Alors que dans la Somme on écoule les stocks de la précédente récolte de pommes de terre, les différents acteurs du secteur sont inégalement touchés par la crise sanitaire.
Implantée depuis 2005 dans la région, la société Pomly, qui conditionne et commercialise les pommes de terre produites en Picardie et ailleurs, n’a pas vu son activité diminuer. « Au début des annonces de confinement, on a connu une forte demande de l’ordre de +25 % de la part de nos clients. Nous n'avons pas été en mesure de répondre à la demande car elle était trop forte. On a connu un boom, désormais on revient à un rythme normal », explique Arnaud Lambert, président directeur commercial et co-fondateur de Pomly. Mais avec les difficultés de livraison à temps en consommables (emballages, palettes, etc.), la suite pourrait s’avérer plus complexe.
Chez Chipex, grossiste-exportateur en pommes de terre basé à Soyécourt, habituellement l’entreprise commercialise chaque année 100 000 tonnes de pommes de terre pour un chiffre d’affaires oscillant entre 15 et 21 millions d’euros par an et voit 170 semi-remorques transiter par ses stocks chaque semaine. Aujourd’hui, on craint de voir une migration des producteurs de pommes de terre pour la frite vers la chips. « Au contraire de la frite, dont le prix à la tonne s’effondre, celui de la chips, lui, se maintient. C’est un produit de base chez les distributeurs (ndlr, surtout les grandes surfaces d’alimentation pour Chipex), il y a eu un léger pic au début du confinement mais il s’est vite stabilisé. Ça se passe bien mais on marche sur des œufs », affirme Thomas Thuillier, PDG de Chipex. Pour le moment, l’entreprise qui compte six salariés ne semble pas en difficultés.
En revanche, pour Fraich’Pom, l’activité est à l’arrêt. « Nous travaillons essentiellement avec la restauration ou les collectivités, notre conditionnement est fait pour de gros volumes », explique Sophie Raoult, la gérante. La société a été contrainte de mettre au chômage partiel huit salariés. « On travaille encore une demi-journée par semaine pour un client de la région parisienne qui livre les plateformes de livraison à domicile comme Deliveroo et Just Eat », poursuit-elle. « On a perdu 50 % de notre chiffre d’affaires en mars, ce sera 90 % en avril. On peut réussir à passer le cap ; on a déjà pu écouler nos stocks en vendant à l’export. Mais après avril, ça va devenir de plus en plus difficile ».
Source : courrier-picard.fr