Pendant le confinement du mois de mars, la demande d'oranges a explosé ; cette évolution du marché a surtout profité à l'hémisphère sud. Vers la fin de l'année, les marchés en Europe et en Amérique du Nord se sont stabilisés, avec une demande moins élevée qu'il y a quelques mois. Ce ralentissement de la demande a été une cause de déception en Espagne, où l'on s'attendait à ce que la forte demande se maintienne. En Amérique du Nord, de nombreux grossistes semblent frileux en matière d'achat en raison de l'incertitude du marché. La vente d'oranges en Chine ne se porte pas très bien non plus, la demande a diminué, entraînant une baisse des prix.
Pays-Bas : approvisionnement limité en grands calibres
Selon un importateur néerlandais, la demande d'oranges est actuellement bonne ; toutefois, les ventes d'oranges à jus, en particulier, ont ralenti en raison de la fermeture du secteur de la restauration. Néanmoins, la vente d'oranges destinées à la consommation fraîche est en plein essor. On trouve encore une certaine production étrangère dans les rayons, ce qui freine un peu la demande de Salustianas espagnoles. Il s'agit probablement d'un problème de prix, car les Salustianas espagnoles atteignent facilement 11, 12 ou 13 euros. De plus, l'offre en grands calibres est limitée.
Belgique : demande stable d'oranges sur le marché
Un commerçant belge indique que la saison des agrumes se déroule sans problème. L'offre est abondante cette année, car le temps a été bon pendant la période de croissance espagnole ; par conséquent, le négociant s'attend à ce que l'offre couvre suffisamment la demande cette année. La qualité des agrumes espagnols est également bonne. Les premières Salustianas sont arrivées avec une qualité satisfaisante. Par ailleurs, la saison de la Cara Cara en Sicile a repris. La demande d'oranges est actuellement à un niveau standard. Elle n'est plus aussi élevée que lors du premier confinement, mais elle est beaucoup plus stable.
Allemagne : un temps plus froid favorable à la vente d'oranges
Sur le marché allemand, les Navelinas espagnoles ont une position dominante. Les Navelinas italiennes sont également plus nombreuses, tout comme les Navelinas portugaises et les Newhall. Les Navelinas grecques et turques sont surtout commercialisées en complément de l'offre. On trouve également des produits sud-africains ici et là.
L'arrivée soudaine de l'hiver est très favorable à la vente d'agrumes. L'offre et la demande sont bien équilibrées sur tous les plans. La saison des oranges sanguines vient de commencer avec les premières Tarococs d'Italie ; les premières Cara Cara d'Espagne sont déjà disponibles chez les grossistes allemands.
Au fil du temps, la domination de l'Espagne comme principal pays fournisseur d'oranges ne fait que s'accentuer. Ces dernières années, le volume annuel des exportations vers l'Allemagne a fluctué autour de 370 000 tonnes, avec un pic en 2015 (401 714 tonnes). L'Afrique du Sud semble maintenant avoir dépassé l'Italie dans la bataille pour la deuxième place (33 424 tonnes, contre 26 340 tonnes en 2019). Par ailleurs, seule la Grèce, avec un volume d'exportation total de 13 701 tonnes en 2019, continue de jouer un rôle important. Les autres pays qui commercent ici et là sont la France, le Portugal, l'Égypte, la Turquie, le Maroc et le Zimbabwe.
France : une demande plus faible que lors du premier confinement
L'Espagne et le Portugal sont tous deux présents sur le marché français. La saison a commencé il y a quelques semaines. En ce qui concerne la production portugaise, les volumes sont assez bons, mais les calibres des fruits sont plus petits que l'année dernière. En ce qui concerne la qualité, celle-ci est très bonne. La consommation en France se situe à un niveau plutôt normal, bien en dessous du premier mois de confinement en mars dernier.
Espagne : les espoirs élevés de la saison ne se sont pas encore concrétisés
La production d'oranges en Espagne devrait rester stable (-1 %) au cours de la saison 2020/2021, bien que cela varie selon les régions. Dans la région de Valence, la production devrait être supérieure de 8 à 10 % à celle de l'année dernière, tandis qu'en Andalousie, dans la Vega de Guadalquivir, la production d'oranges précoces est stable et celle des variétés tardives devrait diminuer d'environ 10 % par rapport à l'année dernière.
Selon diverses sources du secteur espagnol, la saison des agrumes ne répond pas aux attentes formulées après la fin de la campagne précédente, avec une demande très forte, une offre limitée et des prix élevés. « Cet été, de nombreuses entreprises espagnoles ont commencé à acheter le produit à l'origine plus tôt qu'à l'accoutumée, espérant qu'il y aurait de nouveau une forte demande d'agrumes en raison du coronavirus », a déclaré un commercial de Valence. « Pour éviter de manquer de produits, de nombreux exportateurs ont payé des prix élevés pour les fruits au champ, mais en réalité, le marché n'a pas répondu comme prévu. Il a été très difficile de vendre ces fruits à des prix raisonnables, compte tenu de ce qui a été payé sur le terrain », a-t-il déclaré. Il convient également de noter que les coûts de production et de transformation sont plus élevés en raison de la pandémie.
