C'est un grand moment pour la filière fruits et légumes. Un moment historique qui marque un tournant pour les professionnels du secteur. Jeudi 11 décembre 2025, M. Serge Papin, Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l'Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d'achat, a annoncé officiellement que les primeurs pourront accéder au statut d'artisan dès lors qu'ils préparent ou transforment des fruits et légumes. Une reconnaissance majeure pour la profession et l'aboutissement d'un travail de fond engagé depuis plusieurs années par Saveurs Commerce pour rendre au métier de primeur ses lettres de noblesses.
Redonner un nom et une identité au métier de primeur
Une reconnaissance d'autant plus louable que le chemin à parcourir pour y parvenir fut très long : « Quand je suis arrivée chez Saveurs Commerce, on nous appelait « détaillants », « marchands de fruits et légumes », « vendeurs de fruits et légumes ou des 4 saisons », voire parfois « revendeurs de fruits et légumes » », se souvient Sandrine Choux, déléguée générale chez Saveurs Commerce. « La première étape fut donc de réinstaller le mot « primeur », pourtant existant, mais largement tombé en désuétude ». Un travail d'identité essentiel pour une profession qui a toujours souffert d'un manque de reconnaissance par rapport aux autres métiers de bouche.
Un savoir-faire longtemps sous-estimé
Ce retard s'est notamment illustré par l'absence, pendant de longues années, de concours de reconnaissance du savoir-faire. « Tous les métiers de bouche avaient leur concours de Meilleur Ouvrier de France depuis plus de 30 ans, sauf nous », rappelle Sandrine Choux. Pire encore, à l'époque, certains primeurs eux-mêmes peinaient à reconnaître la valeur de leur propre métier. « Ils avaient tendance à se dévaloriser et ne voyaient pas en quoi leur savoir-faire pouvait être éligible à un concours MOF ». En collaboration avec le ministère de l'Éducation Nationale, Saveurs Commerce a alors travaillé à l'élaboration d'un référentiel. Aujourd'hui, le concours en est à sa cinquième édition et compte 15 Meilleurs Ouvriers de France Primeurs, Sélectionneurs de Saveurs.
Structurer la profession par la formation
Bien que ces distinctions aient permis de démontrer que le métier de primeur ne se limite pas à acheter et vendre des fruits et légumes, la prochaine étape fut de créer une formation de primeur, jusqu'à présent inexistante. « Le métier de primeur fait appel à un véritable savoir-faire et à de multiples compétences : l'affinage des produits, la théâtralisation des étals, la mise en avant des terroirs, la sélection de saveurs, la compréhension des cultures, la communication et la sensibilisation auprès des clients etc. mais aussi la fraiche découpe, autre savoir-faire que nous avons cherché à développer auprès des primeurs », explique Sandrine Choux. Des compétences et connaissances jusqu'à présents majoritairement transmises de génération en génération sans pour autant faire l'objet d'une formation officielle, point essentiel pour rendre le métier plus accessible et structurer la filière. « Nous nous sommes rendu compte qu'il n'existait tout simplement pas de diplôme pour ce métier, contrairement une fois de plus aux autres métiers de bouche. En partenariat avec Interfel, nous avons donc travaillé à la création d'un référentiel pour mettre en place le CAP Primeur, complété par le concours des Meilleurs Apprentis de France. Une étape clé pour structurer la profession et assurer la transmission des savoir-faire ».
La reconnaissance artisanale, une suite logique
C'est donc presque naturellement que la question de l'artisanat s'est imposée. Dès 2019, Saveurs Commerce a constitué un dossier en vue d'obtenir cette reconnaissance. Un parcours semé d'embûches, ralenti notamment par la crise sanitaire, mais soutenu par plusieurs personnalités politiques, dont Françoise Gatel – aujourd'hui ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation et Catherine Vautrin – ancienne ministre du travail. L'annonce du ministre Serge Papin vient aujourd'hui consacrer ce travail : les primeurs qui transforment et préparent des fruits et légumes sont désormais reconnus comme artisans.
Une avancée structurante pour toute la filière
Avoir la possibilité d'accéder au statut d'artisan en tant que primeur offre de nouvelles perspectives pour la filière : « En termes d'attractivité vis-à-vis des salariés, cela est un plus. C'est aussi une valorisation bien plus forte que le simple statut de commerçant. Une reconnaissance qui pourrait également attirer une nouvelle clientèle, sensible au savoir-faire et au travail manuel. On a parfois l'impression que les fruits et légumes poussent tout seuls. Cette reconnaissance montre qu'il y a un vrai travail derrière, ce qui est aussi valorisant pour le producteur. C'est donc une avancée majeure pour l'ensemble de la filière, une évolution qui tire toute la profession vers le haut. Maintenant, c'est le début d'une nouvelle histoire, et tout reste à construire. Une de nos nouvelles missions sera désormais l'accompagnement des primeurs qui le souhaitent dans l'obtention de ce statut ».
Une belle nouvelle qui vient éclairer la fin d'une année éprouvante, marquée par un contexte géopolitique et économique incertain. Mais aussi l'aboutissement d'un long travail mené avec constance et conviction par Saveurs Commerce, et tout particulièrement par Sandrine Choux, qui s'apprête à passer le flambeau à Marie Daniel le 22 décembre. Un dernier jalon d'envergure avant un départ à la retraite qui laisse derrière lui un bel héritage pour toute la filière.
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Marie Daniel
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