Les cerises ont fait leur apparition avec deux semaines d’avance dans l’Yonne. Le département compte près de 300 hectares de cerisiers. Si pour certains producteurs la récolte est fructueuse d’autres subissent les conséquences liées au climat.
À Coulanges-la-Vineuse, Catherine Chambard des « Cerises de l’Yonne » est très optimiste : « les cerises sont très en avance cette année, chez nous plus de deux semaines d'avance, elles sont un peu plus sucrées que les autres années parce qu'elles ont bénéficié de beaucoup d'ensoleillement et de beaucoup de chaleur. Cela s'annonce aussi exceptionnel en quantité car même si certains cerisiers ont gelé sur les plateaux, il y a beaucoup de fruits cette saison, c'est une belle revanche sur certaines années. »
Même son de cloche chez son voisin Yves Lemoule. Ses équipes s’affairent sur 20 hectares de cerisiers depuis deux semaines : « On a commencé de très bonne heure nous, on a des variétés très précoces. On cueille tous les jours. On n'a pas arrêté depuis 15 jours. » L'épisode de gel tardif qu’a connu la région n’aura pas un gros impact sur sa récolte ; seuls 3 hectares ont été touchés cette année. De plus, les produits sont de qualité : « les cerises sont très goûteuses cette année même les plus précoces. On a eu beaucoup de soleil donc cela joue beaucoup. Pour l'instant, tout va bien pour moi. »
En revanche, tout le monde ne partage pas le même enthousiasme, notamment les producteurs de cerises basés sur les communes de Jussy, Gy-L'Evêque ou Vallan. Murielle de Catheu, qui exploite 5 hectares de cerises sur trois communes se montre insatisfaite : « Sur Jussy, c'est très médiocre, on a même des vergers où sur 60-70 arbres, on va seulement récolter une vingtaine. Ce n'est pas une année exceptionnelle, c'est une mauvaise année. » Ces communes ont en effet été plus touchées par les gelées tardives de printemps et le manque d’eau. Par conséquent, les quantités et les calibres des cerises sont affectés. « Cette année, on a des petits fruits. Pour nous, la récolte de cerises va être médiocre. A cause des sécheresses des années précédentes, les arbres souffrent. Cela fait 5 ans que l'on fait de la petite production », poursuit-elle.
Un autre producteur du coin confirme la situation : « On va avoir beaucoup moins de volumes. Pour moi, cela va être une année qui va être moyenne. Le manque d'eau se fait ressentir depuis le mois de mars. On a du coup des petits calibres, pas de grosses cerises. Le manque de production est lié au gel mais personne ne fait la météo. Il y a eu jusqu'à moins 8 degrés une nuit sur certains plateaux », précise Alain Duruz dont l’exploitation se trouve à Jussy.
Le président de la section Fruits à la FDSEA a expliqué que cette différence de rendement serait due à l’implantation des vergers et la sensibilité variétale des cerises en fonction des communes : « Cette année à Coulanges-laVineuse, ils ont été épargnés par le gel qu'on a eu il y a un mois. Les vergers ont été plus protégés que nous donc ils se retrouvent avec une récolte correcte. Mais sur Vallan ou certains secteurs de Jussy, ce n'est plus la même chose ».
Les mesures liées au coronavirus viennent aussi alourdir les factures des producteurs avant même que les fruits ne soient rendus sur les étals. « Au niveau sanitaire, c'est galère. On fait déjà des dépenses avant de récolter de l'argent. On est une petite exploitation qui se développe, on est une petite structure et on du mal à remonter la pente », commente Murielle de Catheu. Mais le virus aura aussi favoriser une consommation locale, notamment au travers des drives fermiers, comme le précise Alain Duruz : « La semaine dernière, j'ai eu une explosion de vente. Effectivement, les gens reviennent sur du local. Je travaille également avec la grande distribution, et là aussi, la demande est là. »
La récolte de cerises dans l'Yonne devrait se terminer à la mi-juillet.
Source : francebleu.fr / francetvinfo.fr