Si les citoyens ont été nombreux à répondre à l’appel des producteurs d’asperges alsaciens, plusieurs parcelles ne devraient pas être récoltées, faute d'acheteurs pour ce légume habituellement prisé.
« Ça me permet de faire quelque chose pendant le confinement, ça m'évite de rester à la maison et en plus ça aide et ça me permet de gagner de l’argent », explique une serveuse en intérim venue prêter main-forte aux agriculteurs. Dans l'exploitation de Jean-Charles Jost à Bilwisheim (Bas-Rhin), les néo-saisonniers ont remplacé la main-d'oeuvre habituelle.
Les ouvriers habituels, souvent d’origine étrangère, n’ont pas pu venir à cause du confinement, mais les remplaçants n’ont pas la même productivité. « On ne va pas remplacer les saisonniers habituels, Roumains, Polonais : ce n'est pas la même productivité, il faut davantage les encadrer », explique Franck Sander, président FDSEA du Bas-Rhin.
Mais au-delà de la main-d’œuvre, le problème est celui des débouchés : d’habitude, les asperges envahissent les marchés et les restaurants au printemps mais avec les fermetures les ventes sont incertaines. « D'habitude, je me fais dévaliser. Actuellement, on récolte 250 kg par jour et en poussant chez tous nos clients, on les vend, mais on est seuls sur le marché », explique M. Jost. « Une journée normale, je fais trois tonnes par jour, et là je peine pour vendre 250 kg... L'asperge n'est pas un produit de première nécessité ». Il ne compte récolter que 30 à 40 % maximum de ses légumes, faute d'un « potentiel de vente » suffisant.
D’autres producteurs sont plus optimistes, René Jenner, petit producteur à Lampertheim, veut croire que « les gens de la ville passeront », même si « le point noir, ce sont les restaurants : on ne sait pas quand ils vont rouvrir ». Et d’autres encore sont plus extrêmes : à la ferme Frick, à Gundolsheim (Haut-Rhin), « Rien ne sera ramassé pendant la période du confinement », précise Muriel Frick. « Je ne veux pas être responsable d'avoir un employé à l'hôpital ou qui décède. Nous allons nous en remettre parce que nous avons un certain âge, les investissements sont derrière nous, mais des jeunes ne peuvent pas faire pareil », argumente l’agricultrice.
Source : la-croix.com