le redémarrage de la consommation à domicile s'observe dans les magasins bio, le commerce de proximité (boulangeries, primeurs, boucheries…) et la vente directe, chacun enregistrant une croissance de 7%, tandis que la grande distribution affiche un recul de 5 %. Pour le hors domicile, les chiffres sont inchangés comparés à 2023 : 6% des achats de la restauration collective (13% selon 21% des cantines qui télédéclarent dans l'outil « ma cantine ») et 1% des achats de la restauration commerciale sont effectués en bio.
Et chez nos voisins ?
L'Allemagne, reste le 1er marché européen, et augmente même de 5,7 % à 17 milliards d'euros, creusant davantage l'écart avec le marché Français, 2ème de l'Union européenne. La part de bio dans les achats allemands est de 7 %. Parmi les marchés comparables en part de dépenses en bio, les Etats-Unis sont en croissance de 5 % à 63 milliards d'euros avec une part de marché identique à la France à 6 % des achats des ménages en bio. Dans les marchés moins « matures » : Avec 2 % d'achats alimentaires des marchés en bio, le marché du Royaume-Uni est en croissance de 7 %. L'Italie et l'Espagne, qui consomment respectivement 4 et 3 % de bio, sont en croissance de 6 et 8 %. La Belgique, à 4 % de part de bio, est en croissance de 12 %.
Côté production, un métier attractif, des surfaces bio qui restent à 10 %, des transformateurs en recul
Toujours à 10% des surfaces en bio (10,1% versus 10,3%3 en 2023), la France enregistre en 2024 une légère baisse des surfaces cultivées en bio pour la deuxième année consécutive, à -2%. Le bio a reculé de 56 197 hectares en 2024, à 2,7 millions d'hectares, après un recul de 54 248 hectares en 2023, soit une perte d'environ 110 000 hectares en 2 ans, un phénomène concentré notamment sur les grandes cultures. Si le bio recule en métropole, en revanche les territoires d'Outre-mer continuent de montrer une dynamique positive. En Europe, la France cède temporairement sa position de leader européen à l'Espagne qui atteint les 3 millions d'hectares cultivés en bio.
En dépit de la baisse des surfaces cultivées, la dynamique de recrutement dans la bio reste positive avec un solde net de producteurs bio de 1% et 4 431 nouvelles fermes bio. Cette évolution confirme l'attrait du métier agricole quand il est exercé en bio, et maintient le poids de la bio à 15% des fermes françaises, un capital national important à préserver. En parallèle, à l'aval de la filière, si les stockeurs augmentent de 13% (nécessité de faire tampon entre l'offre et la demande oblige), côté transformateurs les opérateurs sont en baisse de 4,5%. L'accompagnement de ces entreprises via le Fonds Avenir Bio, piloté par l'Agence BIO, constitue un soutien déterminant pour sécuriser les filières. Ce fonds, en constante augmentation depuis sa création et jusqu'en 2025 (date à laquelle il revient à son niveau de 2019), a développé un patrimoine d'environ 300 infrastructures pour transformer le bio français en France.
La campagne « C'est Bio la France, #ayons le bioréflexe »
Face au ralentissement de la consommation à partir de 2021, il est devenu essentiel de raviver l'envie de bio afin que les consommateurs accueillent dans leurs paniers les produits des agriculteurs bio. C'est tout l'enjeu de la campagne « C'est Bio la France, #ayons le Bioréflexe », avec le lancement du premier spot TV dédié au label bio le 22 mai dernier à l'occasion de l'anniversaire du label français « AB ». Financée par le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire et portée par l'Agence BIO avec le soutien de nombreux partenaires publics et privés, cette campagne vise à inscrire le bio comme une composante à part entière de la culture du bien-manger à la française. Elle met en lumière une bio plurielle lors de moments de partage, pour encourager chacun à en faire un réflexe quotidien. Une 2ème vague de communication est prévue en septembre-octobre.
Pour plus d'informations :
Agence Bio
12 Rue Henri Rol-Tanguy
93100 Montreuil
Tél. : 01 48 70 48 30