La controverse la plus récente concerne l'importation d'oranges d'Égypte, les oranges italiennes restant sur les arbres. Mais est-ce vraiment le cas ? À y regarder de plus près, il ne semble pas que ces plaintes soient inventées de toutes pièces, car la pression exercée sur le produit importé est bien ressentie par les producteurs italiens.
Carmelo Frisenna, directeur commercial d'Arancia Loretta, s'est exprimé sur la situation et n'a pas caché son ressentiment face à la pression concurrentielle que les produits égyptiens exercent sur la production sicilienne d'agrumes, déjà lourdement pénalisée par une tendance de production que beaucoup aurait aimer ne pas (re)vivre. En pleine campagne agrumicole, les entreprises doivent également faire face.
Carmelo Frisenna
« Au cours des dernières semaines, l'offre de produits en provenance d'Égypte s'est renforcée », a déclaré Frisenna. « Il s'agit d'une situation qui, dans un contexte de libre concurrence, n'a aucune raison d'être stigmatisée. Si ce n'est que la différence entre leurs coûts de production et les nôtres est énorme. En effet, ils ne sont pas comparables en termes d'énergie, de main d'œuvre et de moyens agro-techniques. Ce n'est pas un scoop que les normes de production soient très différentes et que notre produit italien ait une plus grande marge en termes de garanties, en raison des lois strictes sur l'utilisation des produits phytosanitaires. Plus important encore, notre produit est en grande partie destiné à l'exportation vers l'Europe du Nord, où la sécurité alimentaire est hautement considérée. »
« Si, en d'autres temps, nous pouvions nous comparer sans problème à l'Espagne et au Maroc », explique le directeur, « nous ressentons cette année les effets des importations égyptiennes. La situation n'est plus tenable, d'autant plus que nos calibres sont le plus souvent petits, inférieurs aux normes habituelles, sans pour autant manquer de qualité, qui dans notre cas est vraiment excellente en termes de goût et d'aspect. Le produit égyptien a un prix inférieur de 20 à 25 centimes d'€ pour le même calibre, ce qui nous met dans une situation difficile. Les mesures que nous avons demandées, et que le gouvernement régional sicilien a également mises en œuvre, nous ont semblé un peu invraisemblables. En tout cas, nous les considérons comme insuffisantes. Un total de 7,5 millions d'€ pour l'achat d'agrumes destinés à être transformés en jus à des fins humanitaires et de solidarité sociale est une initiative louable. Cependant, elle ne répond pas aux problèmes structurels auxquels le secteur est confronté depuis des années, à commencer par le sempiternel problème de la tristeza (CTV). Peut-être aurions-nous dû être plus assertifs, et offrir une vision plus large. »
« Actuellement, les prix varient de 70 centimes à environ 1 € pour les oranges sanguines de calibre correct et de qualité supérieure », explique Frisenna. « La plupart des récoltes ne dépassent pas les 50 centimes. Si le prix est inférieur, le produit est destiné à l'industrie de la transformation. La situation n'est pas meilleure pour les oranges traditionnelles. Le prix moyen du produit premium est de 65 centimes. Il s'agit alors surtout de Lane Late et New Hall. Mais même là, si vous n'avez pas de bons canaux de distribution, vous courez le risque qu'une grosse partie soit orientée vers la fabrication de jus de fruits. »
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