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4 scénarios possibles

Quels futurs pour les filières fruits et légumes françaises d’ici 2040 ?

Face aux enjeux climatiques, économiques, sociaux et réglementaires le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a confié, au cabinet CERESCO et à l'institut AgroClimat 2050 (plateforme fondée par Serge Zaka) le soin de réaliser une étude prospective consacrée à l'avenir des filières françaises de fruits et légumes laquelle a dessiné 4 scénarios à l'horizon 2040.


L'étude, conduite de janvier 2024 à février 2025, visait à établir un diagnostic des filières, à comparer leur évolution avec celle d'autres pays européens (Espagne, Italie, Pays-Bas) et à identifier des scénarios d'évolution possibles en fonction des grands enjeux climatiques, économiques, sociaux et réglementaires

Les quatre scénarios à l'horizon 2040
Le premier scénario, intitulé « Souveraineté alimentaire européenne », repose sur un tournant productiviste et protectionniste de l'Union européenne, où la sécurisation des approvisionnements conduit à une réorganisation profonde des filières, une concentration accrue des opérateurs et une réduction de la dépendance aux importations extra-européennes. Le deuxième scénario, « Prise de conscience écologique », envisage une mobilisation générale face aux enjeux environnementaux et sanitaires, avec une généralisation des pratiques biologiques, un rôle renforcé des circuits courts et une adaptation différenciée des filières selon les territoires et les moyens disponibles. Le troisième scénario, « Du blé, du blé, du blé ! », anticipe une mondialisation renforcée et un affaiblissement des États, où les grandes cultures dominent, les exploitations de fruits et légumes se raréfient et seules subsistent quelques productions compétitives, souvent liées à l'industrie. Enfin, le quatrième scénario, « Reconquête opportuniste », décrit une stratégie française de conquête de marché, nourrie par les effets du changement climatique sur les pays concurrents et par l'installation d'investisseurs étrangers, avec une forte diversification des modèles productifs allant des petites exploitations aux fermes intensives.

Les axes stratégiques proposés
L'étude identifie quatre grands axes d'action pour renforcer la résilience et la compétitivité des filières françaises de fruits et légumes à l'horizon 2040. La première est d'adapter la production au changement climatique. Les filières doivent anticiper la multiplication des aléas (sécheresse, gel, grêle, pluies intenses, pression parasitaire) et intégrer l'évolution des bassins de production. Les leviers passent par une feuille de route nationale pour l'adaptation, un soutien accru à la recherche et à la sélection variétale, le développement de nouveaux bassins de production, la mise en place de systèmes assurantiels adaptés et l'acquisition de matériels de prévention et d'optimisation de l'eau.

La seconde est le renouvellement des générations et le renforcement de l'attractivité des métiers. Le renouvellement est jugé critique pour maintenir le modèle productif. Les mesures recommandées incluent un accompagnement souple et personnalisé des installations, un meilleur accès au foncier, le développement de la formation initiale et continue, ainsi que des investissements pour améliorer les conditions de travail et la qualité de vie des agriculteurs et salariés.

Le troisième axe propose de dynamisation la consommation et la recoupler avec la production. La consommation de fruits et légumes est considérée comme un enjeu de santé publique et environnemental. Les leviers proposés portent sur l'éducation alimentaire, les politiques incitatives (fiscales et réglementaires), le soutien aux approvisionnements locaux, ainsi que l'évolution de l'offre via la transformation, la distribution et la mise en avant de la saisonnalité et de l'origine France.

Et enfin, il s'agira de renforcer la compétitivité et la structuration des filières. L'érosion de la compétitivité française face à ses voisins européens appelle un engagement politique fort, notamment au niveau communautaire, pour réduire les distorsions de concurrence et défendre les clauses miroirs. L'étude recommande de renforcer la structuration des filières, d'activer des synergies inter- et intra-filières, et de faire évoluer les programmes opérationnels en faveur de l'adaptation climatique et de la mutualisation des ressources.

Conclusion
La filière fruits et légumes française se trouve à un carrefour décisif. Confrontée à une hausse continue des importations, à la raréfaction des solutions phytosanitaires et à un changement climatique qui bouleverse ses bassins de production, elle doit composer avec des fragilités spécifiques mais aussi des opportunités, notamment face aux difficultés croissantes des pays concurrents du pourtour méditerranéen.

Le poids de la main-d'œuvre, les limites de la mécanisation, la diversité des systèmes de production et la nécessité d'alternatives crédibles aux intrants chimiques accentuent la complexité des défis. Dans ce contexte, le recouplage entre l'offre et la demande – en lien avec les enjeux de santé publique, de saisonnalité et de transformation – apparaît comme un levier stratégique essentiel.

Les scénarios prospectifs explorés montrent qu'aucune trajectoire n'offre de solution unique : chacun comporte des risques et des opportunités. L'enjeu réside donc dans la capacité collective des acteurs – producteurs, organisations professionnelles, aval, pouvoirs publics – à anticiper, à se structurer et à coopérer pour éviter les impasses économiques, techniques ou environnementales. C'est à ce prix que la filière pourra renforcer sa résilience et affirmer sa place dans l'agriculture française et européenne à l'horizon 2040.

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