Shay Zeltzer travaille depuis près de 30 ans dans le domaine de la préservation de la fraîcheur et de la réduction des déchets alimentaires. Pourtant, les deux jours qu'il a passés récemment au salon Fruit Logistica de Berlin l'ont laissé sous le choc. « Du jour au lendemain, l'industrie de l'emballage s'est transformée en une industrie basée sur le papier, remplaçant simplement les emballages à base de plastique par du papier. C'est du pur écoblanchiment », dit-il. « Cela va à l'encontre de toute logique et de toute forme d'approche professionnelle : les produits ne restent pas frais dans cet emballage combiné papier/maille. »
Zeltzer, qui est lui-même un spécialiste de la postrécolte et, fondateur de Postharvest Hub Ltd, explique avoir évoqué le sujet auprès d'un collègue qui occupe un poste à responsabilité chez ULMA packaging. « 'Ils s'en fichent, ça a l'air plus durable, et c'est ce qui compte', fut sa réponse. »
« Je me sens obligé d'exprimer mes pensées et de ne pas garder cette frustration pour moi », poursuit Zeltzer. « Cette révolution du papier n'est rien d'autre qu'une tendance qui mène à un désastre écologique et fait payer un lourd tribut à la planète Terre que nous allons regretter. »
Shay explique qu'il y a de multiples raisons pour lesquelles il s'y oppose.
« La production de sacs en papier consomme plus d'énergie que la production de plastique. Selon le ministère de l'énergie des États-Unis (DOE), l'énergie moyenne nécessaire pour produire une tonne de papier est d'environ 5 162 kWh, pour le papier artisanal d'environ 200-250 gr/m2. Une tonne de film PEBD, d'environ 20-30 microns de calibre, selon une étude de la Commission européenne, nécessite environ la moitié de cette énergie à la production », montre-t-il. « Ensuite, ça utilise beaucoup d'eau : environ 1 à 25 m3 pour 1 tonne métrique de papier. »
Il ajoute que l'emballage en papier nécessite d'ajouter des additifs adhésifs de laminage ou d'imprégnation pour le rendre scellable. « Les deux affectent négativement sa compostabilité. »
« Il augmente la déshydratation, ce qui réduit la durée de conservation et augmente les déchets alimentaires dans la chaîne d'approvisionnement, et au niveau du consommateur, il augmente la déforestation - et l'exploitation forestière n'est pas suffisante pour répondre à la demande croissante d'emballages en papier. En outre, il est plus lourd et plus volumineux que le plastique. Par conséquent, son empreinte carbone est plus élevée lorsqu'il est expédié : un sac en plastique typique a un diamètre d'environ 30 microns. Il pèse 0,0276 gr/m2. Un sac en papier ayant la même résistance au déchirement qu'un sac en plastique pèsera environ 60 gr/m2. En comparant la même caractéristique de résistance à la déchirure, le papier est 2 000 fois plus lourd que le sac équivalent en PEBD. »
« Nous ferions mieux de prendre des mesures, et le plus tôt sera le mieux, afin d'inverser cette tendance populaire et revenir à la raison », ajoute Zeltzer.
Il est facile de critiquer - mais quelle est la solution ? « Nous parlons des 3 R... Réutiliser, Réduire et Recycler », a dit un sage à NNZ. Selon Shay : « Nous devons utiliser les emballages à base de plastique à bon escient, réduire la jauge d'emballage, éviter le suremballage et utiliser la bonne composition d'emballage pour la marchandise emballée. »
Il souligne comment plusieurs entreprises d'emballage à la pointe de la technologie et des instituts de recherche réputés, dont R.O.P Ltd, StePac, Amcor, l'université de CA Davis, le centre de recherche Volcani, l'institut de recherche MIGAL, et bien d'autres encore, comme des centres de recherche spécialisés, des spécialistes de la post-récolte et des technologues de l'emballage, ont consacré l'équivalent de milliers d'années à la recherche et au développement, en se concentrant sur la réduction des déchets et la préservation de la fraîcheur. « Cela ne peut pas être jeté aux oubliettes au profit d'une alternative à la mode. »
« Des normes sont nécessaires pour rendre la « durabilité » mesurable, et sur cette base, des décisions devraient être prises. Malheureusement, les gens sont pris au dépourvu, et les décisions sont souvent prises simplement sur la base de la perception. »
Il évoque un souvenir d'il y a quelques années, alors qu'il participait à une réunion avec un producteur de haricots verts à Homestead, en Floride, qui lui a raconté que l'acheteur de Loblaw lui avait conseillé de vérifier auprès de SunFed pourquoi ses haricots verts, cultivés et livrés de loin au Mexique, étaient tous parfaits à l'arrivée, alors que ceux cultivés par un autre fournisseur, plus proche, en Floride, présentaient un pourcentage énorme de déchets, supérieur à 10 %. Il s'est avéré que pendant que SunFed utilisait l'emballage sous atmosphère modifiée, 5-Brothers, un producteur professionnel fantastique de Homestead, en Floride, utilisait des caisses en bois grillagées « vertes ». Inutile de dire qu'en tirant les leçons de cette expérience, 5-Brothers a été assez malin pour adopter lui-même l'emballage sous atmosphère modifiée, et par conséquent, ses normes de fraîcheur ont augmenté, le taux de réclamation a diminué, et la satisfaction globale des consommateurs et le niveau de durabilité se sont considérablement améliorés. »
Shay Zeltzer M.Sc. Agr. est un spécialiste de la post-récolte et le fondateur de Postharvest Hub Ltd. Environnementaliste actif, il a plus de 30 ans d'expérience dans le développement de protocoles et d'emballages pour préserver la fraîcheur des produits et réduire les déchets.
Pour plus d'informations: 
Shay Zeltzer
Postharvest Hub
Tél. (US) : 201 580-3003
Tél. (IL) : +972-52-2708903
www.postharvesthub.com