Alors que le Sénat vient de voter le projet de loi tant controversé permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes, les apiculteurs se désolent de la situation pour leur activité et l’environnement.
Dans la nuit du mardi 27 au mercredi 28 octobre, le Sénat a voté à la majorité la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes afin de sauver la culture de la betterave en France. Après une erreur de manipulation lors du scrutin électronique, l’article premier a été revoté et a désormais été rétabli dans la loi. Il s’agit de l’article qui autorise, à titre dérogatoire, les producteurs de betteraves à sucre à utiliser jusqu’en 2023 des semences traitées avec des néonicotinoïdes, insecticides interdits depuis 2018.
Avant le vote, les apiculteurs ont mené des actions en Occitanie devant les sites de production de néonicotinoïdes pour protester contre la loi. Les sites des trois firmes produisant cette substance, Bayer-Monsanto, Basf et Syngenta, ont donc vu devant leurs portes s’amasser des groupes de manifestants.
Les apiculteurs estiment que cette loi est un cheval de Troie pour les sociétés agrochimiques visées afin de réintroduire plusieurs de leurs produits par la suite. Ils ont d’ailleurs matérialisé cette image par une statue de trois mètres de haut.
« Juridiquement le principe d’égalité fera, si les sénateurs confirment cette loi ce mardi 27 octobre, un angle d’attaque permettant aux firmes en réalité d’obtenir une ré-autorisation générale des néonicotinoïdes. Cela fait 25 ans que les apiculteurs français dénoncent les méfaits de ces centaines de tonnes de néonicotinoïdes utilisées en France, quand seulement quelques nanogrammes suffisent à tuer les abeilles », indique le syndicat des apiculteurs d’Occitanie.
Pour Olivier Fernandez, président du syndicat, Monsanto et Basf pourrait faire valoir ce principe d’égalité devant le Conseil constitutionnel. « L’adoption de ce texte va clairement nous emmener sur des actions juridiques, nous irons devant le Conseil d’Etat, nous avons eu des précédentes procédures qui ont toutes été gagnantes sur les néonicotinoïdes », précise-t-il.
A noter que 1 222 études scientifiques internationales ont démontré l’effet reprotoxique des néonicotinoïdes, que ce soit sur les humains, les abeilles ou encore les poissons et papillons.
Source : lemonde.fr / 20minutes.fr