Le Sia a vu se multiplier les annonces de productions labellisées «cultivées sans pesticide» ou «sans résidu».
L’année dernière, les premières démarches avaient commencé à émerger, notamment autour du label « Zéro résidus de pesticide » initié par les Paysans de Rougeline (Sud-Ouest de la France) et le collectif national Nouveaux champs, ou du « Sans pesticide, 100 % nature » des coopératives bretonnes Savéol, Prince de Bretagne et Solarenn. Aujourd’hui, le phénomène s’accélère avec Bonduelle qui vient de lancer une campagne pour promouvoir son engagement dans le « sans résidu de pesticides ». Ces démarches utilisent la «limite quantifiable» de résidus pour valider l’absence de substances actives. Si cela ne garantit pas l’absence totale de pesticides, cela signifie en revanche que s’il y en a ils seront inférieurs à ce que les techniques d’analyses permettent de quantifier, soit un taux qui peut être « dix à mille fois inférieur aux limites maximales de résidus, fixées pour la commercialisation », indique Gilles Bertrandias, président du collectif Nouveaux champs.
Face à la monté en puissance de ces labels, un nouveau vient d’apparaitre : le « cultivé sans pesticide ». Il concentre son message plutôt sur les effets sur l’environnement. Les coopératives bretonnes Prince de Bretagne, Solarenn et Savéol ont ainsi annoncé le 25 février la mise en place d’une « démarche commune » de productions « cultivées sans pesticides » appliquée dans un premier temps aux tomates produites en serre, comme nous l’avions mentionné dans un précédent article. 196 000 tonnes de tomates par an devraient être labellisées, soit « 30 à 40 % dans le moyen terme », a indiqué Pierre-Yves Jestin, président de Savéol. Dès 2019, 176 des 208 maraîchers des trois marques apposeront le label sur leurs tomates et une extension de la démarche à d’autres légumes, le concombre notamment, est déjà envisagée.
Une autre initiative est celle de l’association de producteur Demain la Terre, qui joue sur les deux tableaux : « sans résidus de pesticide détecté » et « cultivé sans pesticide de synthèse ». Ces deux critères seront optionnels pour les treize entreprises adhérentes, qui pourront « soumettre une partie variable de leurs volumes » à l’un ou l’autre des critères, a précisé Marc de Nale, le directeur.
Les associations pour l’environnement ont fait remarquer que ces labels sont moins bien que le label Bio. FNH, Greenpeace, Générations Futures et autres avaient déjà publié un communiqué remettant en cause le « Zéro résidus de pesticide » : « On est plutôt favorable à un objectif de moyen - ne pas utiliser de pesticides de synthèse - qu’un objectif de résultat », précise aujourd’hui Claudine Joly, en charge des questions pesticides à France Nature environnement. « Le sans résidu de pesticides va probablement entraîner des modifications dans le bon sens des manières de produire, mais ce n’est pas suffisant d’un point de vue impact sur les milieux naturels», ajoute-t-elle. Dans tous les cas, ces démarches ne doivent être « qu’une étape vers le zéro utilisation de pesticides de synthèses dans les pratiques agricoles », rappelle-t-elle. « Pour nous, cela reste moins bien qu’un label bio », insiste-t-elle.
Reste à savoir si le consommateur s’y retrouvera dans toutes ces étiquettes. L’interprofession compte finaliser d’ici le mois de juin un « guide des bonnes pratiques » pour encadrer l’usage de ces labels comme élément moteur de la consommation sur l’ensemble de la gamme fruits et légumes.
Source : action-agricole-picarde.com