Habituellement, la récolte des productions agricoles en France et en Belgique est faite par des saisonniers, dont 9 sur 10 sont étrangers. Il s’agit de ressortissants européens de Roumanie, de Bulgarie ou de Pologne. Avec la fermeture des frontières, la plupart n’ont pas pu arriver sur les territoires concernés. Les gouvernements Français et Belge ont encouragé les citoyens à venir prêter main forte aux agriculteurs.
En Belgique, le Ministre wallon de l’agriculture estime que la Wallonie doit trouver 1 000 travailleurs à très court terme. En Flandre, vu l’importance des cultures dans le nord de la Belgique, la Ministre Hilde Crevits estime qu’il faut 7 000 personnes pour cette fin avril et 10 000 supplémentaires en mai.
La Belgique va suivre l’exemple de la France en permettant aux travailleurs en situation de chômage temporaire et aux étudiants de pouvoir travailler dans les champs, ainsi que les demandeurs d’asile.
En Allemagne, les frontières ont été fermées aux travailleurs saisonniers le 25 mars. Le gouvernement vient de faire marche arrière et 40 000 travailleurs rejoindront les champs et les vergers allemands en avril et en mai. En France, le nombre de saisonniers dont le pays aurait besoin est estimé à 200 000. En Espagne, des agriculteurs ont annoncé que des fraises devraient rester sur les plants. En Italie, la fédération d’exploitants agricoles Coldiretti compte approximativement 100 000 travailleurs étrangers (majoritairement Roumains) dans les champs italiens. En Roumanie, la pandémie aurait déjà provoqué la perte d’un million d’emplois, notamment par ces fermetures de frontières, selon des chiffres relayés par l’AFP.
Le secteur agricole dépend grandement de l’ouverture des frontières et de la libre circulation des personnes. Plusieurs centaines de milliers de foyers, en Roumanie, en Bulgarie ou en Pologne, vivent au printemps et en été grâce à cette transhumance.
Si peu de travailleurs locaux sont employés dans les exploitations c'est principalement en raison de la précarité de statut et de la précarité de revenu, un peu plus de 9 euros bruts de l’heure en Belgique. De plus les exploitants préfèrent employer des étrangers car, pour le même salaire, les charges sociales seront moins chères pour faire travailler un saisonnier venu de Roumanie qu’un saisonnier de Belgique.
Si l’aide des citoyens est la bienvenue, les exploitants doutent que ces travailleurs inexpérimentés suffiront. L’urgence plaide donc pour un assouplissement des frontières : la volte-face de l’Allemagne en témoigne, mais d’autres états gardent portes closes.
Le 30 mars, la Commission européenne avait ainsi lancé un appel pour laisser les travailleurs saisonniers franchir les frontières afin de préserver le Marché unique, les chaînes de production et l’approvisionnement des magasins. Mais le discours de la Présidente de la Commission Ursula Von der Leyen n’a pas été entendu partout : la Hongrie ou l’Autriche ne permettent pas encore que leur territoire national soit traversé, empêchant ainsi des dizaines de milliers de saisonniers roumains ou bulgares de rejoindre leur destination par voie terrestre.
Source : rtbf.be