Les petits fruits, comme de nombreux autres catégories de produits, sont confrontés aux conditions actuelles climatiques et géopolitiques. Ces défis ont occupé le devant de la scène lors du Global Berry Congress 2022 qui s'est déroulé à Rotterdam. Un public international venu pour l'événement, organisé par Fruitnet, s'est réuni pour évoquer ces défis et les possibilités qui en découlent, comme la création de valeur en adoptant d'autres variétés. En outre, les thématiques durabilité, conditionnement et automatisation ont été largement abordés.
Reportage photo du Congrès mondial du Berry 2022.
De gauche à droite et de haut en bas : Roelant Komen (Carsol Europe) et Robert van Melle (Eosta) ; Jeroen Vayen, Miguel Demaeght (BelOrta) et Philiep Willems (REO) ; Simon Elting et Nico Broersen (AgriPlace) ; Elisa Bongiolatti, Bas Groeneweg, Renate Brandon et Stefano Hiwat (PerfoTec)
Comme lors du dernier congrès international de la fraise, Cindy van Rijswick de la banque Rabobank, a donné le coup d'envoi du congrès, en offrant une vue d'ensemble du marché des fruits rouges et baies, ainsi qu'un aperçu des perspectives d'avenir. Sur le court terme, le groupe de produits doit certainement relever des défis. « À long terme cependant, nous pouvons généralement parler de marchés stables pour les fraises, les myrtilles et les mûres, avec une légère augmentation de la consommation. Cependant, on observe toujours une certaine volatilité, même au cours d'une saison », explique Cindy. « Par exemple, le marché des mûres reste un marché de niche. Les prix s'en trouvent très affectés selon les saisons à plus ou moins gros volumes. En outre, il s'agit d'un fruit dont la consommation dépend fortement des revenus. Lorsque ce dernier est touché, c'est la mûre qu'on abandonne en premier. Pour les fraises aussi, nous accusons les problèmes désormais bien connus de la culture sous serre en Europe du Nord, mais actuellement, ce sont tous les prix qui augmentent. Normalement, cela devrait être compensé avec une demande plus élevée, mais là, ce n'est malheureusement pas le cas. » Dans l'ensemble, elle parle d'une 'mauvaise passe', l'avenir restant prometteur pour les petits fruits. « À long terme, la demande se maintiendra et on passera lentement d'un marché 'à volumes' à un marché 'de qualité' en faisant « mieux avec moins » du côté techniques culturales. »
Débat avec Jose Gandia (SAT Royal), Lisette Holmberg (ICA) et Jonathan Lock (M&S), modéré par Mike Knowles (Fruitnet)
Tous s'accordent bel et bien à affirmer que la promotion est d'une importance primordiale. « Nous parlons de l'un des produits aux bénéfices santé les plus élevés au monde. Il s'agit d'un catalyseur pour les ventes, en plus de l'aspect goût et plaisir, mais il faudrait peut-être en faire davantage la publicité », selon Lisette Holmberg du groupe ICA. « Cependant, transmettre cette information reste un défi. Les antioxydants ne sont pas 'cool' ; nous devrions plus souvent les opposer aux inconvénients que montrent les produits chocolatés ou les sucreries, par exemple. » Les spécialistes évoquent ensuite sur le rôle que les gouvernements ont à jouer, avec des réglementations telles que la taxe sur les produits connus pour leurs effets néfastes sur la santé ou à l'inverse l'abandon de taxe sur les fruits et légumes : des mesures importantes pour stimuler les ventes. « Il y a tellement d'enfants souffrant d'obésité, qu'il est extrêmement important de faire passer le message aux familles. Avec les enfants, il faut s'y prendre tôt », ajoute Jonathan Lock de Marks & Spencer.
