En Martinique, Ayanna Mouflet est revenue sur son île, après avoir effectué des études en métropole, afin de monter une ferme. « Malheureusement, peu de jeunes Martiniquais le font », déclare la jeune entrepreneuse de 28 ans. « Il y a une fuite des cerveaux terrible en Martinique ».
Pendant ses études à l’École Normale Supérieure, elle réalise à Manchester un mémoire sur les mouvements sociaux, dont celui de 2009, en Martinique. « Cette lutte contre la vie chère montrait, entre autres, que la Martinique souffrait d’autosuffisance alimentaire ».
C’est lors d’un de ses stages au Brésil pour la FAO, l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture de l’ONU, qu’elle côtoie « le mouvement des sans-terre, qui milite pour que les paysans obtiennent des terrains ». Elle décide donc d’apporter son savoir-faire sur son île où « les békés, les anciens colons, y détiennent encore la majorité des terres et les utilisent pour des plantations de canne ou de bananes ».
En 2017, elle monte dans le nord de l’île une ferme en s’inspirant du réseau Cols Verts, qui monte des fermes urbaines et développe l’agro-écologie par l’insertion. Elle travaille en bio et en permaculture en utilisant des techniques qui n’appauvrissent pas le sol. Sur ses terres, elle produit des patates douces, de l'igname, de la papaye, des carottes, des feuilles de moutarde, entre autres.
« Le bio, c’est un choix très important à la Martinique, où beaucoup de terres ont été contaminées au chlordécone, un insecticide utilisé pour les bananes et qui provoque des cancers de la prostate », explique-t-elle.
Son association se nomme Ta Nou Les Cols Verts, en référence au « slogan créole de 2009, Matinik se ta nou. Nous voudrions acquérir des terres, ou obtenir de la collectivité territoriale de Martinique ou du gouvernement français qu’elle en mette à disposition ».
Source : ouest-france.fr