Les bananes colombiennes continuent de consolider leur position comme l'un des produits les plus représentatifs du pays sur les marchés européens. Emerson Aguirre, président de l'Association des Producteurs de Bananes Colombiens (Augura), a souligné lors de sa participation à Fruit Attraction que le secteur n'exporte pas seulement des fruits, mais aussi « des opportunités et du développement pour la Colombie. »
© Augura
M. Aguirre a expliqué que la durabilité - entendue d'un point de vue social, environnemental et du travail - est au cœur de l'industrie bananière du pays. « La Colombie a plus de 38 ans de dialogue social avec ses travailleurs, ce qui lui a permis de créer des conditions d'emploi décentes. C'est ce que les marchés européens recherchent aujourd'hui, des fruits avec une traçabilité, mais aussi avec une justice du travail. »
Le dirigeant a souligné que derrière chaque carton de bananes, il y a un investissement dans l'éducation, les infrastructures et le bien-être de la communauté. « Même si nous sommes un secteur privé, notre engagement en faveur du développement régional est permanent. »
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Toutefois, la durabilité a un coût de plus en plus élevé. Selon M. Aguirre, l'un des principaux défis du secteur est la surcertification. « Nous avons plus de onze certifications par produit. Si nous apposions tous les sceaux sur une banane, elle aurait l'air plastifiée », a-t-il ironisé. Selon lui, l'excès d'exigences génère des surcoûts qui ne sont pas répercutés sur le prix payé au producteur.
À ces coûts s'ajoutent les frais de sécurité - en raison de la dégradation de l'ordre public dans certaines zones de production - et les efforts pour respecter les protocoles phytosanitaires face à des menaces telles que le Fusarium R4T. Le changement climatique a également un impact, en augmentant la pression de maladies telles que le sigatoka noir et en modifiant les cycles de production.
En ce qui concerne les prix, on prévoit un resserrement des perspectives pour les six prochains mois : « Le nombre de sacs a diminué en Colombie en raison du changement climatique, et nous avons également été informés de la situation en Équateur, de sorte que l'offre sera plus faible. Nous espérons que le marché reconnaîtra ces facteurs et que les prix réagiront positivement. »
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Le dirigeant s'est également interrogé sur l'absence d'évolution de la valeur payée au producteur. « Une étude du CIRAD montre qu'en vingt ans, le prix payé au consommateur a changé, mais que le prix payé au producteur est resté pratiquement le même, alors que la valeur d'autres fruits a triplé. Nous parlons d'un salaire décent, mais nous avons aussi besoin d'un prix décent. »
Bien que la Colombie cherche à renforcer sa présence en Europe, Augura travaille sur des marchés qui considèrent la durabilité comme une condition préalable à l'accès. Parmi les avantages concurrentiels, M. Aguirre a mis en avant l'associativité des travailleurs, qui permet au pays d'avoir 92 % de ses travailleurs syndiqués. « Ce modèle de coopération est unique dans le monde de la banane et constitue notre principale force face à nos concurrents », a-t-il conclu.
Pour plus d'informations :
Emerson Aguirre
Asociación de Bananeros de Colombia (Augura)
Tél. : +57 315 356 5815
[email protected]
www.augura.com.co