Si les arboriculteurs estiment ne pas pouvoir se passer totalement des pesticides, ils souhaitent aussi faire un effort pour la planète. Sur le domaine de La Petite Lignière, à Gland, la coopérative Fenaco développe une arboriculture fruitière de grande valeur écologique. Le programme a été baptisé « Vergers vivants » et est suivi par 88 arboriculteurs qui produisent plus de 20 000 tonnes de pommes et de poires sur plus de 500 hectares.
Pour « nettoyer » les rangées de pommiers de la végétation spontanée, ils utilisent un tracteur équipé d’une petite herse qui retourne, sous les ceps, la terre envahie des mauvaises herbes qui mangent les nutriments de la vigne. « Cette approche mécanique, qui permet de casser les racines, remplace l’utilisation d’herbicide. Elle est propre, si l’on recours plus fréquemment au tracteur, mais demande beaucoup plus de manutention et de temps. Il faut en effet passer cinq ou six fois l’an dans les rangées pendant la saison », explique Pascal Chollet, directeur de l’exploitation.
Le projet a été mis en place en 2012 avec l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL), visant à réduire les résidus phytosanitaires dans les pommes. Il a été complété par la coopération dans la recherche de Fenaco et d’Agroscope, en 2016. « Les consommateurs exigent de plus en plus des denrées alimentaires saines, de qualité et produites dans le respect de l’environnement. Notre initiative veut promouvoir une arboriculture fruitière suisse de grande valeur écologique, casser l’image négative de la profession en montrant ce que l’on fait pour la nature », explique Christian Bertholet, responsable fruits à Fenaco.
Au delà de l’enlèvement mécanique des mauvaises herbes et l’utilisation d’engrais et de compost naturels pour améliorer le sol, il s’agit de lutter naturellement contre les ravageurs en installant des nichoirs pour oiseaux insectivores, des haies et des prairies fleuries ou encore des hôtels à insectes pour encourager la pollinisation. Par exemple, l’agriculteur a installé des nids pour les microguêpes braconides, qui parasitent les pucerons et des boxes de paille pour attirer les perce-oreilles, dans ses rangées de pommes Jazz et Pink Lady. L’arboriculteur a également équipé ses vergers d’électrovannes commandées à distance, pour arroser ses cultures au goutte-à-goutte uniquement quand c’est nécessaire.
Les producteurs reçoivent un soutien technique de Fenaco pour la mise en œuvre de ce programme : « Une fois dans le système, il ne faut pas se louper. On prend un risque. C’est pourquoi toute la chaîne devrait faire cet effort », estime Pascal Chollet.
Source : 24heures.ch