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Amélie Bajolet, Label Bee Friendly :

« Le retour des néonicotinoïdes dans la filière betterave est une défaite pour les pollinisateurs »

Face au développement de la jaunisse – induite par la présence massive de pucerons – qui a frappé le secteur de la betterave sucrière cette année, le gouvernement a répondu en prévoyant d’introduire une dérogation pour les deux prochaines années visant à autoriser l’utilisation des néonicotinoïdes. Pour rappel, les néonicotinoïdes, produits phytosanitaires dits « tueurs d’abeilles », avaient été interdits en France depuis le 1er septembre 2018, suite à l’application de la loi biodiversité 2016.

Un changement de direction de la part du gouvernement accueilli positivement par les betteraviers certes, mais un combat de perdu pour les défenseurs des pollinisateurs, tels qu’Amélie Bajolet, Directrice de l’Association Bee Friendly : « Cette nouvelle nous apparaît clairement comme une défaite, car l’interdiction des néonicotinoïdes est l’issue d’une bataille de très longue haleine contre des lobbys. Ces pesticides sont un véritable fléau pour les pollinisateurs. Si les dégâts engendrés sur les populations d’abeilles domestiques sont visibles, nous sommes dans l’incapacité de mesurer précisément l’impact catastrophique que ces produits ont sur les pollinisateurs sauvages ».

« Par ailleurs, la justification de cette dérogation est d’autant plus mise en cause que les années en agriculture ne se ressemblent pas. Déjà, la réintroduction demandée des pesticides sous forme de semences enrobées en préventif pour la campagne 2021 ne changera rien à la mauvaise récolte 2020. Et de plus, rien n’est dit que l’année prochaine, les betteraviers se retrouvent face à la même problématique, les années se suivent et ne se ressemblent pas, la jaunisse n’a pas été un problème l’année dernière par exemple ».

« Je suis désolée de voir que l’on préfère réintroduire dans le paysage agricole français des produits interdits pour leur haute toxicité par souci de prévention, en réaction urgente, plutôt que de s’atteler à trouver des solutions durables. Car elles existent : déjà d’autres pesticides permettent de lutter efficacement contre les pucerons, plus chers certes, mais moins nocifs pour les pollinisateurs ; puis d’autres alternatives, qui certes demandent de la recherche et de l’observation, mais qui sont au final bien plus vertueuses et respectueuses de la biodiversité telle que la lutte biologique, favorisant des techniques relevant de l’agroécologie comme la mise en place de bandes enherbées pour attirer la faune locale et donc les auxiliaires. C’est en tout cas ce sur quoi nous travaillons à Bee Friendly ».

« Mais la durabilité est plus coûteuse pour l’agro-industrie. Pourtant, si on doit parler d’argent, les abeilles nous rapportent chaque année 2,8 milliards d'euros (source : INRA) et cela est rarement pris en compte dans les calculs de rentabilité économique des filières agricoles… ».

« Les alternatives ne se trouveront que si on cherche vraiment, et cela prendra du temps puisqu’il faut viser le retour à l’équilibre d’un écosystème détruit. Pendant ce laps de temps, il serait bien plus intéressant de soutenir financièrement la filière pour les pertes qu’elle rencontre, plutôt que de rétropédaler en autorisant de nouveau des pesticides hautement toxiques pour les pollinisateurs ».

« Mais le plus à craindre, est que cette dérogation soit la porte d’entrée à d’autres demandes dans d’autres filières agricoles, ce qui serait une réelle catastrophe pour les pollinisateurs et la biodiversité ».

Pour plus d’informations :
Amélie Bajolet
Label Bee Friendly
abajolet@certifiedbeefriendly.org  
www.certifiedbeefriendly.org