Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la province du Quebec, les producteurs de myrtilles craignent de ne pas avoir accès à leur main-d’œuvre étrangère à temps pour la prochaine saison, en raison de la complexité des nouvelles règles administratives.
Des retards sont annoncés quant au traitement des demandes en cours chez Services Canada. « On ressent déjà la lourdeur du processus pour nous et pour la fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME). C’est plus de travail et c’est plus difficile. On a de sérieux doutes », explique Pascal Hudon, directeur des opérations chez Bleuets Sauvages du Québec.
Une nouvelle exigence gouvernementale oblige les travailleurs à fournir leurs données biométriques avant leur entrée au Canada. Les travailleurs mexicains, qui n’ont pas toujours accès à Internet, se retrouveront ainsi dans l’obligation de prendre rendez-vous via un site Web. Ils devront ensuite faire le trajet jusqu’à Mexico, qui est la seule ville du pays à offrir le service.
Un manque de main d’œuvre
Depuis dix ans, l’entreprise Bleuets Sauvages du Québec se tourne vers le Mexique afin de combler ses besoins, faute de ressources locales disponibles lors des récoltes. 90 % des travailleurs qu’elle utilise reviennent chaque année pour la récolte.
« Ce n’est pas un secret pour personne. De la main-d’œuvre, il n’y en a pas au Québec. On se demande pourquoi le gouvernement alourdit tout le processus au lieu de nous faciliter la tâche », a confié Pascal Hudon, lors d’un entretien avec le journal Le Quotidien.
L’entreprise se retrouve avec deux types de main-d’œuvre à travers le programme travailleur agricole saisonnier et le celui de travailleur étranger temporaire à bas salaire. En effet, en fonction que les tâches soient dans les champs o dans l’usine de transformation, on passe du domaine agricole au domaine non-agricole. Ces distinctions augmentent la complexité des opérations alors que les employés du secteur agricole ne peuvent se tourner, une fois les récoltes terminées, vers l’usine. Actuellement, la loi permet aux employés de participer aux récoltes de myrtilles, de canneberges et de pommes mais, ils ne peuvent passer du champ aux usines même si cela concerne une seule et unique entreprise.
La saison des myrtilles qui dure, en moyenne, une trentaine de jours, est un particulièrement complexe en termes de gestion des ressources humaines. Durant la saison forte, la main-d’œuvre est doublée, passant d’environ 230 employés à plus de 500. De ce nombre, près de 50 travailleurs proviennent du Mexique. « Quand on pense que les autres ont de la difficulté à embaucher des gens pour un emploi annuel et qu’on doit doubler nos besoins de personnel pour une période aussi courte que deux mois, on constate qu’on fait face à une très grosse problématique de recrutement », témoigne Maryse Mercier, responsable des ressources humaines chez Bleuets Sauvages du Québec.
Les frais administratifs de base varient entre 150 $ CAD et 1000 $ CAD par travailleur selon le programme concerné. L’achat du billet d’avion, le transport au Québec, les déplacements pendant la période d’embauche et les soins médicaux sont pris en charge par l’entreprise. Un service d’interprète est généralement requis.
Pour Mr Hudon, le recrutement à l’étranger n’empêche personne de la région ou du Québec d’obtenir un emploi. La venue d’employés provenant de l’extérieur du Canada n’est pas l’option la plus abordable et la moins compliquée.
A noter aussi, l changement du marché au cours des dernières années. Il y a dix ans, les usines opéraient sur une base saisonnière. Aujourd’hui, seules trois des quatre usines de Bleuets Sauvages du Québec sont en opération continue. La dernière usine est en fonction une quarantaine de semaines par année.
Source : lequotidien.com