Le comité permanent de l'UE sur les légumes, les animaux, les denrées alimentaires et les aliments pour animaux prévoit de se réunir les 23 et 24 mars pour décider de reprolonger l'autorisation du fongicide mancozèbe, le septième pesticide le plus utilisé en Espagne.
Greenpeace, Les Amis de la Terre, Hogar sin Toxicos, Ecologists in Action, la Fondation Alborada et Fodesam sont quelques-unes des entités ayant demandé au gouvernement de voter en faveur de l'interdiction de ce produit, soutenant ainsi la campagne lancée par Pan Europe.
Le mancozèbe est un fongicide associé à différents effets indésirables sur la santé par de nombreux scientifiques. L'un des composants de ce type de pesticides, l'éthylènediourée (ETU), a été associé à des anomalies congénitales et à des cancers chez les animaux de laboratoire. Il pourrait également provoquer des changements hormonaux et des problèmes de reproduction. Il représente également un risque important pour les oiseaux, les mammifères, les insectes et les organismes présents dans les sols.
Le Comité d'évaluation des risques (CER) de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) avait classé le mancozèbe comme substance « toxique pour la reproduction 1B » (R1B) en raison de la gravité des malformations cérébrales causées par le composant (ETU)
Plus aucune raison pour que le produit reste autorisé
Le fait d'être classé comme un pesticide reprotoxique devrait déjà suffire pour une interdiction, selon la directive 1107/2009, annexe II, 3.6.4 de l'UE. Hans Muilerman, de PAN Europe, spécialisé dans la question des pesticides, considère qu' « il n'y a probablement pas d'autres pesticides devant être interdit plus que celui-ci ».
Il a par ailleurs dénoncé l'intimidation de l'EFSA et de la Commission européenne par l'industrie phytopharmaceutique soulignant que cette dernière pouvait être poursuivie en justice ; une partie des données qu'ils traitent sur le pesticide étant confidentielle.
Un grand nombre d'études menées par des scientifiques universitaires, indépendants de l'industrie, ont établi un lien entre ce pesticide et différents dommages causés sur la santé. Le prestigieux Collegium Ramazzini de Bologne a associé cette substance à huit types de cancers différents. D'autres recherches ont également révélé des problèmes thyroïdiens voire même une neurotoxicité (comme la maladie de Parkinson).
Le mancozèbe a été approuvé au sein de l'UE en 2006 pour une utilisation très large, sur la base de données douteuses. Cette approbation aurait dû être revue en 2016 par la Commission européenne, mais cela n'a pas été fait, alléguant une charge de travail élevée, l'autorisation a donc été prolongée. La dernière prolongation, en 2019, a été contestée par le Parlement européen.
Le Comité permanent devrait se prononcer sur le fond lors de sa réunion de la semaine prochaine. Il s'agit d'un moment historique. Pour la première fois en 20 ans et après avoir accumulé des preuves scientifiques, la Commission et les États membres de l'UE vont débattre de la possibilité d'une interdiction.
Source : ecoticias.com