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Une production d'environ 400 000 tonnes d’abricots prévue en Europe pour 2020

« On se rapproche des années de récolte européennes les plus basses depuis 30 ans »

Alors que le MedFEL a été reporté à l’année prochaine en raison du Covid-19, la synthèse de la récolte européenne d’abricots 2019 ainsi que les prévisions de récolte pour 2020 ont été présentées en visioconférence jeudi 30 avril. Présidée par Eric Hostalnou (Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Orientales), Georges Kantzios (AOP Veria) s’est exprimé sur la situation en Grèce, Laura Stocchi (CSO Italy) pour l’Italie, Santiago Vazquez (Cooperativas agro Alimentarias) et Sara Ruiz Chacon (Afrucat) pour l’Espagne et Bruno Darnaud (AOP Pêches et Abricots de France) pour la France.

La campagne abricot 2019 a été une campagne compliquée au niveau commercial. Dès le début des récoltes en Espagne début mai, les prix se sont situés sur des niveaux de pleine saison n’atteignant parfois même pas 1 euro/kg conditionné au départ de Murcie. Les conditions climatiques dans le Nord de l’Europe n’ont pas favorisé la consommation et l’offre, pourtant limitée, n’a pas trouvé preneur. La suite de la saison est restée compliquée avec des prix très décevants pour tous les producteurs européens.

Pourtant au niveau des volumes, la France et l’Espagne qui sont les principaux exportateurs d’abricots présentaient un potentiel de production inférieur à la normale suite à des problèmes climatiques (gel, grêle...). Mais l’Italie, premier producteur européen, a eu une récolte exceptionnelle en termes de volume avec plus de 300 000 tonnes. La Grèce a également eu une bonne récolte dépassant les 90 000 tonnes.

Au final en 2019, ces 4 pays ont produit 640 000 tonnes ce qui est proche de la production de 2017, campagne qui fut également difficile au niveau commercial.


Production d'abricots en Europe 2019

Ce qu’on observe depuis ces 3 ou 4 dernières années, c’est une forte reconversion variétale des vergers notamment en Espagne et en Italie avec la disparition des variétés traditionnelles, souvent à double fin (frais et industrie) et l’arrivée de variétés « modernes » correspondant aux « nouveaux » standards du marché (coloration blushée voire rouge, tenue post récolte...).

L’Espagne a toujours été un pays exportateur d’abricots, principalement sur le créneau précoce mais le développement de nouveaux vergers notamment en Catalogne et en Aragon et la reconversion variétale dans la région de Murcie ont dopé le potentiel exportateur espagnol ce qui coupe aux productions françaises et italiennes les marchés du nord de l’Europe et génère un déséquilibre offre/demande sur les marchés nationaux.


Synthèse de la récolte 2019

Cette année 2020 se présente avec une toute petite récolte d’abricots au niveau européen. Avec 400 000 tonnes prévues, il faut remonter à 2003 et à 1998 pour trouver des récoltes plus faibles avec respectivement 390 000 tonnes et 365 000 tonnes. Une succession d’aléas climatiques a touché les différents bassins de production européens et aucun ne peut se vanter d’en avoir réchappé.
Les zones de production méridionales ou méditerranéennes ont connu un hiver exceptionnellement doux, avec peu d’heures de froid et des températures très élevées en décembre et en février avec des maximales parfois supérieures à 25 °C. Ce climat hivernal n’a pas permis de satisfaire les heures de froid nécessaires à la dormance de certaines variétés d’où une floraison peu abondante, erratique, hétérogène et un déficit de production.


Prévision de récolte d'abricots en 2020


Variation de la production européenne

Fin mars, c’est une vague de froid qui a touché les régions plus septentrionales ou plus continentales comme l’Aragon, la Catalogne (Lérida), la vallée du Rhône, le Nord de l’Italie et la Macédoine grecque avec du gel qui a « grillé » bon nombre de vergers.
Puis en avril, c’est la grêle en Castille-La Manche et la pluie dans les bassins méditerranéens qui a enfoncé le clou faisant perdre par-ci par-là encore plusieurs tonnes de fruits pourris ou éclatés.
Fin avril, les récoltes ont déjà débuté dans la région de Murcie avec, pour le moment, des niveaux de sucre limités compte tenu du mauvais temps mais un marché fluide. La plupart des autres régions vont enchaîner mi-mai avec les variétés précoces.

France 


En prévision de campagne 2019, le potentiel était plutôt bon puisqu’il avoisinait les 150 000 à 160 000 tonnes, même si à l’image des autres pays européens, l’hiver a été très doux. Mais ce potentiel a été impacté de 30 000 tonnes au mois de juin à cause d’importants orages de grêle. En termes de marché, le démarrage de la campagne a été plutôt satisfaisant avec un basculement entre l’origine Espagne et France qui s’est bien déroulé. Une faiblesse au niveau de l’export a par ailleurs été observée, se situant en dessous des 15 %, avec pour conséquence 30 000 à 35 000 tonnes d’abricots se retrouvant en plus sur le marché national. Le marché a été peu dynamique voir atone tout au long de la saison avec des prix très décevants malgré une production réduite. Au final, les résultats économiques ont été assez hétérogènes. Ce fut donc une troisième année compliquée pour l’abricot français. Quant à la consommation sur le marché français, elle est relativement stable voire en légère augmentation.