L'une des raisons pour lesquelles les prix ne sont pas aussi élevés tient à la petite taille des fruits ; toutefois, les pluies récentes devraient favoriser la croissance des variétés d'oranges tardives telles que la Lane Late et la Valencia Late, dont la récolte commencera vers le mois de février.
Le marché des oranges semble être plus stable que celui des mandarines, bien que la croissance de l'offre nationale et internationale ait pesé sur les prix actuels. « La situation était relativement bonne jusqu'à fin octobre/début novembre, mais à partir de la mi-novembre, les choses sont devenues plus compliquées car trop d'acteurs sont présents sur le marché. L'Italie a désormais sa propre production, ce qui signifie que ce marché n'est plus accessible. La Turquie, l'Égypte et la Grèce ont également lancé leurs campagnes de manière très agressive », déclare un autre exportateur.
Les prix des oranges pourraient progresser sur les marchés européens d'ici la fin janvier, car c'est à ce moment-là que les exportateurs pourront expédier davantage d'oranges hors de l'UE. Cette saison, les exportateurs n'auront pas à faire face aux graves difficultés d'exportation rencontrées la saison dernière en raison de l'épidémie de coronavirus. Les expéditions vers des pays tiers tels que la Chine devraient donc reprendre, ce qui contribuera à équilibrer l'offre et la demande en Europe. Mais les exportateurs espagnols surveillent de près les agrumes égyptiens, dont les ventes dans le monde entier continuent de croître.
Outre tout cela, la question du Brexit se pose également. À partir du 1er janvier 2021, le Royaume-Uni pourra imposer des droits de douane sur les oranges espagnoles, tandis que ses concurrents de l'hémisphère nord (Maroc, Égypte et Turquie) et ceux de la basse saison (Afrique du Sud) bénéficieront de taux zéro grâce à la signature d'accords préférentiels avec le Royaume-Uni. Le Royaume-Uni est le troisième plus grand marché pour les agrumes espagnols, après l'Allemagne et la France.
Italie : les ventes vont bon train ; beaucoup d'oranges sanguines sur le marché
La saison des oranges italiennes a débuté en novembre avec les oranges sucrées classiques. Dans la plupart des régions italiennes, la saison actuelle est marquée par une prédominance des petits calibres, entraînant une baisse des prix.
L'offre d'oranges sanguines siciliennes (Tarocco nucellare, Moro, Tarocco Ippolito, Sciara, Meli et les variétés TDV) est abondante. La réalisation de bonnes ventes cette saison dépendra de nombreux facteurs : la qualité de la production (qui est satisfaisante cette année), les conditions climatiques et la dynamique du marché, l'industrie de transformation étant là pour absorber l'excédent des fruits de petite taille. Actuellement, le prix à l'origine des oranges sanguines se situe, selon le calibre, entre 0,35 et 0,60 euro/kg, tandis que les prix des oranges ordinaires sont stables entre 0,30 et 0,35 euro/kg.
On trouve également des oranges de petite et moyenne taille dans les Pouilles, comme l'a rapporté un commerçant de Massafra, à Tarente. « Les prix sont plus élevés que ceux des clémentines, avec environ 0,20 Euro / kg. Les calibres 6 et 4 sont parmi les plus demandés. La campagne 2020/21 n'est pas encore totalement lancée, mais les ventes, bien que limitées, se portent bien actuellement ».
Égypte : des exportations importantes pour relancer le marché égyptien par rapport au coronavirus
Les exportations de l'Égypte vers l'Union européenne devraient augmenter, en grande partie en raison de la hausse prévue de la demande en agrumes. Les marchés d'exportation des oranges égyptiennes resteront les mêmes que les années précédentes. Les exportations vont normalement d'abord vers les pays arabes, puis vers la Russie, l'Ukraine et la Biélorussie, et enfin vers l'Union européenne et les pays d'Asie de l'Est. Elles s'étendent également à de nouveaux marchés, tels que le Japon, la Nouvelle-Zélande et le Brésil. Les trois oranges les plus populaires sont les Navels, les oranges Baladi pour le jus et la Valencia, « reine des agrumes ». Les Égyptiens affirment que les Espagnols sont en difficulté cette année, si bien qu'ils voient de nombreuses possibilités de s'imposer comme une alternative aux oranges espagnoles. Les prix semblent actuellement raisonnables, mais ils devraient augmenter au fur et à mesure de la saison. Les exportateurs égyptiens d'oranges pensent que la campagne de commercialisation des oranges les aidera à se remettre de l'impact du coronavirus.
