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Rungis, plus grand marché de produits frais au monde

Alors que tout Paris semble encore endormie, à 12 km au sud de la capitale, l’activité bat son plein. Entre 3 et 5 heures du matin sur le MIN de Rungis - plus grand marché de produits frais au monde - c’est l’heure de pointe. Environ 3 000 camions convergent alors vers le péage, afin d’approvisionner les 1 200 entreprises rassemblées sur une surface de 234 hectares où s’activent 40 000 personnes toutes les nuits.

Sur le Carreau des fruits et légumes, plus de 360 grossistes, producteurs et importateurs réceptionnent les fruits et légumes frais qui représentent 70 % des arrivages sur le marché physique. Une véritable « ville dans la ville », version moderne des historiques Halles de Paris surnommées jadis par Emile Zola : « Le ventre de Paris ».

Le « déménagement du siècle »
Ceux qui l’ont vécu s’en souviennent encore. En 1969, les commerçants à l’étroit quittent les Halles de Paris pour aller s’installer sur un nouveau site, plus moderne et bien plus vaste : Rungis. « En l’espace de deux jours, nous sommes passés de l’époque d’Emile Zola au XXIème siècle », raconte Antoine d’Agostino, figure emblématique du MIN de Rungis. Car s’il arrive qu’un vent de nostalgie souffle sur ces lointains souvenirs, Antoine affirme ne pas regretter les conditions humaines dans lesquelles il travaillait. « A 22h, nous déchargions la marchandise que l’on étalait sur les trottoirs, à même le sol. Et à l’époque, il n’y avait pas de chambre froide. Lorsqu’il neigeait, il fallait déblayer les trottoirs avant de pouvoir s’installer ». Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, le marché se tenait dans la rue, et la qualité de la marchandise se vérifiait à la lampe torche en soulevant les bâches. A l’instar de certaines de nos régions, on y parlait même un langage propre. Un patois qui s’est oublié avec le temps, où « un coq » désignait une pièce de 10 anciens francs.

Ce « déménagement du siècle » qualifié par la presse de l’époque comme « l’équivalent du débarquement de Normandie », marque encore les esprits de ceux qui l’ont vécu : « Il faut s’imaginer que nous sommes passés de 16 à 234 hectares de surface. L’armée avait même organisé le déménagement. Elle était présente à tous les carrefours. A l’époque, la construction du périphérique n’était pas terminée ». En l’espace de 48 heures, ce furent plusieurs dizaines de milliers de commerçants qui migrèrent des Halles de Paris vers Rungis. Plus de 5 000 tonnes de marchandises et 10 000 m3 de matériel à bord de 1 500 camions affluèrent alors sur la Nationale 7 vers l’inconnu.

50 ans d’existence
Cinquante années plus tard, pour célébrer ce demi-siècle d’installation, le MIN a réalisé la plus grande table du monde, dépassant le record mondial avec 401 mètres de long, figurant désormais dans le livre Guinness des records. Une terrine de cochon d’une tonne pour 3 mètres de long, 120 kg de côtes de bœuf, un immense plateau de fruits de mer et une tarte aux pommes géante élaborée par Blue Whale, figuraient parmi les mets proposés aux 2 200 convives.

En cinquante ans, des changements se sont certes effectués, mais Rungis a gardé son identité de marché atypique.

Une adaptation du marché liée à l’évolution de la demande
Les entreprises travaillant avec des produits bio, comme la société Dynamis – un des premiers opérateurs bio présent sur le MIN depuis une trentaine d’années – ont connu une augmentation depuis ces 5 dernières années de la demande en bio. La création du fameux Pavillon du Bio (bâtiment D6) il y a 4 ans connait un très gros succès sur Rungis. Et de manière générale, cette « recherche de proximité du consommateur qui n’est pas forcément une proximité géographique mais une proximité dans la connaissance du travail du producteur » est mise en avant. Et au-delà de l’aspect certification, cette recherche aboutit à des exigences de traçabilité relatives aux origines et à la production.

Vers une digitalisation du marché
Au cours de son développement, le marché a également inclus les nouvelles technologies dans ses activités. Selon Eric Godard, CEO de l’Agence Laparra, le marché n’en est qu’au début de sa digitalisation : « Il y a encore beaucoup à faire à ce niveau dans le secteur des fruits et légumes, mais l’on voit que cela évolue. Les nouvelles technologies sont de plus en plus présentes dans le secteur, et peuvent apporter une réelle plus-value aux grossistes. Je pense que dans les prochaines années, le MIN va continuer d’évoluer en les intégrant de plus en plus. Un autre changement que l’on perçoit depuis quelques années, est l’évolution des profils des jeunes qui nous rejoignent. De plus en plus de jeunes diplômés souhaitent travailler au MIN. Alors qu’il y a quelques années, tous ceux qui commençaient à Rungis n’avaient pas forcément fait d’études. Beaucoup ont d’ailleurs gravi les échelons à force de travail et d’expérience ».

Une ambiance qui est restée intacte
Selon Didier Marques, directeur général de la société 3D Dona et présent sur le marché depuis 25 ans, l’âme de Rungis n’a pas changé : « Bien sûr, nous avons donné un petit coup de jeune à nos bâtiments et avons inclus les nouvelles technologies dans notre travail et nos structures. On s’adapte également à l’évolution de la société qui va de pair avec l’apparition de nouvelles démarches qualitatives, de certifications et de normes environnementales, mais le marché en lui-même n’a pas changé. Il a conservé ce côté traditionnel comme à ses débuts. Dans la pratique même de la vente, il n’y a pas eu de grande évolution significative. Nos horaires sont restés les mêmes, il y a toujours ce contact visuel, le client qui se déplace, fait le tour des bâtiments pour choisir ses produits et négocier ses prix, afin de sélectionner ce qu’il y a de meilleur au niveau de la qualité et qui répond le mieux à ses besoins ».

« Ça reste un des marchés que vous ne trouverez nulle part ailleurs en France ou en Europe de par sa diversité mais aussi par l’ambiance qu’il véhicule. C’est une ville qui ne dort jamais. C’est un marché où se nouent des amitiés, et le jeu des rencontres humaines fait que l’ambiance que véhiculait le marché il y a 50 ans est restée intacte à ce jour. Ce qui me plaisait il y a 25 ans me plait toujours aujourd’hui. Et c’est pour ça que j’y suis encore »