Tout le monde sait que les pastèques sauvages que l'on trouve dans certaines régions d'Afrique ne ressemblent en rien aux variétés domestiquées. Elles sont petites, rondes et ont une chair blanche avec un goût très amer du aux composés organiques, appelés cucurbitacines, présents dans le fruit. Il y a longtemps qu'un débat existe quant au lieu et à la période de leur domestication, certains suggérant qu'elle se situe en Afrique du Sud ou en Afrique de l'Ouest.
Cependant, des représentations sur les murs d'au moins trois anciennes tombes égyptiennes décrivent ce qui semble être des pastèques - avec une ressemblance frappante aux variétés modernes. Au 19ème siècle, des feuilles de pastèque ont été trouvées placées sur une momie dans une tombe datant d'environ 3500 ans.
Lorsque la botaniste Susanne Renner de l'Université de Munich, en Allemagne, a appris l'existence de ces feuilles, elle s'est rendue compte que leur ADN pouvait révéler à quoi ressemblaient ces anciens melons d'eau. Elle a aussi découvert que certaines de ces feuilles avaient été envoyées au célèbre botaniste Joseph Hooker, alors directeur de Kew Gardens à Londres.
Mark Nesbitt, à Kew Gardens, a donné à l'équipe de Renner un échantillon minuscule d'une de ces feuilles. L'ancien ADN a ensuite été séquencé par un des confrères de Renner, Guillaume Chomicki, maintenant à l'Université d'Oxford. L’équipe n’a pu obtenir qu’une séquence partielle du génome mais qui comprend deux gènes décisifs pour déterminer à ressemblaient ces melons.
L'un de ces gènes contrôle la production des cucurbitacines amères. Dans ce melon d'eau, vieux de 3 500 ans, une mutation a désactivé ce gène, autrement dit il avait initialement une chair douce, tout comme les variétés modernes. L'autre code génétique pour une enzyme qui convertit le pigment rouge lycopène - le même pigment à l'origine de la couleur des tomates - en une autre substance. Ce gène a également été désactivé par une mutation, ce qui explique que le lycopène s'accumule dans le fruit et donne à celui-ci sa couleur rouge.
La séquence partielle n'a pas pu permettre à l’équipe de déterminer ni la taille des melons ni leur forme, ronde ou allongée. L'ADN révèle que l'ancien melon était relativement proche de la pastèque sucrée à chair blanche encore cultivée dans la région du Darfour au Soudan, et suggérant que la pastèque fut cultivée pour la première fois par les agriculteurs de cette région et qu'elle s'est ensuite répandue vers le nord le long du Nil, avec de nouvelles évolutions telles que la chair rouge.
Source : www.newscientist.com