Afrique du Sud : davantage d'exportations vers l'Europe cette année
La dernière saison des oranges en Afrique du Sud a été excellente. Au final, 52,4 millions de boîtes (15 kg) d'oranges Valencia ont été emballées cette année. 42 % d'entre elles sont allées en Europe (37 % en 2019). L'Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient en ont reçu 16 %.
Les exportations de Navels sont estimées à 26,2 millions de boîtes, contre 22,76 millions la saison précédente. 36 % de ces exportations étaient destinées à l'Europe (28 % en 2019), 21 % au Moyen-Orient et 14 % au marché nord-américain. Les exportations vers l'Asie du Sud-Est sont passées de 20 % en 2019 à 12 % la saison dernière.
États-Unis : réticence des acheteurs de la restauration et de la vente en gros
L'approvisionnement domestique en oranges est bon pour le moment ; il s'améliore à mesure que la saison avance. Actuellement, les oranges proviennent essentiellement de Californie, du Texas et de Floride, avec quelques petits volumes d'importation du Mexique. Les concurrents chiliens et sud-africains ont maintenant disparu du marché, même s'ils ont continué plus longtemps que d'habitude et figuraient encore sur le marché en octobre.
La demande d'oranges est stable et, à cette époque, les producteurs californiens se préparent également à commencer le conditionnement pour l'exportation. Néanmoins, les commerçants sentent que les grossistes et le secteur de la restauration sont réticents à passer des commandes. Les prix sont actuellement légèrement plus élevés que l'année dernière mais stables, bien que les coûts de fret sur le marché intérieur aient également augmenté. Les valeurs FOB sont donc quelque peu affectées. Des volumes en provenance de Floride entrent actuellement sur le marché de la côte Est. Tout comme à l'Ouest, les prix sont stables, mais sujets à des fluctuations. Par exemple, la demande d'oranges à jus dans le secteur de la vente au détail, en particulier, a chuté en raison des mesures de lutte contre le coronavirus mises en place par les magasins. Néanmoins, la demande devrait augmenter dans les semaines à venir, car les variétés les plus populaires, comme la Valencia, sont également sur le marché.
Chine : une demande d'agrumes actuellement en baisse
La plupart des oranges importées sur le marché chinois proviennent d'Australie et d'Afrique du Sud, cette dernière occupant une place prépondérante. Le volume des importations d'oranges australiennes est relativement faible et la qualité ainsi que les prix sont plus élevés. Les oranges d'Afrique du Sud sont plus nombreuses et moins chères, mais elles sont également moins populaires sur le marché. La demande pour ces oranges provient principalement de l'industrie alimentaire et des boissons. Il existe également des volumes en provenance des États-Unis, mais ils ont été réduits en raison de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.
À cause du coronavirus, la vente de fruits importés diminue et celle des fruits locaux augmente. Toutefois, la situation générale du marché des agrumes en Chine n'est pas très bonne, de sorte que le prix continue de baisser. Les agrumes chiliens ont récemment fait leur entrée sur le marché chinois. Les importations en provenance d'Australie ont été réduites en raison de la complexité de la procédure de dédouanement et des risques élevés encourus par les importateurs. Il existe également une production nationale de Navels chinoises, mais en raison des pluies abondantes, la récolte est assez faible cette année dans le sud de la Chine. Cela vaut également pour les Gannan Navel du sud du pays.
Australie et Nouvelle-Zélande : polémique dans le secteur des agrumes autour du système d'évaluation des boissons non alcoolisées
L'industrie australienne des agrumes est préoccupée par la proposition d'un système de classement par étoiles de santé qui pourrait donner aux boissons diététiques une note plus élevée que celle du 100 % pur jus d'orange frais australien, dans la mesure où cela affecterait à terme les ventes de ce fruit. Le Forum ministériel de réglementation alimentaire d'Australie et de Nouvelle-Zélande examinera la question et prendra une décision finale en février. Toutefois, six ministres des États et territoires australiens ainsi que le gouvernement néo-zélandais souhaitent introduire ce système de classement de la teneur en sucre. Citrus Australia a accueilli favorablement la révision à venir, après s'être opposé à l'avis de la majorité des ministres.
Les statistiques de Hort Innovation montrent qu'au cours de l'année qui s'est terminée en juin 2019, l'Australie a produit 528 095 tonnes pour une valeur de 398,8 millions de dollars australiens (246,5 millions d'euros). Les exportations se sont élevées à 188 056 tonnes pour une valeur de 308,1 millions de dollars australiens (190,3 millions d'euros). 41 % de la production totale d'oranges fraîches ont été destinés à la transformation, principalement à l'industrie du jus.
Selon la dernière édition de Fresh Facts, publiée chaque année par Plant & Food Research et Horticulture New Zealand, le pays comptait 183 producteurs d'oranges en 2019, qui produisaient 13 342 tonnes sur 783 hectares. La valeur intérieure de la saison 2018/19 était de 18 millions NZD (10,5 millions €), avec une valeur d'exportation de 1,7 million NZD (1 million €) en 2019.
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