La récolte de la nouvelle saison des anones a commencé il y a trois semaines dans la province de Grenade, plus tôt que les années précédentes en raison de la chaleur. « Normalement, le pic de production se concentre fin septembre/début octobre, mais nous sommes déjà en plein dedans en ce moment ; et comme nous sommes dans la partie de la saison où il y a le plus de kilos, c'est aussi le moment où les prix sont les plus bas », explique Emilio Tejerina, de Frutas Tejerina.
« Selon la qualité, à l'origine, ils sont payés entre 80 et 90 centimes le kilo, un prix nettement inférieur à celui des années précédentes. La moyenne au plus fort de la saison a été inférieure d'environ 40 centimes pour le producteur, ce qui rend cette année assez mauvaise et même insoutenable pour couvrir les coûts du producteur. »
« Bien que nous n'en soyons qu'au début, la saison de l'anone est très longue. Contrairement à d'autres cultures tropicales, la gestion de la culture nous permet de produire des anones pratiquement de septembre à mai et, chaque année, les moyennes finales de la saison sont généralement très intéressantes pour les producteurs. »
« Le marché de l'anone est très différent de celui des autres fruits tropicaux ; elle n'est donc pas en concurrence directe avec la mangue, par exemple, et n'a pas non plus à subir la concurrence d'autres pays. » En fait, l'Andalousie et plus particulièrement Grenade, avec 96 % de la superficie totale plantée, représentent la quasi-totalité de la production d'anone, non seulement en Espagne (99 %), mais aussi dans le monde. « Ce n'est pas un produit dont la demande a augmenté de façon exponentielle comme l'avocat, mais chaque année on remarque qu'il y en a davantage ; en général, dans toute l'Europe, mais surtout en Allemagne et en France, le fruit est de plus en plus connu et consommé, ce qui a permis à la commercialisation de devenir de moins en moins concentrée comme par le passé, lorsqu'elle n'atteignait que le marché intérieur et que les prix s'effondraient », se souvient Emilio.
« À Frutas Tejerina, nous vendons nos anones en Espagne et en Europe, auprès de grossistes et de chaînes de supermarchés telles que l'américain Costco, où nous vendons des anones sous notre marque Tuki Frutti, bien que nous ne travaillions pas uniquement avec des anones. Nous vendons une large gamme de produits cultivés sur la Costa Tropical de Grenade et à Almería, aussi bien des légumes que d'autres produits tropicaux, comme les avocats, les mangues, les nèfles, les fruits de la passion et les pitayas, ainsi que des pommes de terre de Grenade, les plus précoces d'Europe, que nous fournissons à nos clients dans le cadre de commandes mixtes. »
« Lorsque la saison espagnole se termine, il y a un vide de deux mois qui pourrait être comblé par des fruits importés »
Ces dernières années, comme le révèlent les données de l'Observatoire du Gouvernement Régional d'Andalousie, l'anone a fait preuve d'une grande stabilité en termes de superficie cultivée et de production à Grenade, qui, à elle seule, est à la tête d'un marché exclusif au sein de l'Union Européenne.
« L'anone est également cultivée en Amérique du Sud, au Pérou et au Brésil, bien qu'il s'agisse d'autres variétés que celles cultivées en Espagne », souligne Emilio, qui rappelle qu'à Grenade, on produit principalement la Fino de Jete et que le secteur bénéficie de la reconnaissance de la dénomination de qualité différenciée de l'Appellation d'Origine Protégée Anone de la Côte Tropicale de Grenade-Malaga. « J'ai entendu dire que certaines entreprises avaient essayé de commercialiser des anones d'Amérique latine pendant la saison morte. C'est très intéressant parce que lorsque la saison espagnole se termine, il y a un vide de deux mois qui pourrait être comblé par des fruits importés et la consommation pourrait être maintenue tout au long de l'année. »
« Mais pour un produit comme la pomme d'amour, le transport devrait se faire par avion et le prix du fruit augmenterait, ce qui le rendrait moins attractif à un moment où l'offre d'autres fruits d'été est importante ; nous le constatons déjà dans notre propre saison : lorsque la pomme d'amour atteint des prix de 3 euros le kilo, tous les clients ne continuent pas à la vendre. »
« C'est pourquoi nous travaillons à Grenade pour essayer d'étendre la campagne autant que possible afin que chaque année l'écart se réduise et que nous puissions offrir au marché un produit local, qui pollue moins et qui est également abordable. » Car il ne faut pas oublier qu'en Europe en général, il y a une baisse de la consommation qui n'est pas aidée par l'inflation sur le continent. Malgré le fait que la Banque Centrale Européenne a augmenté les taux d'intérêt augmentant le prix de l'euro pour le dixième mois consécutif dans sa lutte contre l'inflation, les dernières projections élaborées par les experts de la BCE pour la zone euro ont revu sa valeur à la hausse pour 2023 et même pour 2024. « Tout est très cher, et le consommateur le ressent lorsqu'il achète des fruits et légumes. Si nous ne les rendons pas abordables, il pourrait y avoir une stagnation de la consommation de certains produits. »
Pour plus d'informations :
Frutas Tejerina
C/ Cantarranas 4, 14613 El Varadero, Motril
Grenade (Espagne)
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