« Il faut se réjouir du fait que les avocats sont des produits robustes qui font désormais partie intégrante des habitudes alimentaires des gens. Cela les rend plus résistants aux hauts et aux bas que connaît la situation mondiale », déclare Zac Bard, directeur du développement commercial de Westfalia Fruit, au sujet de la dynamique économique actuelle plutôt modeste du marché de l'avocat. « Tout s'est bien passé pendant les années de coronavirus. Les marchés en Europe continuent à se développer. »
Il mentionne que cela est valable, par exemple, pour des marchés comme l'Italie, malgré le blocage lié à la Covid. « C'est passionnant. C'est un nouveau marché où les avocats étaient pratiquement inconnus il y a quatre ans. Aujourd'hui, la consommation commence à augmenter. L'Italie a une population importante et soucieuse de sa santé. Les Italiens vont découvrir que l'avocat s'intègre bien dans leur régime alimentaire. Il fait également observer la croissance enregistrée au cours de l'année écoulée en France et aux Pays-Bas et s'attend à ce que l'Allemagne poursuive sur sa lancée.
Installation en France
Cette croissance a conduit à la construction d'une nouvelle usine Westfalia dans le sud de la France. « Nous sommes ainsi en mesure de couvrir l'ensemble de la France, mais aussi d'avoir un meilleur accès à l'Italie et à l'Espagne », explique Danielle Willems, responsable de la communication et des relations publiques du groupe. Elle précise que les activités comprendront le stockage, le mûrissement et l'emballage des avocats.
Zac souligne que les avocats ont encore de beaux jours devant eux. « Avec environ 1,8 kilo, la consommation par habitant en Europe est encore relativement faible par rapport aux États-Unis, où elle atteint en moyenne 4 kilos par habitant. Cela nous donne un bon potentiel de croissance à l'avenir en Europe, en Europe de l'Est et dans les pays environnants. » Le fait que les milléniaux adorent les avocats est également de bon augure pour l'avenir, estime le responsable du développement commercial.
Asie : la dernière frontière pour la croissance de l'avocat
Dans une perspective plus globale, Zac souligne les possibilités offertes par l'Asie. « La dernière frontière pour le marché de l'avocat est l'Asie, qui compte les deux tiers de la population mondiale. À l'exception du Japon, ce marché n'est pas encore développé, ce qui laisse entrevoir un avenir très prometteur. Du côté de Westfalia, nous investissons en Inde. Nous pensons que ce pays pourrait être le prochain marché porteur pour ces fruits, à condition qu'il soit développé de manière adéquate. Ce ne sera pas facile avec le manque d'infrastructure et de réfrigération, mais l'Inde compte une population de 1,4 milliard d'habitants, dont quelque 200 millions forment le marché cible. » Il y a donc un potentiel de développement important pour l'avocat là-bas. Actuellement, Westfalia y met en place une production locale. « Nous allons développer l'industrie locale de l'avocat et importer depuis l'Afrique voisine, d'où le transport ne prend que huit jours. »
Un produit jeune
Zac mentionne que l'avocat, dont le développement remonte à 70 ans seulement, est un produit relativement jeune si on le compare aux agrumes et aux raisins, par exemple, qui sont cultivés depuis des milliers d'années. « Nous continuons à apprendre beaucoup de choses et de nouveaux développements sont encore possibles. » L'un de ces progrès se situe dans le domaine de la génétique. « L'industrie travaille sur de nouveaux cultivars, afin de ne pas dépendre d'un type de culture en particulier. Le Hass est le cultivar dominant, mais de nouveaux cultivars arrivent. L'avocat ne doit pas dépendre d'une génétique identique. »
Les recherches menées par Westfalia sur les porte-greffes tolérants aux maladies constituent une autre avancée dans ce domaine. « Le phytophthora de l'avocat a été l'un des plus grands défis des années 1980. Ces porte-greffes sont développés pour tolérer le phytophthora, qui était le principal problème du secteur dans les années 1970 et 1980. Grâce à de nombreux travaux de recherche et de développement, nous avons aujourd'hui une longueur d'avance. »
Zac conclut que cette tolérance réduit les besoins en matière de protection des cultures d'avocats (qui sont de toute façon faibles, car les fruits ne contiennent pas beaucoup de sucre et n'attirent donc pas beaucoup de ravageurs).
Bio
Westfalia constate que le marché des avocats biologiques se développe dans certaines parties du monde. Il entend s'assurer que sa production augmente en fonction de la demande du marché. « Il s'agit d'un pourcentage faible mais croissant. Comme pour tous les produits biologiques, la tâche n'est pas aisée. Il faut également tenir compte du fait qu'en production biologique, le rendement diminue, entraînant une hausse des prix. Ce n'est pas évident par les temps qui courent. Zac ajoute toutefois que les avocats produits de manière conventionnelle sont durables et pratiquement biologiques. »
« Tout bon producteur cultive des avocats de manière durable. L'avocat est accusé à tort d'être mauvais pour l'environnement, notamment en ce qui concerne l'utilisation de l’eau. Il s'agit d'un sujet de préoccupation pour le secteur. »
Zac mentionne que d'après les calculs de la World Avocado Organization (qui représente certains des plus grands producteurs, exportateurs et importateurs d'avocats au monde), il semble que l'avocat soit en bonne posture en matière de durabilité pour ce qui est de l'utilisation de l'eau.
« La consommation d'eau par hectare correspond à celle d'autres cultures arboricoles telles que les pommes, les poires ou les bananes. Mais si l'on tient également compte de la valeur nutritive, l'empreinte hydrique de l'avocat est en fait excellente. » Zac ajoute qu'il existe de nombreuses zones de production d'avocats qui n'ont pas du tout besoin d'être irriguées, car les précipitations naturelles sont suffisantes.
Empreinte sociale
Outre l'empreinte hydrique, Westfalia se concentre également sur l'empreinte sociale. Zac explique que la production d'avocats, qui a lieu principalement dans des petites et moyennes exploitations familiales, a un impact considérable sur la situation sociale dans les zones de production. L'entreprise y contribue donc en établissant des partenariats. « Nous développons des partenariats avec des petites exploitations dans certaines des régions les plus pauvres et les plus reculées du monde afin de leur donner accès aux marchés mondiaux et ainsi leur permettre de créer des moyens de subsistance durables. »
Par ailleurs, dans certains pays où de nombreux avocats sont exportés, une grande partie du fruit est également consommée par la population autochtone. « Les avocats de première catégorie sont exportés tandis que les fruits de deuxième catégorie se retrouvent sur le marché intérieur. Tel est ce que nous avons constaté chez certains producteurs d'avocats à travers la planète. Le Mexique, le Chili et Israël enregistre également la consommation par habitant la plus élevée, sur la base des fruits non exportés. Cela crée un équilibre et permet d'utiliser l'ensemble de la production. »
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