Si les producteurs sont déjà bien embêtés du fait du début précoce de la saison des asperges, ils ne sont pas au bout de leurs peines ; la main-d'oeuvre pour la cueillette est en effet difficile à trouver.
Bruno Chapron, producteur depuis 1998 avoue qu’il est désemparé : « Je réfléchis à jeter l’éponge. Parce que c’est de moins en moins rentable et de plus en plus compliqué de trouver de la main-d’œuvre ». La plupart des jeunes qui répondent aux annonces Pôle Emploi ne restent pas souvent. Ils ont tendance à sous-estimer la pénibilité du travail. C’est dans des conditions difficiles qu’il faut soulever les bâches qui conservent les asperges blanches et utiliser de la gouge pour sortir délicatement la tête des Cumulus, Darlise, Grolim ou Vitalim qui se cachent dessous.
Depuis deux semaines quelques courageux se pointent aux champs le matin. « Il y a des asperges précoces, de demi-saison et des tardives, des variétés qui me permettent de tenir toute la saison, explique Bruno Chapron. Cette année, elles sont arrivées exceptionnellement tôt et il a fallu s’organiser, être réactif ». Il explique que pour avoir cinq personnes sur le terrain, il faudrait qu’il contacte une dizaine « de réservistes », car beaucoup ne se présentent pas.
La main-d’œuvre étrangère devient ainsi le « vivier » de ces producteurs. « Ce n’est pas que le problème de l’asperge, mais celui du monde agricole en général, déclare Jean-Pierre Bouillac, producteur basé à Reignac. Je récolte depuis trente ans et j’ai toujours fait appel à des Portugais ou des Espagnols, reste que le besoin de petites mains augmente chaque année ». Mais même ces derniers ne reviennent pas toujours.
Pour Danielle Chabaraud, présidente de l’association des producteurs d’asperges du Blayais (Apab), c’est à n'y rien comprendre : « Je ne suis pas magicienne. Je loue des voitures, des appartements mais on peine à faire revenir un saisonnier d’une année à l’autre. Le travail est certes dur, mais comment faisaient-ils avant ? »
Heureusement, les producteurs peuvent encore compter sur quelques anciens fidèles, comme Patricia, 58 ans, cueilleuse d’asperges depuis huit ans pour le compte de Bruno Chapron. Elle ne craint pas le froid, l’humidité et peut soulever des paniers faisant parfois jusqu’à dix kilos. « Au début, on galère, on a mal au dos, et puis on prend le rythme », lâche en souriant Florence qui aime ce rendez-vous au grand air. « Je fais les vignes en septembre aussi et j’avoue que les asperges c’est quand même plus difficile. »
Avec sept hectares de culture, Bruno Chapron compte récolter jusqu’à 40 tonnes d’asperges. Elles seront vendues en Haute-Gironde (grossistes, grandes surfaces, revendeurs sur les marchés et coopératives).
Source : 20minutes.fr