Javier Rico Pedrazo (Euroberry Marketing), Noud Linssen (Berrybrothers), Marnix van de Caaij (Quality Pack) et Nijs van Zuilen (Berrybrothers)
Le développement durable a fait l'objet de conférences données par Nico Broersen d'Agriplace et Bas Groeneweg de PerfoTec. Entre autres, Nico évoque les plateformes Agriplace farm et Agriplace chain. Grâce à un accès rapide à toutes les informations tout au long de la chaîne de distribution, les points faibles concernant la durabilité peuvent être localisés et traités. « Au niveau des entreprises agricoles, la législation vise principalement les violations du climat et des droits de l'homme. Les entreprises devraient être en mesure d'identifier rapidement ces risques. »
Bas a ensuite présenté le nouveau système de palettes de PerfoTec destiné à prolonger la durée de conservation des petits fruits et baies. « Grâce à cette automatisation, la durée de conservation des fraises peut être prolongée de 2 à 8 jours, selon la variété. Pour les framboises, c'est 2 jours et les myrtilles 2 semaines. Au début, je n'étais pas convaincu par ces palettes, mais je suis désormais complètement fan », a déclaré un Bas enthousiaste.
Reportage photo du Global Berry Congress 2022.
La qualité est de plus en plus cruciale pour les détaillants et les consommateurs. Toutefois, compte tenu de l'augmentation constante des coûts, il n'est pas toujours évident de s'en assurer. « Les consommateurs veulent tout : le goût, l'esthétique et l'arôme. Même par les temps qui courent, ça reste important », a déclaré José Gandia de la société SAT Royal. « Les détaillants et les commerçants devront continuer à y répondre. Peut-être que l'on achètera moins, mais en tout cas, pour ce qui concerne les fruits rouges, la qualité reste la condition numéro 1. Il faut donc veiller à fidéliser les consommateurs. La communication est la clé pour les faire revenir, même en temps de crise. » C'est après tout une thématique qui a fait couler beaucoup d'encre lors du congrès Global Berry Congress : créer PLUS de valeur avec MOINS de ressources. Les possibilités qui en découlent sont notamment le développement de nouvelles variétés, telles que les fraises 'superchargées', la robotisation de la culture, la sélection ou l'édition de gènes, et l'assurance de la qualité tout au long de la chaîne grâce à la collecte et l'analyse de données.
Jolien Sportel, Eva Vanmarcke, Hannah Docus et Michiel Vermeiren (Coöperatie Hoogstraten)
La question de la valeur ajoutée était au cœur de l'intervention en trio de Bert Barmans de Special Fruit, Andreas Allenspach et Daria Reisch de Agrinorm. Andreas a rappelé qu'il y a une raison pour laquelle les détaillants exigent des normes si élevées. Grâce à une étude du supermarché COOP en Suisse, il a montré que les consommateurs abandonnaient le produit s'il ne répondait pas à des normes strictes. Ces consommateurs restaient ensuite à l'écart du produit. « La qualité est donc super importante, mais comment l'obtenir et la garantir ? », poursuit Bert. Sa solution repose sur l'utilisation de données. « Si un produit ne répond pas aux normes, il faut chercher à savoir où se situe le problème dans la chaîne. Est-ce chez le producteur, au cours du transport ou chez le fournisseur ? En utilisant les données, on peut localiser et réparer les anomalies. Vous disposez de données ? Commencez à les utiliser ! » Il s'agit pour l'utilisateur de savoir les manipuler correctement afin de répondre aux différentes exigences des différents clients. »
Daria Reisch a ensuite présenté sa plateforme logicielle de gestion de la qualité, Agrinorm. Ce système génère des données basées sur l'intelligence artificielle, créant ainsi une transparence tout au long de la chaîne. « Il ne s'agit pas de remplacer l'humain, mais d'avoir un outil complètement neutre. Agrinorm rend les données disponibles, à nous de prendre les décisions, en étant éclairés, pour une qualité optimale. »
Dans l'ensemble, intervenants et visiteurs - venus du monde entier - ont tous participé à apporter et échanger des informations permettant de brosser un tableau édifiant de la situation actuelle du secteur. Entre les nombreuses conférences, les stands et les podiums scondaires ont su accueillir le public international pour discuter à l'unisson des opportunités d'une filière à fort potentiel.
Reportage photo du Global Berry Congress 2022.
Pour plus d'informations :
Global Berry Congress
www.fruitnet.com/gbc