La campagne abricot 2020 en France est marquée par les effets du climat. Tout d’abord un hiver exceptionnellement doux avec des maximales supérieures à 20° voire 25° au mois de décembre puis à nouveau des températures douces en début d’année. Dans de nombreuses zones de production et plus particulièrement dans les zones les plus méridionales comme la Crau, la Costière ou le Roussillon, les besoins en froid de nombreuses variétés n’ont pas été satisfaits, la dormance des arbres a été insuffisante d’où une floraison erratique, très longue, avec souvent présence de bourgeons malformés ou nécrosés.

Puis à la fin mars, certaines zones du Nord du Gard mais surtout du Vaucluse, de la Drome, des Baronnies, de l’Isère et de l’Ardèche ont subi plusieurs épisodes de gel. Les vergers qui ont pu être protégés par des bougies ou des tours à vent ont été partiellement sauvés, même chose pour certains vergers en coteaux mais pour le reste les dégâts sont importants voire très importants.


Evolution de la production en Rhône-Alpes


Evolution de la production en région P.A.C.A.


Evolution de la production dans le Languedoc-Roussillon

Les prévisions 2020 pour la production française sont de 93 500 tonnes soit une baisse de 29 % par rapport à 2019 qui était déjà une année déficitaire et une baisse de 34 % par rapport à la moyenne 2014/2018.

Au niveau de la précocité, alors que la saison avait démarré avec de l’avance sur les premières floraisons, le mauvais temps a recalé le calendrier sur des dates plus classiques avec un début des récoltes autour du 15/20 mai dans les zones les plus précoces.

Italie


La production d’abricots 2019 a été d’environ 307 000 tonnes. Cette production a été la plus importante de ces dernières années, avec une augmentation de 44 % de production totale par rapport à 2018. Mais elle a été affectée au niveau qualitatif par la grêle qui a particulièrement touché la production sur la première partie du calendrier. La production commercialisée n’a donc finalement été supérieure que de 15 % par rapport à 2018.

Quant à la production d’abricots attendue pour 2020, elle a été fortement impactée par divers épisodes de gel survenus fin mars et début avril. Les régions du Nord de l’Italie ont été particulièrement touchées mais aussi les régions du Centre Sud le long de la façade Adriatique.

Avant les gelées, on signalait déjà une floraison moins abondante qu’à l’accoutumée. Dans de nombreux bassins de production on voyait clairement que la floraison n’était pas aussi importante qu’en 2019 à cause d’une alternance physiologique. De plus, dans certaines régions, l’hiver doux n’avait pas couvert les heures de froid nécessaires à la dormance des arbres.

En mars, la météo a été marquée par une longue phase de beau temps et des températures au-dessus des normales saisonnières ce qui a généré un avancement de la floraison, floraison qui s’est ensuite éternisée durant plusieurs semaines.

Au bilan, une production italienne qui devrait se situer autour de 136 000 tonnes soit une baisse de 56 % par rapport à l’année dernière et de 40 % par rapport à la moyenne.

Même si tous les bassins de production ont été impactés, c’est l’Emilie -Romagne qui accuse la plus forte baisse puisqu’elle passe de 107 000 tonnes en 2019 à 11 000 tonnes prévues en 2020
Au niveau des superficies de production, après des années d’augmentation des surfaces, on revient à une situation de relatif équilibre entre les arrachages et les nouvelles plantations. Pour 2020, on estime les surfaces en production en Italie à 21 000 ha, un potentiel stable par rapport à 2019. Bien sûr, l’évolution des surfaces varie d’une région à une autre mais avec des écarts limités par rapport à l’année dernière ce qui conduit à cette stabilité globale.

Espagne 


En 2019, avec 110 233 tonnes, la production d’abricots a enregistré une baisse de production de 28 % par rapport à 2018. La campagne d’abricots a été caractérisée par une baisse généralisée de la production dans les principaux bassins, liée à la faiblesse des heures de froid durant l’hiver pour couvrir les besoins des arbres fruitiers ce qui a provoqué une nouaison hétérogène et globalement mauvaise.
Cette baisse de production en 2019 a été particulièrement forte dans la région de Murcie et en Castille-La Manche à cause des gelées enregistrées en mars qui ont provoqué des pertes importantes. Dans les zones tardives (Aragon, et Catalogne) même si les variétés précoces ont été les plus affectées par les gelées, il y a finalement eu une légère augmentation par rapport à 2018.

La qualité des fruits a été en général très bonne du fait du temps très sec jusqu’à la fin de la campagne. Toutefois à cause des baisses de températures dans les zones de consommation du Nord de l’Europe jusqu’à la semaine 20, l’offre – bien que déficitaire – a été supérieure à la demande ce qui engendra une chute des prix qui n’a pas pu se récupérer jusqu’à la fin de la campagne.

