La récolte de pommes de terre bat actuellement son plein, pourtant, certains agriculteurs du Nord ne sont pas au travail. Ils sous-louent en effet leurs terres à des agriculteurs étrangers qui s'occupent à leur place de leurs parcelles.
En regardant dans les champs, on observe des plaques d’immatriculation belges ainsi que le va-et-vient des arracheuses de pommes de terre. Une fois les bennes remplies de pommes de terre, elles partent en direction de Tournai, en Belgique, où une société belge loue 150 hectares de terres à une dizaine d’agriculteurs français.
Dans le département du Nord, les propriétaires ont le droit de louer leurs terres à un agriculteur français pour 180 euros l’hectare environ, selon le principe du fermage. Il s'agit d'un tarif encadré et fixé par la préfecture. Sauf que certains louent à des agriculteurs belges prêt à payer autour de 1 500 euros l’hectare, au détriment des vrais propriétaires.
Cette pratique est interdite dans le code rural. Pour Jean-Pierre Delannoy, représentant des propriétaires dans le Nord-Pas-de-Calais, c’est inadmissible : « L’exploitant en ne faisant rien sur ses terres, tout en la louant encaisse entre 1300 et 1500 euros sans rien faire. Nous, en tant que propriétaires, on ne peut pas l’accepter. »
En plus d’être illégale, cette pratique nuit aux jeunes agriculteurs qui n’arrivent pas à trouver de terres dans la métropole lilloise. « Ce sont les agriculteurs français qui sous-louent des terres aux Belges qui sont responsables de cette situation. C’est aussi aux propriétaires de mettre le holà par rapport à cette pratique illégale », explique l’un d’eux.
La métropole avec 855 hectares de parcelles agricoles attribuées à 168 agriculteurs est le plus gros propriétaire. Selon Gérard Caudron, vice-président de la métropole, certains pratiquent la sous-location. « Les élus ne veulent pas d’histoire ni avec les agriculteurs, ni avec les syndicats agricoles donc face aux risques d’avoir des conflits, ils préféraient fermer les yeux et ne rien faire. » La métropole va cependant lancer des contrôles : « Il faut vérifier que celui qu’on a dans les registres c’est bien lui qui cultive, c’est ce qu’on va faire dans les prochains mois. »
Dans la région Nord-Pas-de-Calais, le nombre d'hectares en pommes de terre a augmenté de 50 % en dix ans.
Source : francetvinfo.fr