Dans son numéro du mois de septembre, Alain Bazot s’emporte dans un billet d’humeur contre l’« épandage de fausses promesses » opéré dans le cadre de la transition écologique annoncée par le gouvernement. Il estime que le bannissement total des produits phytosanitaires (à l’exception de ceux autorisés en bio) ne va pas assez vite. « Mais bon sang, qu’attend l’État pour privilégier la santé de ses citoyens plutôt que les intérêts à court terme des lobbies agricole et industriel ? » Il se félicite aussi d’avoir signé la pétition de l’association « Nous voulons des coquelicots ».
Le magazine propose ensuite un dossier « Le bio perd-il son âme ? », dans lequel figure une série de tableaux présentant des produits bio et conventionnels (pommes de terre, endives, clémentines, lentilles et ananas), de marques différentes, avec des appréciations allant de « très bon » à « mauvais ». 74 % des produits ne sont pas affectés par des pesticides comparés à 5 % des autres. L’UFC-Que Choisir précise tout de même qu’il s’agit-là de « doses très faibles ». Il faut néanmoins noter que la moindre trace de pesticides dans un produit bio est cependant suspecte. Cela pourrait s’agir de « contaminations accidentelles qui peuvent survenir au champ ou lors du transport ou du stockage ». Le journal précise que « les mesures de surveillance des produits bio ne cessent d’être allégées. »
La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a montré que le gouvernement a restreint sa mission pour la filière bio, transférant aux organismes certificateurs – privés et payés par les entreprises bio – le rôle d’« investigateurs »
Il faut noter que les tests et analyses effectués se montrent toutefois rassurants : « Pour les 15 laits, dont 8 bio, que nous avons analysés, nous n’observons pas de différence significative entre bio et conventionnel pour l’ensemble des paramètres étudiés. » La seule différence serait finalement dans le prix : 0,91 euro le litre bio demi-écrémé chez Carrefour contre 0,62 dans sa version non bio, soit un écart de 47 % pour zéro bénéfice en termes sanitaire et gustatif !
L’UFC-QueChoisir critique largement la grande distribution. Pourtant elle se montre plus favorable aux consommateurs : le panier de 39 produits bio revient en effet à 127 euros chez Leclerc et 131 euros chez Carrefour contre plus de 170 euros chez Naturalia et Bio c’Bon, les deux enseignes historiques, La Vie Claire et Biocoop se situant aux alentours de 168 euros. L’UFC affirme qu’« il faut arrêter de croire que la cherté du bio provient exclusivement du surcoût agricole » ; la grande distribution « capte 41 % du surcoût ».
Ce à quoi la grande distribution a répondu : « La marge compense le vieillissement plus rapide des fruits et légumes bio, ce qui fait que nous avons, sur les étals, une perte plus importante », corrige Benoît Soury, directeur des marchés bio de Carrefour. « À titre d’exemple, une pomme de l’agriculture conventionnelle peut rester douze jours sur un étal. Alors qu’une pomme bio ne pourra être vendue que quatre ou cinq jours ».
Le délégué général de la FCD (Fédération du commerce et de la distribution), Jacques Creyssel, critique vivement l’étude réalisée : « C’est une étude à charge qui ne repose sur rien de sérieux. Les prix des fruits et légumes évoluent selon la météo, les arrivages. Il faut regarder une période beaucoup plus longue que dix jours. »
Source : agriculture-environnement.fr