Au niveau de la production, la tendance est à l’augmentation des rendements et de la qualité sur tous les créneaux et espèces de fruits à noyaux. Ces dernières années il n’y a pas d’évolution significative du nombre d’opérateurs ou de surfaces cultivées, même si on observe l’arrivée dans ce secteur de groupes d’investissement.

En ce qui concerne les marchés, la filière fruits à noyau est soumise comme beaucoup d’autres à une augmentation importante des contraintes et régulations de tous types (environnementales, sanitaires, législation du travail...) qui génère automatiquement une hausse des coûts de production qui n’est pas répercutée sur les prix de vente d’où une détérioration des résultats économiques.

Par ailleurs, il y a une augmentation de la production de fruits à noyaux dans les pays du Sud de l’ex URSS et de la Turquie avec des techniques de production « européennes » qui couvrent la demande perdue pour l’UE en Russie. Parallèlement à cela, on observe avec plus d’intensité les productions turques qui s’exportent vers l’Union européenne et qui se retrouvent dans les supermarchés de l’UE.

Les principaux défis pour la filière fruits à noyau espagnole sont :
- Les problèmes structurels liés à un niveau de concentration et d’organisation de l’offre insuffisant et la nécessité d’augmenter l’organisation des producteurs autour de coopératives OP bien dimensionnées
- L’augmentation de la compétitivité pour conserver sa place sur le marché européen face à de nouveaux concurrents
- Le développement et la promotion de la consommation au niveau européen pour compenser l’excès d’offre
- L’objectif d’atteindre des contrôles phytosanitaires stricts et harmonisés pour toutes les importations extra européennes
- L’organisation et la coordination d’efforts pour éviter que le secteur primaire ne continue de servir de monnaie d’échange dans les négociations internationales avec les pays comme le Maroc ou la Turquie.

Il est prévu que la récolte de cette année 2020 baisse de 15 % pour la seconde année consécutive, suite à une baisse globale de la production dans tous les bassins. Avec 93 740 tonnes, la production se situera 25 % en dessous de la moyenne des 5 dernières années.
Cette baisse de la production est due, d’une part à des problèmes intervenus pendant la floraison et à un déficit du taux de nouaison comme conséquence du manque d’heures de froid et, d’autre part à des dégâts causés par les fortes gelées de mars (Aragon et Catalogne) et la grêle de début avril (Castille-La Manche).
Après avoir décrété, début mars, l’état d’urgence en Espagne à cause de la pandémie de Covid-19, la principale préoccupation actuelle qui va conditionner les chantiers d’éclaircissage, récolte, conditionnement et mise en marché sera le manque de main-d’œuvre et les difficultés logistiques (déplacement, logement, équipement de protection, organisation dans les stations) pour mettre en œuvre toutes les mesures sanitaires en station et dans les vergers.

Grèce 


La récolte a atteint les 90 700 tonnes en 2019. La campagne s’est déroulée presque normalement, puis des soucis avec la météo ont affecté une partie de la production. Voilà pourquoi presque la moitié de la production grecque a été destinée à la transformation, alors que les autres années en général seulement un petit tiers est concerné. Au niveau des prix, ce fut une année moyenne. Au début de la campagne presque jusqu’à la moitié, les prix ont été relativement bas, puis sont remontés. La saison s'est finalement clôturée avec de bons prix. Les producteurs ont donc été satisfaits de la saison d’abricots, d’autant plus comparativement à celle des pêches et nectarines qui a été un peu plus compliquée. Voilà pourquoi on observe cette année une augmentation des plantations d’abricotiers et un arrachage de pêchers.

Avec 78 500 tonnes prévues, la production grecque d’abricots en 2020 sera inférieure de 13 % à celle de l’année dernière et supérieure de 23 % à la moyenne 2014/2018. Alors que le Sud de la Grèce (Péloponnèse) n’a pas subi de dégâts, des gelées dans le Nord de la Grèce et principalement en Macédoine ont pénalisé le potentiel de production et ce malgré l’entrée en production de nouveaux vergers. Le début des récoltes devrait être un peu plus tardif qu’en 2019. On estime au Sud que la campagne commencera vers le 15 mai.

A ce déficit de production européenne important, s’ajoute pour tous les pays les incertitudes liées à la crise sanitaire actuelle. Les conséquences sur la production européenne d’abricots sont encore méconnues et un certain nombre d’inquiétudes plane sur la disponibilité de la main-d’œuvre et l’organisation des conditions de travail en vue d’une sécurité sanitaire.


Evolution de la production en Europe
 
Europêch’ remercie toutes les personnes qui se sont associées à l’élaboration de ces prévisions de récolte Abricot 2020 :

Grèce :
Georges Kantzios (AOP Veria)
Evangelos Karaindros (Coopérative Venus)

Espagne :
Patricia de Almandoz Fraile (Cooperativas agro Alimentarias)
Sara Ruiz Chacon (Afrucat)

Italie :
Elisa Macchi, Laura Stocchi, Tomas Bosi (CSO Italy)

France :
Laurent Bernadette (SCEES, Agreste)
Et les services statistiques des DRAF Occitanie, PACA, et AURA
Marie Josée Etienne et Raphaël Martinez (AOP Pêches et Abricots de France)